Mardi 26 juillet 1881

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)


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26 Juillet 81

Ma chère Marie

Je viens de recevoir ta bonne lettre de même Émilie[1] me donne des nouvelles de Paris.

avec ta lettre j’ai reçu une de Léon[2] qui est toujours très content de sa cure qui tire vers sa fin. Mais pour rentrer il lui faudra bien du temps car je suppose qu’il passera par Berck sur Mer où il séjournera quelques jours.

Nous venons de décider que Jaeglé[3] ira passer la semaine prochaine à Berlin, c’est malheureusement urgent & je me trouverai tout à fait seul[4] comme dans le temps, mais avec bien des années de plus, tout naturellement il y restera le moins de temps possible mais il faut compter 8 jours.

Léon sera prêt à rentrer pour ce moment, je resterai encore quelques jours avec lui pour décider bien des choses que je ne trouve pas convenable de faire tout seul d’autant qu’il faudrait alors reprendre pour de bon le collier de misère ce que je ne voudrais cependant pas.

Ce ne sera donc qu’après que j’aurai ma liberté & que je m’empresserai d’aller embrasser mes enfants, peu importe où ils se trouveront.

J’irai donc te retrouver à Villers & si rien n’est fixé à Paris, Émilie m’accompagnera, ce ne sera sans doute pas pour un long séjour, mais je me réjouis tant de vous embrasser que quelques jours suffiront à peine.

Il est plus que probable que votre Oncle[5] sera fatigué de son long voyage & qu’il aura besoin de sortir de Paris & il est probable que nous le suivrons si toutefois Aglaé[6] trouve la possibilité de quitter. Tu vois que je n’ai pas d’idée à moi & suis parfaitement décidé si rien ne m’en empêche d’ici à suivre & à aller où l’on me poussera.

Il est rare que l’on fasse ce que l’on voudrait & je me doutais bien que pendant l’absence de Léon je ne quitterais pas la fabrique.

Si votre tante croit qu’elle fera bien de passer le mois d’Août à Launay avec sa mère[7], je ne demande pas mieux que d’y passer une partie du temps, ne cherchant d’autre plaisir que d’être avec vous tous.

Je comprends que tu te réjouisses bien de revoir Marcel[8] & lui-même ne doit pas être fâché de revenir auprès de sa petite femme & de quitter la dure car il doit être saturé du cheval & de la tente.

Il n’y a à ce qui me semble que peu de jours que je vous ai écrit & je pense que vous aurez reçu ma lettre, depuis je n’ai pas grand chose à ajouter en fait de nouvelles. J’attends les Duméril[9] pour fin de la semaine ou commencement de l’autre car ils sont à Tonnerre & n’y comptent passer que quelques jours.

M. Zimmermann[10] a définitivement quitté les Berger[11], le voilà rentier & aura parfois le temps long à Vieux-Thann, car il ne sait pas s’occuper dans sa maison comme l’Oncle Georges[12].

Dimanche élections municipales par conséquent grandes agitations car tout le monde voudrait être des notables.

Par ces grandes chaleurs les Dames Berger[13] ont passé leurs journées à la cave, ainsi que Mme Auguste Scheurer[14] qui invitait tout le monde à cette partie de plaisir.

Dimanche j’ai dîné chez les Berger & l’ai payé par une nuit sans sommeil ce qui m’a fait promettre que je ne recommencerai plus. Je suis tellement habitué à peu manger le soir, qu’il me faut toujours un bout de temps à Paris pour m’y habituer de nouveau. l’on n’est plus jeune & les nouvelles habitudes sont difficiles à prendre.

Ma lettre est attendue par Stern[15] qui porte à la poste de 4h. Avec prière d’embrasser tout ton entourage je suis ton père qui t’aime

ChsMff


Notes

  1. Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  2. Léon Duméril, en cure à Cauteret.
  3. Frédéric Eugène Jaeglé.
  4. Seul responsable de l’usine.
  5. Alphonse Milne-Edwards, en expédition scientifique sur Le Travailleur.
  6. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (« votre tante »).
  7. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  8. Marcel de Fréville.
  9. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril, à Tonnerre chez Charles Courtin de Torsay.
  10. Thiébaut Zimmermann.
  11. La famille (l'entreprise) de Louis Berger.
  12. Georges Heuchel.
  13. Joséphine André, épouse de Louis Berger, et ses filles.
  14. Céline Kestner épouse d’Auguste Scheurer.
  15. Stern, domestique chez les Mertzdorff.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Mardi 26 juillet 1881. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_26_juillet_1881&oldid=53957 (accédée le 21 novembre 2024).

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