Duméril, André Marie Constant (1774-1860)

De Une correspondance familiale
Portrait d'André Marie Constant Duméril d'après Nicolas Eustache Maurin (1798-1850) [© Wikipedia]

La personnalité d’André Marie Constant Duméril, médecin et naturaliste, membre de l’Académie de médecine et de l’Académie des sciences, est au cœur de la correspondance proposée sur ce site, dans la première moitié du XIXe siècle. En complément des éléments biographiques présentés à propos de son père François Jean Charles Duméril et de la famille Duméril, sont mentionnées ici les étapes de la carrière du savant, les activités et le cadre de vie dont l’évocation rend plus pertinente la lecture de la correspondance familiale.

Tout jeune encore, âgé de 25 ans, André Marie Constant Duméril écrit à son père : « Il faut avouer que le sort m'est fort favorable. Me voilà maintenant marquant un peu dans les sciences. Qu'il y a loin de cette place [il vient d’être nommé chef des travaux anatomiques à l'Ecole de Médecine de Paris] avec celle que j'ai été occuper à Rouen. La Révolution qui a été si funeste à tant de gens m'a été fort utile. Jamais sous l'ancien régime je ne serais arrivé à mon âge au point où j'en suis. » (lettre du 1er août 1799-14 thermidor an VII). La carrière d’André Marie Constant Duméril donne en effet une image positive de la « démocratisation » du savoir – et du pouvoir – telle qu’on l’entendait à l’époque : l’institution d’une hiérarchie intellectuelle démocratique par la production d’une élite.

Selon ses contemporains, Duméril a manifestée très tôt son goût pour les sciences naturelles. Aux dires de Pierre Flourens (élève de Augustin Pyramus de Candolle et proche de Lamarck et Geoffroy Saint-Hilaire) : « Ses premières courses, ses premiers ébats eurent pour objet de recueillir des insectes. Curieux et pétulant, plus pressé du besoin de communiquer que de celui de réfléchir, il enrôlait ses petits compagnons pour leur faire subir une sorte d’enseignement… ». Contraint par la médiocrité de sa fortune, le savant en herbe est envoyé à Rouen (en 1791, il n’a que 17 ans) chez M. Thillaye, un droguiste fort instruit dans les sciences naturelles. Il se consacre avec ardeur à l’étude de la botanique et de la médecine, tout en nouant des relations « utiles » pour son avenir. Il se lie en particulier avec des membres de l’Académie de Rouen – et son départ pour Paris ne rompt pas les liens intellectuels. André Marie Constant Duméril se trouve désigné par le district de sa ville natale, Amiens, comme « élève de la patrie » pour intégrer l’Ecole de santé qui vient d’être créée par Fourcroy à Paris. C’est ainsi qu’il arrive dans la capitale le 25 janvier 1795. Il obtient après une année d’étude la place de prosecteur. Conforté par ce succès, il se présente pour les fonctions de chef de travaux anatomiques à l’Ecole pratique. Il a pour concurrent Dupuytren et l’emporte. Il devient membre de la Société Philomathique de Paris (1795). Il noue avec Cuvier des liens d’amitié et l’assiste dans la rédaction de ses travaux. En 1801, il est nommé professeur d’anatomie à la Faculté de médecine. Il y professe successivement la pathologie et la physiologie. En 1803 André Marie Constant Duméril passe sa thèse de doctorat en médecine devant Chaussier sur les moyens de perfectionner et d’étendre l’art de l’anatomiste (imprimée par Didot jeune en 1812). Il semble que son père soit venu à Paris à cette occasion.

Dès lors, il « collectionne » les nominations comme membre correspondant ou associé à quantité de sociétés savantes. Ainsi, tout en restant membre de la Société d’émulation de Rouen (il est inscrit comme membre non résidant), il rejoint en l’an X la société d’émulation de la ville d’Amiens (le 23 germinal), la société de médecine pratique de Montpellier (le 1er prairial) et la société départementale des sciences et arts de Mayence (le 30 prairial). Plus tard il intègre la société linéenne d’émulation de Bordeaux, celle du Calvados, la société royale des Sciences, Belles Lettres et Arts d’Orléans. En 1811, la société de physique et d’histoire naturelle de Genève (fondée en 1786) le reçoit comme membre honoraire. En 1818, c’est au tour de la société médicale de la Nouvelle-Orléans, ou encore celle de Lyon en 1857.

Après un premier projet de mariage qui échoue en 1801, André Marie Constant Duméril épouse Alphonsine Delaroche et se trouve ainsi allié avec une famille genevoise et aisée, entretenant des relations serrées avec des négociants, des industriels et des banquiers.

