Samedi 9 mai 1818

De Une correspondance familiale


Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à son père François Jean Charles Duméril (Amiens)


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n° 244

Paris le 9 mai 1818.

Mon cher père,

ma cousine Duval[1] veut bien se charger d’une caisse qui renferme quatre gravures encadrées de l’excellente image que Boilly avait faite de vous. je l’ai fait exécuter par l’un de nos meilleurs artistes[2], qui l’a dessinée sur pierre. on trouve cette copie très ressemblante et c’est pour moi un grand bonheur. l’un des cadres vous est destiné. les autres sont pour mes frères Auguste et Montfleury[3] et pour madame Duval. j’ai joint à la caisse dix autres exemplaires vous voudrez bien en faire remettre de ma part un exemplaire à Duval Duquesnel[4], à M. Barbier[5], à M. Bertera[6]. si vous en désirez d’avantage, faites-le moi dire. je conserve la pierre qui pourra servir à en tirer d’autres au besoin. j’en ai encore une quarantaine à ma disposition. je désirerais bien pour mes frères et pour moi avoir une aussi bonne représentation de l’aimable visage de notre mère[7]. Si son état de santé lui permettait de venir à Paris je l’engagerais bien à nous procurer cette jouissance. j’ai su par monsieur Barbier avec lequel je m’en suis médicalement entretenu qu’elle était un tant soit peu mieux. nous regrettons tous deux que le courage lui ait manqué dans les premiers temps de son incommodité car il n’y a pas de doute qu’elle n’ait beaucoup aggravé son mal en évitant les mouvements qui lui étaient douloureux.

j’aurais voulu vous renvoyer votre montre à répétition. L’horloger qui m’a déjà manqué tant de fois me l’avait promise de la manière la plus positive pour aujourd’hui mais je vois qu’il me manquera encore de parole. d’un autre côté, quand bien même il me la rendrait, je la garderai quelque temps pour m’assurer de son bon état. d’après ce qu’il m’a expliqué et fait voir, cette réparation dont il n’avait pas jugé de l’importance lui a donné beaucoup d’ennuis et de difficultés.

Je vous écris bien peu mais en vérité je mène une vie si active, si préoccupée que je ne fais jamais ce que je veux. ma clientèle médicale s’est beaucoup étendue et par une circonstance qui peut devenir très importante pour moi par la suite, j’ai été chargé par la faculté de faire à la place de M. Bourdier, qui est affecté d’une maladie longue mais mortelle, un cours dit de pathologie. je m’en suis chargé dans l’espoir de quitter la chaire d’anatomie qui est beaucoup plus fatigante et moins honorable. je n’avais aucune note pour commencer mes leçons. il me faut passer une partie de nuit pour les préparer. heureusement mon zèle est couronné du plus grand succès. j’ai jusqu’à 1 200 auditeurs. j’ai donné ma 14e leçon hier, je dois en faire trente-deux jusqu’au 15 juin époque à laquelle M. Pinel finira le cours et où je commencerai celui des poissons au jardin du Roi.

j’espérais, Mon cher père, continuer cette lettre et vous donner un peu plus de détails. j’ai été interrompu, obligé de sortir. heureusement Alphonsine[8] pendant mon absence a pu écrire à ma sœur[9] avec quelques détails et elle a suppléé à ce que j’aurais pu vous dire. madame Duval d’ailleurs qui a été un peu avec nous répondra à toutes vos questions. nous vous embrassons bien tendrement ainsi que ma mère, Désarbret[10], Reine et Rosalie[11]

Votre fils tout dévoué

C. Duméril


Notes

  1. Probablement Flore Maressal, épouse d’Augustin Duval, conseiller à la cour d’Amiens.
  2. Le peintre et lithographe Nicolas Henri Jacob.
  3. Auguste (l’aîné) et Florimond,dit Montfleury (l’aîné).
  4. André Marie Constant Duméril appelle ainsi son cousin Alexandre Duval.
  5. Jean Baptiste Grégoire Barbier.
  6. Pierre Bertera.
  7. Rosalie Duval.
  8. Alphonsine Delaroche, sa femme.
  9. Reine Duméril.
  10. Joseph Marie Fidèle dit Désarbret, frère d’AMC Duméril.
  11. Sœur aînée d’AMC Duméril, épouse d’Augustin Testu, rarement mentionnée.

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 3ème volume, p. 160-163)

Annexe

A Monsieur

Monsieur Duméril père

A Amiens

Pour citer cette page

« Samedi 9 mai 1818. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à son père François Jean Charles Duméril (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_9_mai_1818&oldid=61572 (accédée le 10 octobre 2024).

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