Lundi 12 mars 1877

De Une correspondance familiale

Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)

original de la lettre 1877-03-12 pages 1-4.jpg original de la lettre 1877-03-12 pages 2-3.jpg


Vieux-Thann 12 Mars 1877.

Ma bien chère Aglaé,

Ta bonne lettre nous a causé un sensible plaisir en nous apprenant ton arrivée prochaine à Vieux-Thann et en nous faisant connaître l’impression qu’ont faite sur toi mesdames Stackler[1] qui, de leur côté, sont heureuses d’avoir fait ta connaissance et celle de nos chères petites[2] ; si elles l’avaient pu, elles se seraient certainement rendues à ton aimable invitation du Jeudi soir, mais toutes deux étaient, à ce qu’il paraît, si fatiguées qu’elles n’ont pas pu songer à sortir la veille de leur départ. Léon a dû aller hier à Mulhouse et j’espère qu’il pourra nous dire que Madame Stackler et Marie ont pris le repos dont elles avaient bien besoin l’une et l’autre. Avant-hier aussitôt après le dîner nous avons été à la fabrique mon mari[3] et moi, étant tous deux impatients d’avoir des nouvelles sur notre cher monde de Paris. Je deviens vraiment importune à force de questions, puis j’aime à revenir sur ce qui m’a déjà été dit, c’est ce qui arrive à la vieillesse qui ne se lasse jamais de détails se rapportant à la famille et aux amis. La jeune mère[4] avec ses filles, nos chéries, M. Alphonse[5], tes bons parents[6], M. Edwards[7], tes chères sœurs[8], leurs enfants, tout ce cher monde me revient à la pensée suscitant mille questions qui toutes m’intéressent vivement. J’ai lu plusieurs fois la bonne lettre de Madame Dumas qui sait si bien sentir et exprimer les sentiments du cœur ; rien de plus parfait que ce qu’elle me dit au sujet d’un mariage. Elle et moi comprenons combien dans ce moment solennel on a besoin de recourir à Dieu, de le prier de répandre ses bénédictions sur les enfants, objets constants de la sollicitude des parents.

Il sera donc dit, ma bonne Aglaé, que toi et Charles[9] vous me gâterez sans cesse. Je ne m’attendais nullement à ce beau cadeau de robe que je viens de recevoir, j’espérais que la moire marron aurait pu se teindre. Bonne Aglaé, que de courses tu as déjà faites pour m’obliger, tu es bien pour nous une vraie fille. Embrasse bien pour moi ta bonne mère, dis-lui que ce sera avec bonheur que je porterai son mantelet le jour du mariage de Léon et que son souvenir sera parmi mes douces impressions. J’ai écrit hier à ma sœur[10] pour lui faire part de la date du mariage et la prie d’avancer le jour de son arrivée à Vieux-Thann si cela lui est possible, mon mari a écrit de son côté à mon frère[11] dans le même but.

Au revoir ma bien chère Aglaé je suis si heureuse en songeant que je te verrai bientôt avec nos petites chéries, je suis sûre qu’elles ont pris une vive part aux succès obtenus par Paule Arnould et Henriette[12], et de mon côté je les en félicite bien aussi.

Mon mari et moi envoyons mille amitiés à chacun.
Félicité Duméril.

Il fait si froid qu’on met tout ce qu’on a de plus chaud. Le vent a été terrible ces jours-ci.


Notes

  1. Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler et sa fille Marie Stackler, fiancée à Léon Duméril ; ils reviennent d’un voyage à Paris.
  2. Marie et Emilie Mertzdorff (« nos chéries »).
  3. Louis Daniel Constant Duméril.
  4. Aglaé Desnoyers-Milne-Edwards, destinataire de la lettre, qui élève les demoiselles Mertzdorff.
  5. Alphonse Milne-Edwards.
  6. Jules Desnoyers et son épouse Jeanne Target.
  7. Henri Milne-Edwards.
  8. Ses belles-sœurs : Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas (« Madame Dumas ») et Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
  9. Charles Mertzdorff.
  10. Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril.
  11. Charles Auguste Duméril.
  12. Henriette Baudrillart.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Lundi 12 mars 1877. Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_12_mars_1877&oldid=40240 (accédée le 18 avril 2024).

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