Cuvier, Georges (1769-1832), son épouse Anne Marie Coquet de Trazail, son frère Frédéric Cuvier

De Une correspondance familiale


Jean Léopold Frédéric dit Georges Cuvier (1769-1832) est l’anatomiste le plus célèbre de son époque. André Marie Constant Duméril mentionne le parrainage de Georges Cuvier pour sa nomination à la Société Philomathique en 1796. André Marie Constant Duméril est un de ses disciples : il signale qu’il remplace Cuvier dans certains cours (1800, 1804) et qu’il travaille à la publication de ses Leçons d’anatomie comparée (1799, avec la collaboration de Georges Louis Duvernoy, 1802), leçons qui sont, comme la plupart de ses ouvrages, plusieurs fois rééditées ensuite.

Né dans une famille protestante de Montbéliard (région qui devient française en 1793), fils de militaire, Cuvier poursuit ses études à Stuttgart (1784). En 1788, il occupe un poste de précepteur auprès d’un jeune noble en Normandie ; il est le secrétaire de la société d’agriculture locale à laquelle appartient son employeur. Il rencontre là Alexandre Henri Tessier qui l’introduit auprès des parisiens Jussieu et Geoffroy Saint-Hilaire, qui soutiennent ses recherches.

Geoffroy Saint-Hilaire lui fait obtenir la place de professeur suppléant d’anatomie comparée au Muséum (1795), dont il devient titulaire à la mort de Jean-Claude Mertrud (1802). Il est élu à l’Institut en 1795 et en devient le Secrétaire perpétuel en 1803. Au Collège de France, il succède à Daubenton (1800). Cuvier s’intéresse à la classification du règne animal (Tableau élémentaire de l’histoire naturelle des animaux, 1797 ; Le Règne animal distribué d’après son organisation, 1817). Cuvier étudie également les fossiles ; pour cela le naturaliste s’associe avec un géologue, Alexandre Brongniart (Recherches sur les ossements fossiles de quadrupèdes, 1812). Cuvier développe une théorie fixiste et créationniste qui, bien que remise en cause par Geoffroy Saint-Hilaire, est généralement acceptée. Il commence à publier avec Achille Valenciennes une Histoire naturelle des poissons (1828-1849). Son nom se trouve associé dans des publications à celui de nombreux autres savants : Desfontaines, Deshayes, Desmarets, Duméril, Geoffroy Saint-Hilaire, Lacépède, Lamarck, Milne Edwards, Péron, Pinel, Portal, Sabatier, Tenon, etc. En tant que secrétaire de l’Académie des Sciences, Cuvier est chargé des éloges (publiés) de Daubenton, Lemonnier, Fourcroy, Desmarets, l’abbé Haüy, Lacépède, Bosc.

Cuvier mène en parallèle carrière scientifique et carrière administrative, sous les pouvoirs successifs. Il est nommé Inspecteur général de l’enseignement (1802), Conseiller de l’Université (1808), Conseiller d'État (1813), président du Comité de l'intérieur (1819), baron et pair de France.

Le lundi 7 mai 1832, Cuvier se plaint à Duméril de douleurs épigastriques ; le mercredi Duméril et Orfila décident d’appeler des confrères en consultation, en vain, Cuvier meurt le 13. Ils assistent à l’autopsie pratiquée le 15 mai. André Marie Constant Duméril, pour le Muséum, prononce l’un des discours lors des obsèques solennelles organisées malgré l’épidémie de choléra. Il renonce alors à lui succéder au muséum, car la chaire « aurait exigé beaucoup de temps et de travail ayant abandonné l’étude de l’anatomie comparée depuis plus de quinze ans ». Il ne lui succède pas non plus comme Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences ; c’est Duleau qui occupe la place.

André Marie Constant Duméril fréquente également son épouse et son frère, Frédéric Cuvier.


Anne Marie Coquet de Trazail, épouse de Georges Cuvier (1764-1849)

Lorsqu’elle épouse Georges Cuvier en 1804, elle est la veuve de l’ancien fermier général Louis Philippe Duvaucel, guillotiné en 1794. Trois des quatre enfants qu’elle a avec Cuvier meurent en bas-âge. A Paris, dans la maison du côté nord-ouest du Jardin des Plantes, sa fille Sophie Duvaucel anime avec elle les « samedis » où Cuvier reçoit les étrangers de marque, ses confrères scientifiques, des hommes de lettres et des hauts fonctionnaires. André Marie Constant Duméril fait partie de cette société. Il charge à l’occasion sa mère d’une commission pour Mme Cuvier (1810).


Frédéric Cuvier (1773-1838)

Egalement lié avec André Marie Constant Duméril, Frédéric est mentionné Frédéric dans les lettres des années 1802-1803. Celui-ci aurait demandé que soit gravé sur sa pierre tombale : « Frédéric, frère de Georges Cuvier ».

Frédéric Cuvier est appelé à Paris par son frère (1797). Il découvre alors l’histoire naturelle et travaille notamment avec un membre de la Société Philomathique, Jean Baptiste Biot, sur la pile voltaïque. En 1803 Frédéric Cuvier devient garde de la ménagerie du muséum, dirigée par Geoffroy Saint-Hilaire ; au grand dépit de celui-ci, il en obtient la responsabilité pendant quelques mois lorsqu’il est nommé, en 1837, à la chaire de physiologie comparée spécialement créée pour lui (à laquelle est rattachée la ménagerie). Il s’intéresse particulièrement aux comportements et à l’intelligence des animaux. Il dirige la publication du Dictionnaire des sciences naturelles (dès 1804) et écrit avec Geoffroy Saint-Hilaire une Histoire naturelle des mammifères (1824-1842). Il est inspecteur de l’Académie de Paris en 1810, entre à l’Académie des sciences en 1826 et devient inspecteur général des universités cinq ans plus tard.

[D'après, en particulier, Cuvier, Sa vie, son œuvre. Pages choisies présentées par R. Dujarric de la Rivière, 1969, éd. Peyronnet]



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« Cuvier, Georges (1769-1832), son épouse Anne Marie Coquet de Trazail, son frère Frédéric Cuvier », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), URI: https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Cuvier,_Georges_(1769-1832),_son_%C3%A9pouse_Anne_Marie_Coquet_de_Trazail,_son_fr%C3%A8re_Fr%C3%A9d%C3%A9ric_Cuvier&oldid=58103 (accédée le 19 mars 2024).

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