Vendredi 9 juin 1876

De Une correspondance familiale


Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


original de la lettre 1876-06-09 pages 1-4.jpg original de la lettre 1876-06-09 pages 2-3.jpg


Paris le 9 Juin 1876.

Mon cher Papa,

C’est encore moi qui viens aujourd’hui te faire ma petite visite et causer un peu avec toi. Il n’y a pas bien longtemps que je t’ai écrit de sorte que je n’ai pas grand-chose à te dire mais ma dernière lettre était si sale et si mal écrite qu’elle mérite une réparation : je ne sais vraiment pas pourquoi Mlle Des Essarts ne veut pas qu’on écrive à l’encre. J’ai une bien triste nouvelle à t’annoncer, qui j’en suis sûre te fera de la peine, c’est la mort de notre cousin M. Albert De lisa[1]. Nous ne le savions malade ni les uns ni les autres ce qui nous a doublement surpris en recevant ce matin un petit mot de M. PaulClavery. Il paraît qu’il avait une maladie qu’on appelle la pierre[2] et qu’il est mort à la suite d’une opération qu’on lui avait faite pour cela. Je suppose qu’on l’enterrera demain.

Hier nous n’avons rien fait de bien remarquable nous avons commencé par nous lever très tard le Sommeil s’était probablement appesanti sur la maison car Jean[3] ne s’est réveillé qu’à 10h moins le quart. J’ai eu ma leçon de dessin[4] puis je me suis mise à faire de grands rangements dans notre armoire à glace et dans les environs si cela pouvait toujours rester comme cela ! c’est si beau dans ce moment mais hélas avant huit jours je crains fort que ce ne soit à recommencer. A 3h1/2 bon-papa Duméril[5] est venu nous prendre nous avons été ensemble au Borysthène[6] où nous avons retrouvé bonne-maman[7], puis tous ensemble nous avons été dans le Luxembourg où nous avons rencontré Mmes Citerne[8] et Tisserant[9] sœurs de mon cousin Soleil[10] de là nous avons été chez Mme Fröhlich[11] qui était sortie ainsi que ses filles[12] alors nous sommes revenues dans le jardin et nous nous sommes installées dans un des petits jardins où nous avons passé un bon petit moment à causer parler des uns et des autres. Bon-papa et bonne-maman comptent nous quitter Lundi ou Mardi mais d’ici là je t’assure qu’ils veulent faire encore bien des choses. M. HenriDelaroche vient d’arriver afin de les voir et Samedi ils vont tous dîner au Vésinet chez Mme Gastambide[13]. Aujourd’hui nous avons eu notre leçon de Mme Foussé[14] qui nous amuse toujours beaucoup c’est très drôle l’anglais. Nous irons dans quelques temps faire visite à Mlle Carlier qui reste chez elle le Vendredi et chez laquelle nous devons aller depuis mon examen. Ensuite nous aurons Frau Lima[15].

Tante[16] me charge de te dire qu’elle vient d’écrire une lettre très chaude à Mme Denonvilliers[17] en faveur de la famille Bobé et elle pense bientôt en recevoir une réponse. Pauvre tantine elle est toujours occupée des autres en ce moment elle court de tous côtés pour faire entrer une vieille femme à l’hospice et je pense qu’elle va y arriver.

C’est Jeudi prochain la 1ère communion à Saint-Médard j’espère que nous pourrons suivre la retraite.

Mon petit père chéri, comment vas-tu en ce moment ? Il me semble que tu es un petit peu fatigué. Quels sont tes projets ? Nous mourons d’envie de te voir mais d’un autre côté nous sommes préoccupées de la pensée de te voir faire un voyage si long et si fatigant pour aussi peu de temps car tu parlais dans ton avant-dernière lettre de ne rester que 4 ou 5 jours ce serait vraiment trop peu et d’un autre côté le 15 Juillet est encore si loin ! Que tout cela est donc ennuyeux ! ce serait si bon de te voir et de t’embrasser mon petit papa chéri, il nous retournerions ensemble à l’exposition[18] ce dont j’ai fort envie car maintenant les prix sont donnés et ce serait vraiment intéressant de voir après l’avoir étudiée comme nous l’avons fait.

Adieu mon [p bon], mon cher petit père, je t’embrasse de toutes mes forces, que j’aimerais donc que ce soit en réalité !

Ta fille qui t’aime beaucoup, beaucoup
Marie

As-tu pensé aux timbres que je t’avais demandés pour Oncle[19]
J’ai reçu une bonne lettre de tante Z.[20]


Notes

  1. Albert Le Roy de Lisa.
  2. Maladie de la pierre : lithiase urinaire.
  3. Jean Dumas.
  4. Leçon de dessin avec Marie Louise Duponchel.
  5. Louis Daniel Constant Duméril.
  6. L’hôtel du Borysthène se trouve rue de Vaugirard.
  7. Félicité Duméril.
  8. Eugénie Soleil, épouse d’Alfred Citerne.
  9. Caroline Soleil, épouse de Gratien Tisserant.
  10. Félix Soleil.
  11. Eléonore Vasseur, veuve d’André Fröhlich.
  12. Adèle et Marie Fröhlich.
  13. Emilie Delaroche, épouse d’Adrien Joseph Gastambide.
  14. Céline Silvestre de Sacy, épouse de Frédéric Foussé, professeur d’anglais.
  15. Frau Lima, Mme Lima, professeur d’allemand.
  16. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  17. Cécile Julie Cordier, veuve de Charles Denonvilliers.
  18. Le Salon de peinture.
  19. Alphonse Milne-Edwards.
  20. Emilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Vendredi 9 juin 1876. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_9_juin_1876&oldid=58770 (accédée le 15 novembre 2024).

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