Jeudi 12 juin 1873
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à ses fille Marie et Emilie Mertzdorff (Paris)
12 Juin 73.[1]
Mes chers Enfants.
J'étais hier pour la première fois depuis fort longtemps à Mulhouse. Le matin M. Seillière[2] m'a quitté de fort bonne heure ainsi que Léon[3]. Le premier Vogt[4] l'a conduit à Wesserling le 2d est rentré à Morschwiller. Dans la matinée visite d'un Berlinois personnage fort ennuyeux & que j'aurais volontiers mis à la porte s'il n'était un client avec lequel Vieux-thann est appelé de vivre. En dînant une demie heure plus tôt, un train quittant à 1 h Thann, l'on arrive juste pour l'heure de la bourse, c'est ce que j'ai fait.
Les amis que j'ai vus & qui sont dans l'industrie ne sont pas gais, les affaires vont si mal que chacun se demande combien de temps il soutiendra la crise. En Allemagne du reste il en est de même sinon pire. Enfin cette visite à la Bourse m'a laissé une impression très pénible pour notre pauvre Alsace. Heureusement qu'il y a encore des éléments vigoureux & puissants par la richesse accumulée à force de travail j'espère qu'elle ne succombera pas.
J'attends ce matin 10 h l'Oncle & tante Zaepffel[5] qui viennent passer 2 jours à Vieux-thann pour d'ici s'en aller en Suisse à Saxon où l'on compte rester 3 semaines pour après rentrer de nouveau à Colmar. J'aurais désiré vous écrire hier au soir, mais la paresse ou la fatigue en ont disposé autrement.
Par contre ce matin dès 5 h j'étais sur pied. Je vous écris il est à peine 6 heures, j'ai bien des choses à faire encore avant l'arrivée de mes hôtes & je me dépêche.
Bon-papa & bonne-Maman[6] vont bien à Morschwiller il y a longtemps que je ne les ai plus vus. je devais y aller aujourd'hui l'on doit essayer la nouvelle machine à vapeur & partie de la nouvelle construction. Mais j'ai dû remettre à plus tard.
Aussi je prévois que mon petit voyage à Belfort ne sera pas le terme de mon séjour ici. Samedi allant à Belfort le matin je rentrerai le soir & passerai ma journée de Dimanche & Lundi à Morschwiller. Je passerai ma journée de Mardi ici & si rien ne vient changer mes projets c'est Mardi soir que je prendrai le chemin de fer pour aller vous embrasser.
Nous voilà encore avec un temps pluvieux, sombre & froid pour la saison. Je pense qu'il en est de même à Paris. Nous devions déjà commencer la récolte des foins qui ne sera pas très belle, mais ce temps incertain nous a remis à Lundi prochain. Pauvre Nanette[7] aura à descendre plus d'une fois dans la journée pour désaltérer le monde occupé à ce travail.
Il y a 8 jours j'ai fait visite à sœur Marie Félicie, elle était justement occupée à son ouvroir avec Mme <Hug> le nombre d'enfants est toujours considérable & la bonne sœur est contente de ses petites filles. Mais à Roderen & à Leimbach, l'on a cessé le travail-
En voyageant hier avec M. Stoecklin[8] j'ai demandé des nouvelles de M. Conraux[9] qui ne va pas bien du tout & son fils[10] a été aussi très malade à Bitschwiller, il va ce dernier va mieux, mais l'on ne paraît pas rassuré sur sa santé. Mme Stoecklin mère[11] est aussi très souffrante.
Je n'ai pas encore trouvé le moment pour aller faire visite aux orphelinats & cependant je n'aimerais pas quitter sans l'avoir fait. J'ai dû rester président de l'hôpital comme presque seul catholique & pour cela il faut que j'aille faire visite à Mlle Marie. Quant à sœur Bonaventure j'ai toujours du plaisir de lui causer, elle est tellement sensée & de bons conseils.
Voilà déjà presque 7h, je cours déjeuner, mais avant je vous embrasse bien bien fort, vous priant d'en faire autant pour Oncle & tante[12] sans oublier notre bonne Cécile[13].
Je ne sais si bonne-maman[14] a fait la commission de Cécile pour ce que j'ai à lui porter je m'en informerai ; mais pour plus de sûreté vous feriez peut-être bien de m'adresser la liste des objets que vous réclamez.
tout à vous mes chéries
Charles Mertzdorff
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Frédéric Seillière, auquel Charles Mertzdorff est associé à Senones.
- ↑ Léon Duméril.
- ↑ Ignace Vogt, cocher des Mertzdorff.
- ↑ Edgar Zaepffel et son épouse Emilie Mertzdorff.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
- ↑ Annette, cuisinière chez les Mertzdorff.
- ↑ Possiblement Alfred Stoecklin.
- ↑ François Joseph Conraux, médecin à Thann.
- ↑ Paul Conraux.
- ↑ Possiblement Elisa Heuchel, épouse de Jean Stoecklin.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards et son épouse Aglaé Desnoyers.
- ↑ Cécile, bonne des demoiselles Mertzdorff.
- ↑ Félicité Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Jeudi 12 juin 1873. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à ses fille Marie et Emilie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_12_juin_1873&oldid=39804 (accédée le 15 novembre 2024).
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