Mardi 15 janvier 1918

De Une correspondance familiale


Lettre de Guy de Place (mobilisé) à Jacques Meng (Fellering)

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Reçu le 21.1.1918
Répondu le 22 Janvier1918

secteur postal 21   le 15 janvier 1918

Mon cher Monsieur Meng.

Votre lettre du 31 m’est arrivée il y a 10 minutes. J’ai reçu en même temps celle du 7 et je réponds en hâte à ce volumineux dossier. Je pense faire partir demain la procuration. J’informerai en même temps m. Miramond[1] de l’accident arrivé à ma cantine (non encore retrouvée) et de la perte des Bordereaux que je devais lui envoyer.

Gros Roman et Cie. Le fait qu’ils ont déduit la facture de Tares ne doit pas empêcher M. Hochstetter de leur en causer. Il serait préférable d’en parler à M. Jacques Gros lui-même, auquel on pourrait faire observer très amicalement le procédé qu’il crée vis-à-vis de ses propres clients qui ont encore à lui facturer des Tares pour l’année 1914.

Affaire Eckel[2]. Pour ma part je me refuse à fournir aucun renseignement à cette maison. Vous voudrez bien remercier de ma part très vivement M. Bockel[3] de nous avoir communiqué ce questionnaire. Vous ajouterez que si j’avais un conseil à donner ce serait de ne pas répondre. Il y a là une question comme celle de l’état de démolition de l’usine et sa reconstruction auprès de laquelle toutes les autres pourraient bien n’être que des hors-d’œuvre. Il ne faut pas oublier que la Maison Eckel, d’origine Bâloise, peut très bien n’être qu’un prête-nom boche. Si j’étais M. Bockel je sais bien ce que je ferais ; je porterais tout simplement la demande à nos autorités en leur disant ce qu’est la Maison Eckel. Il est formellement interdit d’envoyer à l’étranger des renseignements sur l’état des lieux sur le Front, et je crois que la responsabilité de ceux qui en [donneraient serait] très engagée : Quant Quant à la discrétion demandée à M. Bockel par [le] demandeur elle ne saurait être de mise quand il s’agit de questions aussi graves. Il existe d’ailleurs une circulaire militaire obligeant à remettre aux autorités toute demande de renseignements qui paraîtrait suspecte, ce qui est bien le cas ici. Tout ceci est d’ailleurs l’affaire de M. Bockel, mais en sa double qualité de militaire et de fonctionnaire, il est bon je crois d’appeler amicalement son attention sur ce point.

Réquisition du Tour[4]. D’accord pour le prix de 15 000 proposé par Muller même.

Où en est l’affaire de la location de la Turbine Bois. renoncer provisoirement à [créer] un approvisionnement.

Houille. Etant donné la très grande ancienneté de M. Vollmer je ne veux pas lui refuser le droit de se fournir de houille chez nous : le chiffre de 250 kg tous les 2 mois me paraît toutefois exagéré ; il faut qu’il reste dans la proportion de ce que nous fournissons permettons aux autres d’acheter chez nous. Même prix qu’aux autres employés.

[Ketterer[5]]. lui laisser acheter chez nous à peu près ce qui correspond aux travaux qu’il fait pour nous (100 à 200 kg maximum). Ce n’est pas à nous de lui fournir le charbon pour qu’il travaille pour les autres.

Il doit y avoir dans ma cantine, perdue avec le reste, la lettre de vous où vous me demandiez des renseignements sur les déclarations de titres ou de biens. Je n’ai pas dû vous répondre. Prière de me rappeler ce que vous me demandiez : il y avait la question [d’échus] au 31 décembre je crois. Il y aurait lieu de les compter comme précédemment. Pour Morschwiller prenez toujours provisoirement le chiffre le indiqué sur le livre de M. Duméril[6] à l’origine et transmettez-le moi : vous pourrez pour Morschwiller d’après les évaluations me soumettre un projet complet détaillé.

Vous me direz, comparativement avec le prix d’achat, à combien a été évalué par la réquisition le lot de tuyaux de chauffage. Et nos sacs de soude ?

Sœurs de l’hôpital. Dans les conditions que m’impose M. ZWingelstein, j’estime que celui-ci devra aller trouver sœur Morandine[7] et lui exposer qu’en raison de la subvention de réfugiés qui vient de leur être accordée, notre subvention devient sans objet, mais qu’elle leur reste accordée si pour toute autre raison celle de l’État venait à manquer. Ajouter que si elles ont besoin de quoi que ce soit elles ne doivent pas se gêner pour en faire la demande. Je trouve d’ailleurs que l’hôpital qui les occupe pourrait s’occuper un peu d’elles. Enfin étant donné que je veux leur laisser une certaine indépendance pour pouvoir personnellement faire une charité d’un côté [ ], vous ferez remettre dans ce but 50 F par mois à sœur Morandine : en d’autres termes un peu d’argent de poche pour pouvoir continuer à s’occuper des gens qui les intéressent.

Je trouve la demande des Scheurer indiscrète. Vous allez commencer par leur faire répondre que votre lettre s’est croisée avec une lettre de moi dans laquelle précisément je donnais ordre de réduire les distributions de charbon, et que d’autre part que vous venez d’apprendre par une lettre de moi que votre lettre du 31 semble égarée.

Dans une dizaine de jours, vous me reparlerez de la chose, et le petit retard fera mieux apprécier notre cadeau, si on le fait.

Bien cordialement à vous tous.

GP   

N’y a-t-il donc pas moyen de louer à Urbès la pièce qui sert de popote aux soldats et la fermer à clefs pour éviter des chances d’Incendie. N’y a-t-il pas moyen de trouver un local plus sûr pour mes meubles : avec les moteurs [abrités] chez Schwob ?


Notes

  1. Joseph Jean Marie Miramond de Laroquette.
  2. Voir les renseignements demandés par Th. Eckel (dans « Papiers et documents »).
  3. Louis Bockel, notaire.
  4. Probablement le tour Schultz (lettre du 5 décembre 1917 B)
  5. Nous proposons de lire « Ketterer », qui est le nom d’une famille de Thann.
  6. Possiblement Léon Duméril (†).
  7. Sœur Morandine : Thérèse Litzer.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mardi 15 janvier 1918. Lettre de Guy de Place (mobilisé) à Jacques Meng (Fellering) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_15_janvier_1918&oldid=40721 (accédée le 9 novembre 2024).

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