Dimanche 25 octobre 1874

De Une correspondance familiale

Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1874-10-25 pages 1-4.jpg original de la lettre 1874-10-25 pages 2-3.jpg


Dimanche 25 Octobre 1874

Mon petit père chéri,

Merci mille fois pour ta bonne longue lettre reçue hier si tu savais le plaisir qu’elle nous a fait d’abord parce qu’elle était de toi et ensuite parce qu’elle nous disait que ton vilain mal t’avait quitté ce dont nous nous réjouissons beaucoup.

Je n’ai pas grand’chose à te dire car il n’y a pas bien longtemps que je t’ai écrit et depuis lors nous n’avons rien fait d’intéressant.

Hier matin nous avons travaillé puis à 1h nous avons quitté la maison pour aller voir un peu bonne-maman Desnoyers[1]. Mais au moment où nous arrivions chez elle nous la rencontrons avec oncle Alfred[2] qui venait ici. Nous sommes donc retournées sur nos pas. Bonne-maman va bien quoique un peu fatiguée, elle s’en allait à Montmorency. Elle m’a chargée de mille amitiés pour toi. Oncle Alfred aussi va bien car je ne sais si je t’ai dit qu’il était souffrant tous ces jours-ci ne mangeant pas et ayant de forts saignements de nez mais maintenant le voilà bien remis. Après le départ de bonne-maman nous sommes parties chez Paulette[3] que nous savions revenue depuis deux jours par Marie Flandrin. Mais hélas nous rencontrons à sa porte la bonne avec le petit Marcel[4] qui nous dit que tout le monde est sorti. Nous avons été alors chez Mme Moreau[5] (son mari est je ne sais quoi au jardin) que nous avons trouvée. C’était la 1ère fois que je voyais cette dame elle m’a paru très bien. De là nous avons été rue Gay-Lussac chez Mme Maurin qui était sortie puis chez Mme Dumas[6] qui n’y était pas non plus et enfin à la maison.

Ce matin messe de 8h puis promenade dans la ménagerie, à 1h nous avons été avec Jeanne[7] au catéchisme puis elle revenait ici pour jouer mais on vient de venir la chercher. Nous sommes dans le cabinet d’oncle[8] qui fait des rangements, tante[9] reçoit dans le salon Mme Clavery[10] qui vient d’arriver, Emilie[11] Marthe[12] et Jean[13] jouent à la poupée dans un coin et moi j’écris à mon petit papa mignon, chéri que j’aime énormément.

Je ne t’ai pas dit l’autre jour que nous avions été chez M. Brouardel[14] Vendredi mener Jean et que tante a profité de l’occasion pour lui dire qu’elle trouvait que je n’avais pas très bonne mine. Il a dit que ce n’était rien et habituel à mon âge.

Nos rhumes ou plutôt celui d’Emilie va bien car moi je ne tousse ni ne me mouche.

Hier nous avons eu un soleil splendide mais aujourd’hui il fait bien froid 2 degrés à notre fenêtre à 7h du matin.

Les cartes que tu avais commandées sont arrivées, il y en a deux gros paquets pour 650 F je crois ; depuis plusieurs jours déjà on me charge de cette commission que j’oublie régulièrement. Je crois t’avoir dit que le cours[15] ne commencera que le 4 Novembre (le jour de la fête de mon petit papa cela nous portera bonheur.)

Quand te verrons-nous mon petit papa chéri ? En attendant je t’embrasse bien bien fort, de ma part et de celle de Friquet. J’embrasse énormément bon-papa et bonne-maman[16] sans oublier mon oncle Léon[17].

ta fille qui t’aime de tout son cœur.

Marie Mertzdorff


Notes

  1. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  2. Alfred Desnoyers.
  3. Paule Arnould.
  4. Marcel Arnould.
  5. Possiblement Sarah Labbé, épouse de François Armand Moreau, chef des travaux de physiologie au Muséum.
  6. Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
  7. Probablement Jeanne Pavet de Courteille.
  8. Alphonse Milne-Edwards.
  9. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  10. Marie Philiberte Ferron épouse de Paul Clavery, plutôt que sa belle-mère Amica Le Roy de Lisa, veuve d’Amédée Clavery.
  11. Emilie Mertzdorff (« Friquet »), sœur de Marie.
  12. Marthe Pavet de Courteille.
  13. Jean Dumas.
  14. Paul Brouardel, médecin et ami.
  15. Le cours de Mme Charrier-Boblet.
  16. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
  17. Léon Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 25 octobre 1874. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_25_octobre_1874&oldid=39550 (accédée le 20 avril 2024).

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