Mardi 29 mars 1859
Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa cousine Adèle Duméril (Paris)
29 Mars 1859
Ma chère et bonne petite Adèle
Tu dois me trouver bien ingrate et bien peu gentille d'avoir été si longtemps sans t'écrire et surtout sans répondre à l'offre toute gracieuse et pleine d'amitié que tu me fais de travailler pour notre baby. Tu n'as pas été croire, n'est-ce pas que j'y étais indifférente et tu me connais assez pour être sûre que cette aimable attention de ta part m'a bien touchée, je serai toute heureuse de voir le petit nid de ton neveu ou de ta nièce orné par tes mains et tu es une charmante tante avant même que de l'être[1]. Ce qui m'a empêchée de t'écrire comme je l'aurais voulu c'est que j'ai réellement eu beaucoup à faire pour notre emménagement, puis pour la lessive ce qui est une chose inconnue aux Parisiens, mais tu peux comprendre que lorsqu'on lave, étend, raccommode et repasse tout le linge qui a été sali pendant six mois, toute la maison est fort occupée ; je te dirai que je suis bien contente de notre bonne[2], c'est une excellente fille qui travaille beaucoup et très bien ; elle est très habile à la couture et repasse parfaitement ; j'ai appris que le mariage de Louise était rompu cela m'a fait de la peine pour elle, mais pour vous, je vous en félicite.
Maman[3] a été bien souffrante à son arrivée ici et tu sais comme elle aime peu à se soigner ; c'est, je crois, ce qui a augmenté son indisposition, enfin hier, elle a été forcée de rester au lit à cause de son enrouement, de son mal de tête et d'un petit accès de fièvre ; ce repos lui a été très salutaire et aujourd'hui elle est vraiment bien. Nous apprenons par une lettre de papa[4] que ta mère[5] aussi est enrhumée, nous espérons bien que cela n'aura pas de suites.
Le charmant petit bouquet que tu m'as envoyé est arrivé encore ici bien parfumé ; au bout d'une heure qu'elles étaient dans l'eau, les violettes se sont rouvertes et j'ai grand plaisir à les voir dans ma chambre où elles me rappellent ton amitié. Je te dirai que notre chambre est une réunion de portraits de famille ; de chaque côté de la cheminée, mes deux grands-pères[6], bonne-maman[7], ma belle-mère[8] et papa et maman ; sur un autre panneau, nos grands-parents Duméril[9] et dessous, toi et Eugénie[10] que nous avons fait encadrer de même ; enfin sur un troisième panneau, M. le Curé[11] et dessous Mme Armand[12].
Je te demanderai, ma chère enfant de me rendre un petit service. Edgar Zaepffel, mon beau-frère qui, tu le sais, sera parrain avec Eugénie veut offrir une boîte de gants à sa commère et m'a demandé quel était son numéro, je crois que c'est 6 1/4 mais je n'en suis pas sûre et j'ai pensé que toi, mieux que personne pourrais me donner ce renseignement que tu auras, soit par Aglaé ou par Julien[13], et que tu pourras me faire transmettre par papa.
Vous verrez je pense les Zaepffel dans une quinzaine de jours, Edgar qui ne connaît pas Paris se réjouit beaucoup de ce voyage.
Adieu, ma chère petite Adèle je te remercie de nouveau bien vivement et t'envoie bon nombre de baisers et de tendresses
ta vieille Crol
Tu ne m'oublieras pas, n'est-ce pas, auprès de bon-papa[14], bonne-maman et tes parents et voudras bien distribuer nos respects et nos souvenirs les plus affectueux.
Ta lettre avec ses détails sur votre comédie m’a bien intéressée.
Je ne sais comment je fais mon compte mais figure-toi que je dois des lettres à tout le monde ; excuse-moi, aussi, je te prie auprès des petites amies[15].
Notes
- ↑ Adèle Duméril est une cousine germaine de Caroline.
- ↑ Marie Martin.
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Eugénie Duméril, épouse d’Auguste Duméril, est la sœur de Félicité.
- ↑ Auguste Duméril l’aîné et son frère André Marie Constant (ou bien Pierre Mertzdorff, le père de Charles ?).
- ↑ Alexandrine Cumont, veuve d’Auguste Duméril l’aîné.
- ↑ Marie Anne Heuchel, veuve de Pierre Mertzdorff.
- ↑ Probablement André Marie Constant Duméril et son épouse Alphonsine Delaroche (décédée).
- ↑ Eugénie Desnoyers, amie de Caroline.
- ↑ Jean Charles Moreau, curé de Saint-Médard (Paris).
- ↑ Mme Armand est Victoria Rainbeaux qui a épousé en 1857 Ernest Armand.
- ↑ Aglaé et Julien Desnoyers, sœur et frère d’Eugénie.
- ↑ André Marie Constant Duméril.
- ↑ Eugénie et Aglaé Desnoyers.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mardi 29 mars 1859. Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa cousine Adèle Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_29_mars_1859&oldid=60145 (accédée le 22 décembre 2024).
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