Lundi 5 janvier 1874 (B)

De Une correspondance familiale

Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à ses petites-filles Marie et Emilie Mertzdorff (Paris)

original de la lettre 1874-01-05B pages1-4.jpg original de la lettre 1874-01-05B pages2-3.jpg


Morschwiller 5 Janvier 1874.[1]

Mes bien chères petites filles,

Vos bonnes lettres que j’ai reçues il y a quelques jours ont été lues et relues et toujours avec un nouveau plaisir, nous vous suivons dans votre travail, dans vos récréations, dans ces douces et instructives conversations que vous avez avec les chers parents qui vous entourent.

Ce cours[2] que vous suivez avec tant d’intérêt vous a mises en rapport avec des jeunes personnes parfaitement élevées, à la tête desquelles je vois, d’après ce que vous dites, qu’il faut mettre Paule Arnould, je l’avais remarquée lorsque j’ai été à Paris, j’avais remarqué aussi sa mère[3] dont l’expression sensée, douce et bonne ne s’oublie pas. Nous jouissons dans notre éloignement de vous savoir si bien entourées ; ai-je besoin de dire combien je pense à votre bonne tante Aglaé[4] qui remplace vos deux tendres mères[5]. En l’écoutant vous vous dites, mes chéries, que ses paroles sont celles des deux saintes femmes qui sont au Ciel.

Non non, mes bonnes petites, malgré tout le plaisir que me font vos lettres, je n’en demande pas, je ne veux pas prendre sur le temps de votre récréation dont vous avez aussi bien besoin. Voici ce que m’écrit la chère tante Adèle[6] pour s’excuser de son silence et les raisons qu’elle donne je puis les appliquer à vous-mêmes, mes enfants chéries.

« Vous allez penser, cher oncle et chère tante[7], en voyant une lettre de moi qu’il est fort heureux que le jour de l’an revienne chaque année afin que vous n’oubliiez pas tout à fait la forme de mon écriture. Je pense cependant bien à vous, je vous assure, et le manque de temps m’empêche seul de venir causer plus souvent avec vous »,

plus bas elle ajoute :

« Je finis cher oncle et chère tante par où j’aurais dû commencer, en vous envoyant tous mes souhaits de bonne année, et en vous disant, ce que vous savez bien du reste, combien je vous aime et combien je désire que cette année vous soit moins douloureuse que celle qui vient de s’achever. »

Nous avons un nouveau Curé[8] depuis huit jours, il est venu nous faire sa visite que nous comptons lui rendre cette semaine. Le bon vicaire que nous avions et qui a fait à Morschwiller l’office de Curé pendant trois mois, a été, à notre grand regret appelé ailleurs, c’est un prêtre qui s’était attiré ici l’affection de tous ses paroissiens.

Nous jouissons bien des bonnes nouvelles que nous avons de la santé de mon cher frère[9] qui va mieux que jamais, me dit-on, quand vous le verrez embrassez-le pour moi ainsi que notre bonne cousine Fidéline[10] dont la lettre reçue il y a quelques jours nous a fait grand plaisir.

Adieu mes petites chéries, le grand-papa[11] et l’oncle[12] se joignent à moi pour vous embrasser bien fort pour vous envoyer mille choses affectueuses à partager avec votre bon père[13] et les chers parents[14]

Félicité Duméril

Comment vont les petites Berger[15] ? y a-t-il un moyen de les voir ?

Marie Stoecklin est venue la semaine passée me faire visite avec sa mère[16], elle est bien gentille et s’occupe toujours beaucoup de sa petite nièce[17] qui est une enfant charmante.

Adieu encore une fois petite Marie, petite Emilie chéries.

Nous avons eu le plaisir de dîner ici Dimanche dernier avec M. et Mme Paul Nicolas[18]


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Le cours des dames Charrier-Boblet.
  3. Paule Baltard, épouse d’Edmond Arnould.
  4. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  5. Caroline Duméril (†) et Eugénie Desnoyers (†), première et seconde épouses de Charles Mertzdorff.
  6. Adèle Duméril, épouse de Félix Soleil, cousine.
  7. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
  8. Joseph Obrist.
  9. Charles Auguste Duméril.
  10. Fidéline Vasseur.
  11. Louis Daniel Constant Duméril.
  12. Léon Duméril.
  13. Charles Mertzdorff.
  14. La famille Desnoyers.
  15. Marie et Hélène Berger, dans un pensionnat à Conflans.
  16. Elisa Heuchel, épouse de Jean Stoecklin.
  17. Jeanne Heuchel.
  18. Probablement M. et Mme Paul.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Lundi 5 janvier 1874 (B). Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à ses petites-filles Marie et Emilie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_5_janvier_1874_(B)&oldid=40572 (accédée le 25 avril 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.