Samedi 27 juillet 1878
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 27 Juillet 1878.
Mon cher Papa,
Nous avons enfin reçu ce matin la lettre après laquelle que nous attendions depuis plusieurs jours et qui nous annonce enfin ton arrivée prochaine. Quel bonheur de te revoir bientôt, mon petit Père chéri ! Lundi va être bien vite arrivé. J’espère qu’il ne fera pas trop chaud ce jour-là et que ton voyage ne te fatiguera pas trop : c’est vraiment une chose bien agréable que ces trains rapides.
Nous avons été bien contentes d’apprendre qu’à Vieux-Thann tout le monde allait bien ; ici aussi les santés sont bonnes on a été seulement un peu fatigué de la chaleur excessive de la semaine dernière ; aujourd’hui le temps n’est pas trop chaud mais il pleut presque continuellement aussi on n’est pas encore content.
Émilie[1] a dû te raconter par quelles émotions nous a fait passer la maison de Perros-Guirec ; aussi quelle singulière idée a ce propriétaire de ne vouloir louer sa maison que pour 3 ans ! Enfin nous avons maintenant son adresse et oncle[2] lui a écrit directement pour savoir si vraiment il ne voudrait pas nous la donner. La réponse arrivera sans doute demain et nous (Émilie et moi) l’attendons avec grande anxiété.
Jeudi nous avons été à l’exposition avec oncle Alfred[3] et les petits Festugière[4] ; nous avons vu des choses très intéressantes, de là nous avons été chez le dentiste[5] puis chez Mme Merlhe[6] sa mère[7] était allée passer quelques jours à la campagne chez une de ses amies de sorte que nous ne l’avons pas vue. Il paraît que M. et Mme Paul[8] vont toujours de même.
Aujourd’hui nous allons aller à notre leçon de piano de Mme Roger[9] puis au cours d’anglais[10] où malheureusement nous ne verrons pas Henriette[11]. Ce matin je devais aller dessiner dans le jardin mais la pluie nous en a empêchées. Demain nous irons au salon de peintures[12], les sœurs de la rue de l’épée de bois ont obtenu de quêter à la porte de sortie et comme elles ne connaissent presque personne nous devons y aller pendant une ou deux heures avec tante[13] et Mme Pavet[14] pour tenir la bourse nous en profiterons en même temps pour jeter encore un coup d’œil aux tableaux.
Lundi nous devons retourner à l’exposition afin de revoir encore avec bon-papa[15] la partie rétrospective puis nous irons au cours de Mlle Viollet où nous dirons adieu à nos amies et enfin nous recevrons notre petit papa chéri ; tu vois que ce sera une bonne journée bien et agréablement remplie.
Qu’ai-je à te dire encore ? Depuis que je sais que je vais te voir bientôt je ne trouve plus rien qui vaille la peine d’être consigné dans une lettre je ne puis que te dire que je me réjouis beaucoup et qu’en attendant je t’embrasse bien bien fort comme je t’aime. Émilie est encore au piano et elle étudie en ce moment avec une ardeur admirable.
Encore un bon baiser.
ta fille qui t’aime beaucoup,
Marie
J’embrasse bien fort bon-papa et bonne-maman[16].
Notes
- ↑ Émilie Mertzdorff sœur de Marie.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Alfred Desnoyers.
- ↑ Paul et Georges Festugière.
- ↑ Ernest Pillette.
- ↑ Jeanne Laroze, épouse de Frédéric Merlhe.
- ↑ Pauline Nicolas épouse de Jean François Laroze.
- ↑ Paul Nicolas et son épouse Stéphanie Duval.
- ↑ Pauline Roger, veuve de Louis Roger.
- ↑ Cours d’anglais donné par Céline Silvestre de Sacy, épouse de Frédéric Foussé.
- ↑ Henriette Baudrillart.
- ↑ « Salon de peinture et de sculpture », qui se tient chaque année à Paris.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
- ↑ Jules Desnoyers.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Samedi 27 juillet 1878. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_27_juillet_1878&oldid=61640 (accédée le 7 octobre 2024).
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