Vendredi 23 octobre 1874
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris le 23 Octobre 1874.
Mon petit papa chéri,
Quel ennui de te savoir avec ta vilaine douleur j’espère bien que ce ne sera rien car tu nous disais que tu allais déjà mieux. Soigne-toi bien surtout petit papele chéri, tu sais il ne faut pas te fatiguer.
Ici nous allons tous bien quoique un rhume me menace mais je crois qu’il passera sans entrer car aujourd’hui je ne me mouche plus et il n’existe que depuis hier.
Tu dois savoir par Émilie[1] que nous allés avons été Dimanche à Montmorency et qu’Hortense[2] est restée avec nous jusqu’à Mercredi où nous l’avons reconduite à Versailles. Nous avons pris ensuite notre leçon d’allemand[3] qui maintenant commence à m’amuser je traduis Rosemonde[4] en allemand mon 1er devoir écrit là-dessus était Mercredi il y avait beaucoup de fautes mais c’est égal je crois que j’y arriverai. Aurais-tu cher petit père un livre d’histoire soit de France d’Allemagne n’importe très facile car ma maîtresse trouve que je comprends assez bien maintenant les petits contes et voudrait me faire voir un autre genre.
Jeudi (hier) nous avons bien travaillé le matin puis à 1h nous sommes sorties pour aller chez M. le curé[5] lui faire visite puis passage Delorme pour nos chapeaux d’hiver, au Louvre[6] pour des boutons & chez Mme Brouardel, chez Mme Roger[7] qui n’y était pas et chez Marie Flandrin que nous avons trouvée. Nous étions bien contentes de nous revoir, elle va bien et suivra le cours[8] comme toutes nos amies du reste mais personne le cours 3 fois par semaine nous savons vraiment pas qui il y aura : c’est l’affaire de Mme Charrier[9].
Ce matin nous avons eu d’abord Mlle Duponchel[10] si tu savais comme mon dessin m’amuse je fais en ce moment une tête qui réussit très bien et est un peu ombrée, je suis bien contente d’avoir commencé. Puis Mlle Bosvy[11] le cours ne commencera que le 4 le petit hôtel n’est pas encore prêt.
Puis nous sommes sorties pour conduire Jean[12] chez M. Brouardel où il avait rendez-vous avec sa mère[13], depuis qu’il est revenu il ne va pas très bien il a un peu mal à l’estomac et à la jambe aussi voulait-on demander à M. Paul[14]. En revenant nous avons acheté des cahiers et chercher nos chaînes de montre qui étaient chez le médecin.
Que j’ai d’excuses à te faire mon petit père mignon sur mon style en voyant tous ces puis je pense à cette pauvre bonne-maman Mertzdorff[15] qui (j’avais paraît-il déjà le défaut d’employer souvent cette conjonction) me parlait parlait toujours d’un M. qu’on appelait M. et puis tant il employait souvent ce mot et elle me menaçait de me nommer ainsi.
Le temps est toujours beau mais l’hiver arrive à grands pas voilà le froid et les habits d’hiver c’est bien ennuyeux. Je suis sûre que le Rosberg[16] a déjà son manteau et que les matinées ne sont pas chaudes.
Dimanche commence le catéchisme de persévérance Émilie et Jeanne[17] se réjouissent bien.
Adieu mon petit papa chéri je voudrais tant te dire combien je t’aime et combien je pense à toi si nous pouvions nous entendre je crois que bien souvent nous nous surprendrions pensant les uns aux autres. Dans combien de jours reviendras-tu ? Là-dessus les avis sont différents ; Lundi Émilie a écrit à Hélène Berger. Hier elle a reçu une aimable lettre de Mlle Bulffer.
Embrasse bien je te prie pour moi bon-papa et bonne-maman Mehil[18] de la part de la grosse [Miki] qui t’ embrasse bien fort son petit papa et espère que le bon et le mauvais cheval vont bientôt redevenir plus [ ] à leur cher petit maître.
Notes
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Hortense Duval.
- ↑ Avec Mme Lima.
- ↑ Possiblement Rosemonde, légende de Henri Blaze de Bury, traducteur de l’allemand (1841).
- ↑ A titre d’hypothèse : Ernest Dumas, nouveau curé de Saint-Médard.
- ↑ Les Grands Magasins du Louvre, rue de Rivoli.
- ↑ Pauline Roger, veuve de Louis Roger.
- ↑ Le cours de Mme Charrier-Boblet.
- ↑ Caroline Boblet, veuve d’Edouard Charrier.
- ↑ Marie Louise Duponchel, professeur de dessin.
- ↑ Marguerite Geneviève Bosvy.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
- ↑ Paul Brouardel, médecin.
- ↑ Marie Anne Heuchel (†), veuve de Pierre Mertzdorff.
- ↑ Le Rossberg culmine à 1 200 m.
- ↑ Probablement Jeanne Pavet de Courteille.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril ; Marie Mertzdorff reprend les appellations enfantines : « Méhil » et « Miki ».
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 23 octobre 1874. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_23_octobre_1874&oldid=56556 (accédée le 20 décembre 2024).
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