Vendredi 16 mars 1877
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris le 16 Mars 77.
Mon Père chéri
Comme le temps passe ! plus que quelques jours, et nous serons de nouveau ensemble à Vieux-Thann, si tu savais combien nous nous réjouissons ; le mariage[1] est décidément fixé n’est-ce pas au Lundi 9 Avril ?
Nous avons reçu ton petit mot de Dimanche et nous t’en remercions mille fois ; j’espère que tu vas bien et surtout que tu ne te fatigues pas trop.
Je t’écris de chez Mme Roger[2] j’ai déjà pris ma leçon, Emilie[3] est à la sienne et ira avec Mme Roger aux chœurs, moi pendant ce temps je ferai des courses avec tante[4] car je t’assure que nous avons bien des choses à faire avant notre départ ; nous venons d’essayer nos robes je pense qu’elles seront très bien mais très simples. Nous aurons (si toutefois cela t’intéresse car c’est bien ennuyeux) nos jupons de velours noir avec des robes laine et soie gris perle relevées dessus ; on nous fait faire aussi des robes de toujours[5] grises garnies de bleu foncé ; cette pauvre tante n’est guère contente de la sienne cependant elle est très jolie mais elle la trouve bien trop voyante.
Par exemple la question chapeau n’est pas encore abordée et cependant ce n’est pas la plus amusante, ce sera pour demain.
Pendant que j’y pense, mon petit père, et que je suis à ma leçon de piano, je voudrais te penser faire penser au piano de Vieux-Thann si tu sais l’adresse de l’accordeur tu serais bien bon de le faire venir car le matin nous pourrions peut-être bien en faire un peu.
C’est demain le jour terrible pour nos pauvres amies[6] mais je suis persuadée qu’elles seront reçues, le bulletin de Dimanche te l’apprendra. Hier c’était le jour du cours il n’y a rien eu de particulier ; le soir la famille, Mme Brouardel[7] a dîné avec nous.
Je ne sais en vérité plus ce que je t’écris et je t’en demande bien pardon mais ce matin il m’a été impossible de le faire j’ai eu Mlle Duponchel[8] mais à 10h Frau Lima[9] qui nous remplaçait une leçon manquée à 12h1/2 il a fallu partir pour la douche & et maintenant me voilà encore pressée décidément je crois que c’est ce qui arrive toute la vie et du reste il vaut encore mieux cela que de s’ennuyer comme cette pauvre bonne-maman[10].
Demain nous avons l’intention d’aller faire visite à Mme Gastambide[11] car c’est son jour.
Il n’y a encore rien de positivement fixé pour notre départ mais il est très probable que si rien ne vient à la traverse nous partirons demain en 8 autrement dit Samedi 26 au matin. Approuves-tu ?
Mais adieu et pardon mon petit père, je suis vraiment honteuse de t’envoyer une telle horreur et j’espère que tu t’en serviras bien vite pour te chauffer. Je suis à moitié folle de mon voyage et ne fais que dire des bêtises. Je t’embrasse de tout mon cœur ainsi que bon-papa et bonne-maman[12].
Ta fille qui t’aime,
Marie
Notes
- ↑ Le mariage de Léon Duméril avec Marie Stackler.
- ↑ Pauline Roger, veuve de Louis Roger, professeur de piano.
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Robes pour tous les jours ?
- ↑ Paule Arnould et Henriette Baudrillart.
- ↑ Élisabeth Coudray, veuve de Pierre Brouardel.
- ↑ Marie Louise Duponchel, professeur de dessin.
- ↑ Madame Lima, professeur d’allemand.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Emilie Delaroche, épouse d’Adrien Joseph Gastambide.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 16 mars 1877. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_16_mars_1877&oldid=35795 (accédée le 14 novembre 2024).
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