Mercredi 2 octobre 1872

De Une correspondance familiale

Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)

original de la lettre 1872-10-02 pages 1-4.jpg original de la lettre 1872-10-02 pages 2-3.jpg


Mlle Augusta[1]

Mercredi

Ma bonne petite Gla,

Ta lettre est enfin arrivée ; nous commencions à être inquiets de ne pas recevoir de nouvelles d'Alphonse[2], et je crois bien que j'aurais fait partir une dépêche aujourd'hui si ta lettre n'était venue nous rassurer. Maman[3] parle toujours de son petit Alphonse qui se fatigue trop, qui n'a pas eu le repos et le bon air dont il avait encore besoin avant de reprendre ses cours d'hiver. Enfin les intéressants limules sont arrivés bien mal à propos pour nous tous.

Tu n'a pas besoin de notre permission pour aller à Launay, et nous serons contents tous si l'air des sapins peut faire du bien à Alphonse et je crois que vous ferez bien de vous donner encore un peu de campagne avant le 1er Novembre et puisque Thann est trop loin, vous ne pouvez pas mieux faire que d'aller à Launay ; en emmenant Estelle[4] tu peux très bien avec l'aide de la mère Michel[5] y passer 8 ou 15 jours et y être très bien ; je ne peux que vous y engager ; nous voudrions vous savoir encore un peu à la campagne tous les deux ; vous avez repris trop tôt votre vie de travail.

Je te remercie bien de t'occuper de Mlle Augusta, c'est une brave fille qui mérite qu'on s'intéresse à elle à ce que je crois. Elle ne peut que surveiller l'étude du piano, elle n'est pas assez forte pour donner les leçons. Elle a été élevée à Ribeauvillé chez les sœurs de la Providence, elle a passé 4 ans en Allemagne comme sous-maîtresse donnant seulement les leçons de français, et suivant les cours supérieurs de littérature, d'histoire, & donnés en Allemand par des professeurs. Elle a son diplôme et s'est toujours occupée d'éducation, elle a été comme institutrice dans deux maisons où il y avait plusieurs enfants.

Elle doit être en ce moment chez sa sœur Mme Ruyer[6] à Lutzelhouse près Schirmeck. Bas-Rhin. Tu pourrais lui écrire ou me charger de lui écrire s'il y avait lieu.

Mme Stoecklin[7] a une institutrice d'arrêtée pour le 15. Par surprise nous avons dîné hier chez elle à Morschwiller dans sa nouvelle maison ; nous sommes tous allés en voiture et en arrivant, nous avons été tout surpris d'apprendre que ce n'était pas chez bonne-maman Duméril[8] que nous dînions, on a été très aimable, et je crois que maman ne s'est pas ennuyée. La petite Jeanne[9] est bien gentille. Ces pauvres dames ont parlé chacune de leur douleur[10].

C'est bien heureux que Criquet[11] se trouve bien chez les Pères, tu dois jouir d'avoir si bien réussi.

Je n'ai rien de particulier pour le moment à faire dire à Mlle Boblet[12], des amitiés et tout le plaisir des enfants[13] de suivre le cours. Tu pourrais lui dire que si elle a quelque chose à renvoyer, comme devoirs de vacances, ou modèle de devoirs ou tableau polonais, tu peux t'en charger, et qu'en les remettant à Louise[14] tu te chargerais ensuite de nous les faire parvenir.

J'ai toujours l'intention de lui écrire (une lettre de politesse) avant que la correspondance du cours ne recommence. Maman te portera notre montant des cours[15] pour remettre à Mme Charrier[16].

Maman va bien, elle dit qu'elle ne restera que jusqu'au 8, j'espère gagner 2 ou 3 jours ; papa[17] est en Suisse depuis Lundi matin, il avait si grand désir d'aller voir les musées qu'il aurait eu regret une fois rentré à Paris de n'avoir pas mis ce projet à exécution.

Les départs ont encore été très nombreux ces derniers temps. Charles[18] a toujours l'espoir qu'on trouvera à se débarrasser des boutiques et à prendre alors assez de liberté pour se rapprocher de vous tous.

Maman est te remercie d'avoir <soigné pour> le charbon mais il faudrait qu'un<e> des domestiques fût là lorsqu'on le descendra car tu sais que Rose[19] a peur et ne va pas à la cave. C'est ce qui avait empêché maman de le commander avant son départ.

Bien des amitiés à Alfred[20].

Pour les petits bonnets 8 rangs pour le fond avant de commencer la <passe>.

Tu vois que nous sommes bien gentils de ne pas vous reparler de venir, vous savez, comme disait Charles à Marie qui voulait vous écrire pour que vous veniez : ils savent qu'ils nous font toujours plaisir, il n'y a aucune cérémonie entre nous et chacun fait ce qu'il peut. Launay, Montmorency, Vieux-Thann vous sont ouverts.

Nous vous embrassons tous bien fort

EM


Notes

  1. Marie Auguste Eschbaecher, institutrice des petites Berger.
  2. Alphonse Milne-Edwards.
  3. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  4. Estelle, domestique chez les Milne-Edwards.
  5. Louise Jeanne Françoise Peltier, épouse de Louis Michel Pieaux.
  6. Valérie Eschbaecher, épouse de Jean Baptiste Ruyer.
  7. Élisa Heuchel, épouse de Jean Stoecklin.
  8. Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
  9. Jeanne Heuchel.
  10. Les trois mères parlent de leurs enfants décédés : Elisa Madelaine Stoecklin (†), épouse de Georges Léon Heuchel (†) ; Caroline Duméril (†), première épouse de Charles Mertzdorff ; Julien Desnoyers (†).
  11. Probablement Alphonse Pavet de Courteille.
  12. Aimée Sophie Élisabeth Boblet.
  13. Marie et Émilie Mertzdorff.
  14. Possiblement Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
  15. Voir la note : document 58 BIS.
  16. Caroline Boblet, épouse d’Edouard Charrier.
  17. Jules Desnoyers.
  18. Charles Mertzdorff.
  19. Rose, domestique chez les Desnoyers.
  20. Alfred Desnoyers.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mercredi 2 octobre 1872. Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_2_octobre_1872&oldid=61966 (accédée le 18 décembre 2024).

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