Mercredi 21 janvier 1874
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)
Ma chère Marie[1]
Mon projet était de vous écrire aujourd'hui encore assez à temps pour quelle parte par Melcher[2] à 7h.
Mais j'ai trop bavardé au bureau, l'heure du dîner est venue trop vite & je me suis trouvé en retard.
Comme malheureusement trop souvent, il y avait fort peu de voyageurs dans le train, la place ne m'a pas manqué pour m'étendre en long & en large ; malgré tous ces agréments je n'ai trouvé un peu de sommeil que vers le matin. Le voyage s'est très bien passé, sans retard, je suis arrivé grandement à temps à Mulhouse pour la tasse de café. Léon[3] est venu à ma rencontre de sorte que j'ai eu des nouvelles de Morschwiller & même d'ici.
Arrivé ici j'ai trouvé l'Oncle[4] & tout son bureau fort contents de me revoir. L'Oncle va bien ainsi que sa femme[5].
Je ne sais pourquoi Nanette[6] se figurait que vous[7] m'accompagniez & j'ai presque été mal reçu, lorsqu'elle m'a vu arriver seul. Mais tout le monde s'est informé de vos santés, ainsi que de celles de Oncle & tante[8].
J'avoue que je suis un peu fatigué & je me propose de me coucher de bonne heure.
Je t'écris très à la hâte & cela ma chère enfant c’est parce que je n'ai pas de tête.
Je rentre avec la clef du secrétaire de Paris & je ne retrouve pas ici les clefs des diverses caisses, bureaux etc. mon petit trousseau que j'ai toujours dans ma poche & que tu connais bien.
Je t'envoie donc ma clef. te priant de voir si tu retrouves dans le petit bureau de ma chambre le petit trousseau que tu remettrais à Mme Berger[9] pour leur retour à Vieux-Thann.
J'étais déjà assez loin de la maison lorsque j'ai reconnu que j'emportais clefs de bureau & de la maison, trop loin pour faire tourner la voiture.
mais j'espérais retrouver mes clefs de Vieux-Thann ici, car je ne les vois à dans mon bureau de Paris.
Si tu ne les retrouves pas, c'est que je les ai si bien cachées ici que je ne les retrouve plus. Je finirai cependant par les découvrir, car espérons qu'elles ne sont pas perdues.
Il a fait toute la nuit un temps beaucoup trop beau & surtout trop doux pour la saison ce n'est qu'en nous approchant vers le matin des vosges que j'ai pensé à ma couverture, malgré la fenêtre ouverte.
Il y a bien sur les plus hauts sommets des montagnes un peu de neige, mais bien peu & la température est aussi douce ici qu'à Paris.
Le dernier enfant de Melcher[10] est mort ces jours dernier de sorte qu'il ne leur reste plus que 4[11]. Ils ont bien déjà perdu 10 enfants ces pauvres gens. Il avait un an & a bien & cruellement souffert. de sorte que l'année passée ils en ont perdu 2[12].
Je ne suis pas encore allé à la fabrique & ne sais pas ce que je trouverai de changé, mais tout ce que je sais & savais c'est que l'on travaille peu faute de pièces. Il paraît du reste se confirmer que les Wesserling sont encore bien plus en peine que nous.
Je vous embrasse toutes deux[13] de tout mon cœur ainsi que Oncle & tante. votre père qui vous aime
Charles Mff
Mercredi Soir 6h.
Cette lettre ira encore à la poste ce soir.
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Melchior Neeff, concierge chez les Mertzdorff.
- ↑ Léon Duméril.
- ↑ Georges Heuchel.
- ↑ Elisabeth Schirmer, épouse de Georges Heuchel.
- ↑ Annette, cuisinière chez les Mertzdorff.
- ↑ Marie et sa sœur Emilie Mertzdorff.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards et son épouse Aglaé Desnoyers.
- ↑ Joséphine André, épouse de Louis Berger.
- ↑ Marie Stéphanie Neeff.
- ↑ Marie Anne Neeff est l’une des 4 enfants vivants.
- ↑ Madeleine Louise Neeff (3 ans) et un enfant mort-né.
- ↑ Marie et sa sœur Emilie Mertzdorff.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mercredi 21 janvier 1874. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_21_janvier_1874&oldid=51621 (accédée le 3 octobre 2024).
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