Mercredi 14 mai 1879 (A)
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)
Jamais je ne saurais t'exprimer ma joie que m'a fait ta lettre de ce matin. Te voilà donc enfin débarrassée d'un gros souci pour ton père. S'il n'en parlait pas, je t'assure que j'y pensais toujours. Que de remerciements je fais dans mon fort intérieur à ta tante & ton oncle[1] de ce qu'ils aient obtenu la consultation de M. Gosselin[2].
Compliments en foule pour l'énergie & le courage que ma grosse chérie nous a montrés. Du reste nous devrions y être habitué, car lorsque j'étais avec toi il y a 6 semaines chez le dentiste[3] j'étais très content de toi ; car en somme tu y allais pour te faire extraire cette dent.
Je ne connaissais pas cet admirable procédé d'endormir & rendre insensible une partie de son individu, pourquoi ne s'en sert-on pas plus souvent. C'est autrement pratique que de vous endormir quoiqu'il n'y ait plus danger.
Tu vas avoir bien mauvaise opinion (si c'était possible ??) de moi lorsque je te dirai que je suis très content que cela se soit fait & que je ne l'aie su qu'après. La simple lecture de ta lettre m'a donné un petit tremblement qui persiste encore & il y a cependant déjà quelques heures que je le sais. Comme l'on donnerait volontiers sa propre mâchoire pour épargner celle que l'on aime.
J'ai reçu en même temps que la tienne une lettre de Mme Paul[4] qui se plaint de ne pas avoir de mes nouvelles depuis fort longtemps. Il y a une 15 de jours leur Oncle de Ribauvillé[5] a fait son voyage à BudaPest, c'est loin, il est âgé, ce voyage l'a bien fatigué & a provoqué une maladie du cœur, dont sans doute il ne se remettra plus. le voila hydropique au dernier degré en Hongrie ! c'est un grand chagrin de plus pour ces pauvres Paul.
Depuis que je vous ai écrit j'ai peu de nouvelles à vous donner d'ici. J'ai dîné aujourd'hui dans ma petite salle à manger qui est mise à neuf. Il nous faut maintenant une toile cirée pour remplacer celle qui y est & qui est dégoûtante. Est-ce ton avis, ou faut il laisser le parquet & avoir un simple tapis sous la table ? mais c'est désagréable parce que l'on s'y prend toujours les pieds &.
M. Stackler[6] est ici depuis 3 jours & doit quitter Vendredi, sa mère[7] n'ira à Dijon que la semaine prochaine.
Demain j'ai mon dîner d'actionnaires, nous sommes à 6, je n'ai pas invité ces Dames, cela me faisait un trop grand embarras, je ne suis pas organisé pour de pareilles fêtes & je ne m'en plains pas ! Je finirai encore cette semaine ici & dès le commencement de la prochaine je compte aller vous embrasser.
Nous avons aujourd'hui la première bonne & belle journée un peu chaude espérons que c'est pour rester. Jusqu'à présent le Jardinier[8] n'a pas eu le courage de sortir ses plantes de serre, mais ce sera fait cette semaine encore si nous gardons le beau temps.
M. Mairel[9] était ici ce matin son gendre M. Munsch[10] est en ce moment à Neufchâteau[11] à faire son service dans l'armée territoriale, heureusement que ce n'est que pour une 15 de jours. Mais il n'a pas encore de perspectives de notariat.
Stern[12] attend, je t'embrasse pour gagner un jour
tout à toi
ChsMff
14 Mai 79.
Notes
- ↑ Aglaé Desnoyers et son époux Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Le docteur Léon Gosselin, qui les adresse à Simon Goldenstein, dentiste.
- ↑ Ernest Pillette.
- ↑ Stéphanie Duval, épouse de Paul Nicolas.
- ↑ Léon Girault.
- ↑ Henri Stackler.
- ↑ Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
- ↑ Édouard Canus.
- ↑ Alphonse Eugène Mairel.
- ↑ Paul Édouard Munsch.
- ↑ Neufchâteau dans les Vosges.
- ↑ M. Stern, employé par Charles Mertzdorff.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mercredi 14 mai 1879 (A). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_14_mai_1879_(A)&oldid=61638 (accédée le 22 décembre 2024).
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