Comme les savants de son époque, André Marie Constant Duméril voyage beaucoup. Il est officiellement désigné, en compagnie de Desgenettes, pour observer des épidémies, dans la région de Pithiviers et d’Orléans en 1802, puis en l’Espagne en 1805. De 1811 à 1818, il sillonne les routes de France, d’Auxerre à Nantes, d’Angers à Cherbourg, ou encore d’Amiens à Châlons-sur-Marne, pour présider les jurys de médecine. Ces déplacements multiples sont l’occasion d’échanges scientifiques (observations et envois de spécimens ou de collections) et parfois de détours pour visiter la famille (ses parents à Amiens, ses cousins Pontas-Duméril à Valognes, son beau-frère Michel Delaroche à Nantes) ou des amis (Bretonneau à Chenonceaux).

A la mort de son beau-père (Daniel Delaroche) puis de son beau-frère (François Delaroche), il se retrouve à partir de 1813 en charge de leur clientèle composée de riches familles genevoises installées à Paris. Il est nommé médecin à l’hôpital du faubourg Saint-Martin dit Maison de Santé. Il cumule cette charge, qui l’occupe au point de le faire renoncer aux tournées de jury en 1819, avec ses activités d’enseignement. Il est élu membre de l’Académie des sciences en 1816, en remplacement de Tenon. Il succède à Cuvier comme professeur d’histoire naturelle à l’Ecole centrale du Panthéon et, en 1825, il est nommé professeur de l’histoire naturelle des reptiles et des poissons au Jardin du Roi en remplacement de Lacépède dont il a été suppléant depuis 1803. Le 20 décembre 1820, le roi crée l’Académie royale de médecine et le 27 décembre et nomme Duméril membre titulaire de cette académie. Le 2 février 1823 dans le cadre de la nouvelle organisation de la faculté de médecine, Duméril est appelé par permutation à la chaire de physiologie à cette faculté abandonnant la chaire de pathologie interne, place qu’il occupe jusqu’en 1830. Il publie un volume de considérations générales sur la classe des insectes avec soixante planches et rédige tous les articles d’entomologie du Dictionnaire des sciences naturelles en cinquante volumes publié de 1821 à 1830.

Il abandonne progressivement sa clientèle privée, puis cesse ses fonctions de professeur de faculté. Lors de l’épidémie de choléra qui ravage la capitale, il se dévoue avec énergie et reçoit une médaille d’argent en 1850. En 1856, à 83 ans, il donne sa démission de professeur au Muséum et sollicite de ses collègues le titre de professeur honoraire. Son nom et son buste sont gravés sur le fronton de la Grande galerie du Muséum de Paris. Son fils Auguste lui succède dans la chaire au Muséum.

Actif jusqu’à la fin de sa vie, il saisit diverses occasions pour visiter l’Angleterre (en 1844), des membres de sa famille éloignée (Charleville) ou proche comme sa petite-fille Caroline qui vient d’épouser Charles Mertzdorff, industriel alsacien (à Vieux-Thann), faisant alors quelques excursions jusqu’en Suisse.

André Marie Constant Duméril est enterré au cimetière du Père-Lachaise.

Discours prononcés sur la tombe de Duméril et publiés :

Discours de Jean Cruveilhier

Discours d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire

Discours d’Alexandre Laboulbène

Discours d’Henri Milne-Edwards

Discours de Pierre Adolphe Piorry

Discours de Rignoux

Discours d’Achille Valenciennes

Sa notice nécrologique, rédigée par Charles Dunoyer, parait dans le Journal des débats.

En 1861 un Discours est prononcé par Alfred Moquin-Tandon à la Faculté de médecine de Paris.

En 1863 un Eloge historique est lu par Pierre Flourens à l’Académie des Sciences.

Discours funèbres prononcés par André Marie Constant Duméril :

Etienne Lacépède, 1825

François Chaussier, 21 juin 1828

Louis Augustin Guillaume Bosc, 12 juillet 1828

Georges Cuvier, 1832

Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, 22 juin 1844

Alexandre Brongniart, 9 octobre 1847

Achille Richard, 7 octobre 1852

Adrien Jussieu, 1er juillet 1853

Georges Louis Duvernoy, 5 mars 1855

[Voir la lettre imprimée qu’André Marie Constant Duméril adresse aux membres de l’Institut pour présenter sa candidature en 1814 ; l’original, avec sa transcription, du rapport sur lui présenté à l’Académie en 1816 ; et, en annexe, la liste de ses publications]

Publications d'André Marie Constant Duméril (d'après le fichier BNF)


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Pour citer cette page

« Duméril, André Marie Constant (1774-1860) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), URI: https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dum%C3%A9ril,_Andr%C3%A9_Marie_Constant_(1774-1860)&oldid=54615 (accédée le 19 mars 2024).

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