Bretonneau, Pierre (1778-1862) et ses proches

De Une correspondance familiale


Pierre Bretonneau est un ami d’André Marie Constant Duméril.

Né à Saint-Georges-sur-Cher, Pierre (Fidèle) Bretonneau est le descendant d'une longue lignée de médecins. Il est le fils d’Elisabeth Lecomte (décédée en 1815) et de Pierre Bretonneau, maître en chirurgie, médecin de la châtelaine de Chenonceaux, Mme Dupin. Pierre Bretonneau est envoyé à l’Ecole centrale en 1795 par le département du Loir-et-Cher. Au cours de ce séjour parisien, il noue des amitiés durables avec André Marie Constant Duméril, Guillaume Dupuytren, Augustin Pyramus de Candolle, Louis Benoît Guersant et Jean-Baptiste Cloquet, dessinateur et graveur, dont il suit les cours. Cet attachement se manifeste en particulier lorsque André Marie Constant Duméril fait ses tournées pour les jurys de médecine, de 1811 à 1818 et en profite alors pour rendre visite à son ami tourangeau. Son fils Auguste Duméril ne manque pas non plus de faire le détour quand il effectue un voyage jusqu’à Nantes en 1835.

Sans avoir achevé ses études de médecine, Bretonneau épouse Marie Thérèse Adam (1753-1836) et s'installe en 1801 à Chenonceaux, comme simple officier de santé. Il devient vite un notable estimé et familier du château que René Vallet de Villeneuve a reçu en héritage de sa grand-tante Mme Dupin ; cette fréquentation lui permet de rencontrer des personnages de la haute société, tel que de Joseph de Kergariou, préfet d’Indre-et-Loire ou l'ancien ministre Chaptal, propriétaire de Chanteloup et expert en vinification. Passionné par la botanique et l'horticulture, l'officier de santé n'en reste pas moins un homme de médecine, convaincu de la nécessité de la vaccination gratuite. Dès 1803, il entreprend de lutter contre la variole qui fait des ravages et les bons résultats dus à sa campagne de vaccination lui assurent une certaine renommée. Après bien des hésitations, il soutient sa thèse de 7 janvier 1815 (De l’utilité de la compression et, en particulier de l’efficacité du bandage de Théden dans les inflammations idiopathiques de la peau). Il est nommé médecin à l’hôpital de Tours, se met à étudier l’acupuncture et se fait le vulgarisateur de la pratique de la trachéotomie. Les épidémies de 1816 et 1819 lui donnent l'occasion d'affiner ses recherches sur la contagion de la fièvre typhoïde et de la diphtérie. Avec quelques-uns de ses élèves, dont Velpeau, il n'hésite pas à escalader nuitamment les murs des cimetières et à ouvrir les fosses des malades récemment inhumés. La quarantaine d’autopsies ainsi réalisées l'amène à mettre en évidence la notion de spécificité morbide liée à la contagion par germe. Bretonneau fustige notamment les diètes et saignées, encore couramment pratiquées. Dans son traité Des inflammations spéciales du tissu muqueux, et en particulier de la diphthérite (1826), il s'étonne « de n'avoir pas compris plus tôt que les sinapismes, les pédiluves, les purgatifs, les lavements irritants étaient des moyens sans rapport et sans proportion avec la nature du mal ». Il professe cette nouvelle vision de la médecine à l’Ecole de médecine qui est créée à Tours en 1840 et qu’il dirige. Parmi ses nombreux disciples se distinguent Velpeau et Trousseau, qui deviennent ses amis, au même titre que le chansonnier Béranger, son voisin de Saint-Cyr.

Inlassable chercheur, Bretonneau fabrique aussi des instruments de physique comme de minuscules ampoules à bout effilé ou le thermomètre à l’alcool. Il devient membre de l'Académie de médecine en 1824.

Bretonneau se remarie en 1856 avec Sophie Moreau, nièce son ancien élève Jacques Joseph Moreau de Tours, devenu aliéniste. Cette union entre un vieillard de soixante-dix-huit ans et une jeune fille de dix-neuf intrigue (Voir la lettre de Caroline Mertzdorff de décembre 1857). Deux enfants naissent alors : Justinien Charles Xavier (1860-1933) et Nicolas (1861-1876). Après la mort de Pierre Bretonneau, Sophie Moreau a encore deux enfants : Jean Adolphe Xavier (1869-1891) et Xavier Pierre Paul (1872-1897). En 1883 Sophie Moreau épouse Justinien Nicolas Clary (1816-1896) qui adopte les trois enfants vivants en 1889.



Pour citer cette page

« Bretonneau, Pierre (1778-1862) et ses proches », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), URI: https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Bretonneau,_Pierre_(1778-1862)_et_ses_proches&oldid=60456 (accédée le 23 avril 2024).

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Les rumeurs aussi vont bon train, quand l'épouse du docteur donne naissance quatre ans plus tard à un fils (1860-1933), portant le prénom du comte Justinien Nicolas Clary, prétendu amant de la jeune femme. Alors atteint par des formes sporadiques de sénilité mentale et retiré dans son appartement parisien, « le médecin de Tours » s'éteint à Passy en 1862. La jeune veuve se remarie avec le comte de Clary.