Lundi 26 juillet 1880

De Une correspondance familiale


Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff et son époux Marcel de Fréville (Paris)


original de la lettre 1880-07-26 pages 1-4.jpg original de la lettre 1880-07-26 pages 2-3.jpg


Lundi 26 Juillet 80.

Mes chers enfants.

La lettre de ma chère Marie me donne de vos bonnes nouvelles. De Launay je reçois aussi les missives qui font plaisir à lire. Marthe[1] & Émilie[2] s’entendent bien & l’on n’a pas le temps long à la campagne. Tante[3] & sa mère[4] vont bien & bon-papa[5] est avec elles en ce moment, ce que tu sais sans doute.
Par contre nous n’avons pas de nouvelles de Léon & sa femme[6], ils n’écrivent pas souvent comme tu le vois. Il est vrai que Mme Stackler[7] avec Hélène[8] est à Battenheim[9] depuis Vendredi & qu’une lettre l’attend ici probablement de sa fille.

Pour une réunion chez les Kestner, réunion d’actionnaires bien entendu, j’ai interrompu mes bains d’un jour. Hier par extraordinaire j’ai conduit sœur Bonaventure & Adèle Piquet à Wattwiller, pendant que j’ai pris mon bain ces dames sont restées chez les Henriet & je suis rentré le soir avec ces Dames ; ce que d’habitude je ne fais pas passant la nuit au bain.
Je compte finir ma saison fin de la semaine, cela fatigue toujours un peu & j’aurai quelques jours de repos avant d’aller en Suisse, si toutefois je puis y aller en même temps que les Edwards[10]. Cela me paraît difficile de laisser ainsi tout seul M. Jaeglé[11] & quoique nous ne soyons pas bien pressés par le travail, il me semble impossible avec l’organisation actuelle qu’un seul suffise pour 25 jours de suite. Je donne moi-même si souvent le mauvais exemple de d’absence qu’il faut aussi une fois par extraordinaire savoir faire son devoir.
Du reste rien n’est encore décidé, il faut d’abord avoir des nouvelles de Léon, savoir pour quelle époque il compte rentrer. Je suppose qu’il aura mis 8 jours pour arriver à Cauterets autant pour revenir par Paris, sinon plus, & un mois au bain, ce qui me mettrait fin Août. Après seulement Marie irait à son hydrothérapie d’Albisbrunn[12].
Cet automne M. Jaeglé ira à Berlin sans aucun doute, il faut que l’un de nous se dévoue & je n’ai pas encore pu me décider à visiter tous ces Juifs.
Aujourd’hui Lundi nous ne travaillons pas dans les ateliers, l’on répare, pour reprendre demain. C’est faute de Pièces que l’on ne travaille pas, il paraît que nos prix sont plus élevés que ceux de nos amis de Wesserling & des allemands, nous vivons un peu sur notre supériorité mais cela ne suffit pas.

Il fait une chaleur étouffante, avec une succession d’orages qui sont bien favorables à la culture, les récoltes sont belles & je suis sûr que la grande majorité de nos ouvriers travaillent à rentrer les céréales ce qui fait que l’arrêt d’un jour est moins sensible à l’ouvrier.
Mais si le végétal se trouve bien de telles chaleurs l’homme en souffre bien & je ne vous trouve pas malheureux d’être à la mer.

Bon-papa & Maman[13] vont bien, cette dernière a dû t’écrire il y a peu de jours me dit toute à l’heure bon-papa. Je l’ai moi même écrit de Wattwiller & pense que ma lettre t’aura trouvée.

M. Coullerez[14] a été enterré hier Dimanche il avait 79 ans & s’informait toujours pour quel jour arriverait le nouveau Docteur[15]. Sa maison est achevée, il peut donc s’installer au commencement du mois prochain. J’espère que vous avez toujours de bonnes nouvelles de Mme de la Serre[16] & voudrez recevoir les baisers que j’adresse à tous deux

votre père ChsMff

M. Schlumberger[17] est ingénieur de la Marine. était longtemps à Lyon, est à Paris où je l’ai rencontré boulevard Saint Germain. malheureusement il allait prendre le tramway & je n’ai pas pu lui parler. Est-il ingénieur en chef c’est ce que je ne sais mais il habite Paris
c’est un homme très bien & fort distingué
fils aîné d’un [ ] banquier[18] à Mulhouse
son frère[19] est banquier à Bâle.


Notes

  1. Marthe Pavet de Courteille.
  2. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  3. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  4. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  5. Jules Desnoyers.
  6. Léon Duméril et son épouse Marie Stackler.
  7. Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler et mère de Marie Stackler-Duméril.
  8. Hélène Duméril, petite-fille de la précédente.
  9. Battenheim est située à 10 km de Mulhouse, dans la plaine de l'Ill.
  10. Alphonse Milne-Edwards et ses proches.
  11. Frédéric Eugène Jaeglé.
  12. Albisbrunn, station thermale près de Zurich.
  13. Félicité Duméril et son époux Louis Daniel Constant Duméril.
  14. Augustin Coullerez.
  15. Louis Disqué.
  16. Louise de Fréville, épouse de Roger Charles Maurice Barbier de la Serre.
  17. Charles Schlumberger (1825-1905), époux de Mélanie Zuber. Voir les questions posées dans la lettre du 22 juillet.
  18. Charles Schlumberger (1798-1861), époux d’Émilie Zuber.
  19. Probablement Amédée Schlumberger.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Lundi 26 juillet 1880. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff et son époux Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_26_juillet_1880&oldid=40447 (accédée le 15 novembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.