Vendredi 13 juin 1873

De Une correspondance familiale

Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


Paris le 13 Juin 1873[1]

Mon cher Papa,

Voici bien longtemps que je ne t'ai pas écrit et, pourtant j'ai bien pensé à toi seulement tu sais que c'est la retraite de St Médard qui m'en a empêchée. Elle a commencé Dimanche soir et s'est terminée hier. Je ne sais si Emilie[2] t'a dit qu'elle avait été très bien prêchée et j'ai eu vraiment du plaisir à la suivre, j'étais à côté de la sœur Louise. Sans elle je crois que je n'aurais pu être placée dans la nef ne devant pas renouveler en blanc mais non seulement j'ai été auprès d'elle ce qui m'a été beaucoup plus agréable que d'être à côté d'une petite fille de la rue Mouffetard j'ai eu en plus une chaise ce que personne n'avait que les maîtresses de pension. Ainsi tu vois que j'ai été privilégiée.

Nous avons reçu ta bonne lettre ce matin qui comme toujours nous a bien fait plaisir, cependant nous n'avons pas été contentes du tout en apprenant que tu ne nous arriverait que Mercredi nous qui comptions déjà t'embrasser Dimanche !

Sais-tu qu'il va y avoir un mois que tu nous as quittées ? Et que ce mois m'a paru long !

Nous venons de prendre notre leçon d'allemand[3] et Emilie est à sa leçon de piano avec Mlle Poggi les petits Roger[4] ont tous la rougeole.

Mercredi nous avons été à notre cours[5] je n'avais naturellement pas pu apprendre toutes mes leçons pourtant il n'a pas trop mal marché la seule chose qui ne m'a pas fait plaisir cela a été de m'entendre nommer dernière pour la dictée décidément ce pauvre orthographe me donne bien de la peine.

Tu me demandes mon cher père, ce dont nous avons besoin. Ce sont nos costumes de bain car si le temps veut bien se mettre au beau nous prendrons des bains froids. Cécile[6] me dit qu'ils sont dans l'armoire du grenier du fond près de l'endroit où on met les malles. Il faut tous les prendre ainsi que nos bonnets.

Ce matin nous avons porté chez la femme Blondeau ma petite layette et le berceau d'Emilie. Emilie a porté elle-même sa paillasse de chez les sœurs puis une fois arrivée elle a fait (toujours elle-même) le lit et a couché le petit bébé de deux jours je t'assure que nous nous sommes joliment bien amusées.

Du reste ce sont des gens très propres. J'avais rarement vu de bébés aussi petits il était tout rouge et on voyait à peine ses yeux.

J'ai envoyé il y a quelques jours mon petit couvre-pied à Besançon[7] et j'en ai reçu les remerciements ce matin.

Adieu mon cher papa à bientôt j'espère en attendant je t'embrasse de toutes mes forces.

ta petite Marie


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Emilie Mertzdorff.
  3. Avec Mme Lima, professeur d’allemand.
  4. Thérèse, Louis Julien Joseph et Louis Amélie Edmée Roger, enfants de Pauline Roger, professeur de piano.
  5. Cours des dames Charrier-Boblet.
  6. Cécile, bonne des demoiselles Mertzdorff.
  7. Probablement un couvre-pied pour Louise Soleil, bébé dont Marie Mertzdorff est la marraine.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Vendredi 13 juin 1873. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_13_juin_1873&oldid=35743 (accédée le 24 avril 2024).

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