Mardi 27 juillet 1880
Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Villers-sur-mer) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Villers 27 Juillet 80.
Mon cher Papa,
Je profite du vent violent que nous avons pour m’élever bien haut et m’élancer jusqu’à Vieux-Thann ; je te ferai une petite visite puis je reviendrai à Villers, seulement j’espère que je ne te porterai pas les vilains nuages noirs et la pluie continuelle que nous avons depuis 2 jours car ce ne serait pas un cadeau agréable, la campagne doit plutôt demander du soleil. Hier il faisait si vilain que pour la première fois nous avons passé toute notre journée à la maison ; Marcel[1] a travaillé et moi j’ai lu et cousu à côté de lui ; le soir comme il ne pleuvait plus nous avons été, malgré un vent affreux nous promener au bord de la mer sur la digue ; la mer était assez forte et je crois que si elle avait été haute les vagues nous auraient bien mouillés. Aujourd’hui il y a des petits coins de ciel bleu mais il pleut souvent encore, peut-être si le que si le beau temps se montrait franchement demain et si la mer était calme, nous nous déciderions à aller faire un petit tour au Havre ; je ne connais ni le port ni la ville et nous irions en même temps voir la famille Delaroche[2] ; mais je doute que ce projet puisse se réaliser.
Dimanche dans l’après-midi nous avons fait une longue et très jolie promenade aux environs de Villers avec M. et Mme Fagniez[3] qui sont nos voisins et que nous rencontrons assez souvent. M. Fagniez est conseiller référendaire à la Cour. Sa femme dessine très agréablement et elle a profité de toutes nos haltes pour prendre des petits croquis qui t’auraient fait plaisir à voir. Je voudrais bien pouvoir t’en offrir autant mais je crois hélas que moins que jamais je serais capable de dessiner ; Marcel au contraire, profitant de tes exhortations prend de temps en temps le petit album. Émilie[4] de son côté se lance tout à fait ; d’après ce qu’elle m’écrit, elle a déjà beaucoup travaillé.
J’ai reçu hier une bonne lettre de bonne-maman[5] qui m’a fait grand plaisir ; je te prie de la remercier beaucoup pour moi du reste j’ai bien l’intention de lui répondre demain. C’est effrayant de voir quelle quantité de papier à lettre je consomme ; j’écris tous les jours et souvent plusieurs lettres aussi car il faut que je donne de nos nouvelles à Vieux-Thann, à Launay et à Paris, nouvelles qui sont toujours, Dieu merci, parfaitement bonnes. Et toi, mon cher Papa, j’espère que tu vas aussi tout à fait bien et que ta saison de Wattwiller ne te fatigue pas.
Adieu, mon Père chéri, je t’embrasse de tout mon cœur. Marcel se joint à moi pour t’envoyer un trillion d’amitiés.
ta fille,
Marie
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mardi 27 juillet 1880. Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Villers-sur-mer) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_27_juillet_1880&oldid=40913 (accédée le 15 novembre 2024).
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