Vendredi 13 octobre 1876 (B)

De Une correspondance familiale


Lettre de Paule Arnould (Tours) à son amie Marie Mertzdorff (Paris)


original de la lettre 1876-10-13B pages 1-4.jpg original de la lettre 1876-10-13B pages 2-3.jpg


Tours. 13 Octobre 1876.
Chez Mme Chauveau[1]
Rue Nicolas Simon 26.

Tu ne peux te figurer, ma Marie chérie, combien ta lettre m’a fait plaisir, la note des devoirs m’a été aussi très utile car j’emploie le peu de temps que j’ai à faire ce que tu m’as indiqué. Enfin dans quatre jours j’espère bien que nous serons à Paris ou bien près d’y rentrer ; de toute façon nous nous reverrons le 19, et tu ne peux croire malgré toutes les choses intéressantes que je vois, combien je soupire après mon toit, ma famille, mes amies et mes études. Je passe pourtant de bons jours avec ma chère Bonne-Maman[2] ; et je suis pourtant séparée d’elle dans de moment, et si je n’étais chez une tante que j’aime avec passion, je me ne pourrais pas y tenir à.

Nous avons quitté Blanquefort Mardi matin, nous avons passé notre journée à revoir Bordeaux. Nous sommes parties Mercredi matin pour Angoulême, nous avons trouvé notre sous-lieutenant[3] à la gare, un peu fatigué parce qu’il faisait monter une batterie, mais très gai ; nous avons visité l’Hôtel de ville en détail, Saint-Pierre, Saint-Ausone et Saint-Martial et nous avons passé la fin de notre journée avec Pierre.

Jeudi, c’est-à-dire hier nous avons pris notre train pour Tours où Bonne-Maman m’a laissé à ma Tante, mais nous nous verrons tous les jours.

J’ai eu un peu de temps à Blanquefort pour travailler, mais très peu et j’espère en avoir encore un peu ici. Je suis sûre que je me trouverai bien en retard car en deux semaines on peut faire beaucoup de choses et moi je n’ai rien fait. Mais je ne me tourmente pas avec cela, car je veux jouir de mon voyage autant qu’il est possible et je trouve tout au moins inutile de le gâter par des regrets.

Je n’ai encore vu de Tours que le cours du collège des Jésuites et la chapelle des Carmélites, je n’ai donc pas grand’chose à en dire ; mais cette après-midi, ma Tante commencera à m’en montrer les curiosités. Je me réjouis beaucoup de l’idée de reparler de tout ceci avec vous. Bonne-Maman a beaucoup regretté de ne pas m’avoir montré Poitiers, mais nous n’avions pas le temps de nous y arrêter, pourtant nous nous arrêterons peut-être quelques heures à Blois pour voir le château.

Dans sa dernière lettre, Mère[4] me disait qu’elle n’avait pas encore pu voir ta Tante[5], je voudrais pourtant entendre parler de vous et qu’on me dise quelle mine tu as, car tu ne me dis pas si tu vas tout à fait bien. Si cette lettre t’arrive avant le cours, je t et si tu vois Henriette[6], je te prie de lui dire que je suis très fâchée après elle, elle devient très inexacte pour m’écrire je ne lui demande pas de grandes lettres et elle ne sait même plus écrire un petit mot.

Mais au revoir, ma Marie chérie, il est temps que je fasse semblant de travailler avant le déjeuner. Je te quitte donc en t’embrassant de toutes mes forces ainsi que ta Tante et Emilie[7]. Charge-toi de toutes sortes de choses que tu devineras pour toutes les amies et les maîtresses[8] que tu verras.

Ton amie bien heureuse de te revoir bientôt,
Paule A.


Notes

  1. Amélie Arnould, épouse de Léopold Chauveau (« Tante »).
  2. Adélaïde Lequeux, veuve de Victor Baltard.
  3. Pierre Arnould.
  4. Paule Baltard épouse d’Edmond Arnould.
  5. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  6. Henriette Baudrillart.
  7. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  8. Les élèves et les enseignantes du cours.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Vendredi 13 octobre 1876 (B). Lettre de Paule Arnould (Tours) à son amie Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_13_octobre_1876_(B)&oldid=35746 (accédée le 21 novembre 2024).

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