Dimanche 15 octobre 1876
Lettre de Marie et Emilie Mertzdorff (Paris) à leur père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris le 15 Octobre 1876
Mon Père chéri,
C’est aujourd’hui Dimanche que fais-tu en ce moment ? hélas nous ne sommes plus à Biarritz et nous n’allons pas aller ensemble faire un tour au port vieux, il me semble qu’on doit prendre encore des bains et je t’assure que j’irais bien volontiers jusqu’à la corde mais pourquoi parler de ces amusantes choses, tu es à Vieux-Thann, nous à Paris et il faut nous contenter de ce papier pour nous rapprocher un peu les uns des autres. Nous venons d’aller faire un grand tour dans les nouveaux laboratoires d’oncle[1] puis de là nous avons été à l’appartement où on a recommencé les petites promenades que tu connais ; il n’y a rien de nouveau à te signaler les peintres prétendent qu’ils auront fini dans quinze jours mais j’en doute fort ; presque tous les papiers sont collés au premier et tante[2] a commencé à coudre l’étoffe pour les panneaux de la salle à manger.
Marthe[3] est avec nous Mme Pavet[4] étant allée à Chevilly voir ses fils[5] et Emilie[6] est en train de lui donner sa leçon de piano elle lui apprend ses notes au-dessus des lignes. Tante nous a acheté les Noces de Figaro à quatre mains[7] et nous les déchiffrons avec ardeur.
Nous avons repris hier nos leçons de Mlle Bosvy[8] j’en suis ravie ; car tu sais qu’elles m’amusent beaucoup. A propos de Mlle Bosvy j’ai complètement oublié pendant nos longues vacances de te demander si tu ne serais pas d’avis de lui donner un petit souvenir de mon examen pour la remercier de tout ce qu’elle a fait pour moi ; j’avais bien pensé à lui faire une chaise en tapisserie ou quelque chose de ce genre mais elle a eu tous les meubles de Mlle Boblet[9] et son appartement est même trop petit pour les contenir tous je crois qu’un meuble de plus serait loin de lui faire plaisir ; ce qu’elle préfèrerait je crois ce serait un ouvrage quelconque et j’avais eu l’idée de M. Guizot qu’elle n’a jamais lu et qui serait un ouvrage extrêmement utile et agréable pour elle seulement c’est très considérable trop considérable peut-être ; enfin tu verras je te soumets ma pensée, à toi maintenant, mon bon petit père de me donner ton avis ce que tu désireras sera pour le mieux.
J’ai reçu ce matin [des] lettres de Paule[10] et de Jeanne Brongniart. Paule m’écrit de Tours[11] où elle a dû rester jusqu’à aujourd’hui, elle est enchantée de son voyage, a été à Angoulême voir son frère[12] en officier ce qui l’a beaucoup amusée. Nous allons la voir Jeudi au cours. Jeanne B. va bien aussi et fait de grandes parties avec son ami Jean[13].
Je ne sais si avant ton départ je connaissais déjà mon rang d’examen, j’ai vu dernièrement le petit cahier il y en a en tout 500 de reçues ; je suis la 30ème et Marthe[14] la 17ème nous sommes très contentes de notre rang et Mlle des Essarts aussi je crois.
Le cours d’histoire[15] commencera probablement le premier Jeudi de Novembre je suis enchantée de le suivre d’autant plus que je vais y retrouver presque toutes me compagnes de 1ère division de [ ] Pauline Dupoirieux, Marthe Tourasse, Jeanne Didier, Marie Des Cloizeaux.
Vois-tu souvent bon-papa et bonne-maman[16] ? Oncle Auguste[17] est-il déjà arrivé au Moulin ? J’espère que nous allons bientôt recevoir une lettre de toi c’est si bon d’avoir des nouvelles quand on est séparé.
Adieu, mon petit Papa chéri, je t’embrasse de toutes mes forces comme je t’aime
Ta fille Marie
Nous avons été hier chez tante Target[18] qui nous a chargés de mille choses pour toi. Cette même commission m’a déjà été donnée il y a quelques jours par Mme Arnould[19], mais tu sais que j’oublie tout. Tu auras sans doute appris la mort de M. Charles Deville[20], c’est bien triste pour toute sa famille.
Notes
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
- ↑ Mme Pavet de Courteille a cinq fils : Alphonse, Paul, Joseph, Daniel, André.
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Sans doute : Noces de Figaro, d'après Mozart, deux arrangements pour piano à 4 mains, op. 105, N°1et 2, par Jacques-Louis Battmann (1818-1886), Meissonnier, Paris, 1876.
- ↑ Marguerite Geneviève Bosvy.
- ↑ Probablement Aimée Sophie Élisabeth Boblet.
- ↑ Paule Arnould.
- ↑ Voir cette lettre du 13 octobre.
- ↑ Pierre Arnould.
- ↑ Jean Dumas ?
- ↑ Marthe Tourasse.
- ↑ Professeur : M. Pasquier.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
- ↑ Charles Auguste Duméril.
- ↑ Probablement Eléonore Pauline Lebret du Désert, veuve de Louis Ange Guy Target.
- ↑ Paule Baltard, épouse d’Edmond Arnould.
- ↑ Charles Sainte-Claire Deville.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Dimanche 15 octobre 1876. Lettre de Marie et Emilie Mertzdorff (Paris) à leur père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_15_octobre_1876&oldid=60618 (accédée le 21 décembre 2024).
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