Dimanche 20 janvier 1918
Lettre de Guy de Place (mobilisé) à Jacques Meng (Fellering)
Reçu le 23.1.1918
Répondu le 28 Janvier1918
secteur postal 21 le 20.1.18
Mon cher Monsieur Meng,
Je réponds aujourd’hui à votre lettre du 14 courant.
Déclarations. Sont à faire au nom de la Société en commandite par actions Duméril Jaeglé et Cie. Vous ferez demander à l’administration si elle désire que cela passe par elle. Si oui vous m’enverrez les pièces définitives à signer et je vous les retournerai. Sinon je les enverrai d’ici. Vous me préparerez l’enveloppe.
Je trouve la maison Morschwiller insuffisamment cotée. Pour les Bâtiments industriels la valeur réelle ne vaut certainement pas plus de 145 000, mais si on veut reconstruire quelque chose ça vaudra plus cher. Je mets 200 000.
Quant aux prés je n’ai pas de Base. Je pense qu’on a tenu compte de ce qu’on récolte de foin, estimé le rendement et capitalisé à 3 ou 4%.
Pour la note au sujet des Tissus, vous mettrez après le mot « Séquestre » la mention M. Miramond de LaRoquette, 9 rue Pierre Corneille, Lyon, et après les mots… pour qu’il nous couvre de nos créances, vous ajouterez « Nous n’avons pas reçu du séquestre acceptation de la créance et reconnaissance de nos droits » et au lieu de nous avons présenté, vous mettrez « nous venons de présenter… »
Vous me dites que la seule estimation que vous ayez des dommages de guerre est celle faite en son temps par ZWingelstein pour M. Froissart[1]. Mais je n’ai jamais eu connaissance de cette estimation ; il avait été convenu pourtant, sauf erreur que c’est moi qui la ferais parvenir lorsqu’elle serait établie. En outre, avant de l’envoyer faudrait-il être d’accord avec l’estimation des experts de l’administration. Il me semble en outre que si l’on tient compte de l’état et du prix du grand Bâtiment le chiffre de 720 000 F est peut-être bas. N’avez-vous pas encore le relevé des experts pour les machines ? Vous m’avez parlé de faire faire un travail analogue pour les Bâtiments par Stamm je crois. Où cela en est-il ? En tous cas on pourra faire partir tout le reste sans attendre la chose sur les dommages qui n’est pas obligatoire pour nous.
Scheurer. déclarez le capital du compte de retraite, au nom de la Maison, comme capital ayant une affectation spéciale (retraites). L’insistance des Scheurer pour le charbon est d’assez mauvais goût. Je comprends très bien que ZWingelstein n’ait pas cru pouvoir leur refuser absolument : c’était à eux d’y mettre un peu de discrétion, car nos employés ne sont pas leurs employés. Il faudra que ZWingelstein explique qu’en présence des réquisitions faites j’avais donné des ordres formels de réduction à tout le monde et que, réduisant nos employés, il nous est bien impossible de vendre par ailleurs. En tous cas je suis tout à fait d’accord pour qu’on ne dépasse pas au total le chiffre dont vous m’avez parlé dans votre dernière lettre. Y arriver par petites quantités, sans engagement.
Vous remercierez ZWingelstein de ses rapports qui ont beaucoup d’intérêt pour moi. Je ne regrette qu’une chose, c’est de ne les avoir pas demandés dès le début. Prière de me dire dans une prochaine ce que nous avaient coûté les tuyaux de chauffage en Bloc et ce que nous les vendons. Installation triphasé continu, d’accord pour location si c’est possible et à un bon prix ; si la location faisait des difficultés et si on offrait un très haut prix d’achat j’autorise ZWingelstein à apprécier éventuellement ce qu’il y a de plus avantageux.
Lettre de ZWingelstein. Je suppose que ZWingelstein n’a pas l’Intention de faire réparer les [Battes] en ce moment et qu’il n’y a là dans sa lettre qu’une phrase diplomatique. Y a-t-il avantage à ce que nous fassions réparer les moteurs détériorés que nous accepterions de céder à la réquisition ? Que nous fassions réparer tout ce que nous pensons garder, d’accord. Mais s’il y en a dont il y a intérêt à se débarrasser ne vaudrait-il pas mieux les vendre tels quels : ça va [être] bien du soin de les expédier à Paris et les faire revenir, surtout si il est possible d’en trouver tel quel un prix convenable. Tout à fait d’accord pour vendre la Corliss[2] et la Weyer[3].
Souvenirs autour de vous et cordialement à vous.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Dimanche 20 janvier 1918. Lettre de Guy de Place (mobilisé) à Jacques Meng (Fellering) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_20_janvier_1918&oldid=53621 (accédée le 12 décembre 2024).
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