Lundi 6 juin 1881
Lettre d’Émilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
6 Juin 1881[1]
Mon Père chéri,
J’avais résolu de t’écrire longuement aujourd’hui, mais malheureusement je vois que je n’ai encore que bien peu de minutes, enfin je vais te raconter le plus vite possible tout ce que j’ai à te dire.
Je t’ai quitté hier au moment où nous partions pour Montmorency ; nous étions en retard, et jusqu’à ce que nous ayons atteint la gare nous étions convaincus que nous manquerions notre train en effet mais nous ne sommes arrivés qu’une minute avant son départ. Jean[2] et Marthe[3] étaient de la partie, car tu sais que Marthe est venue chercher asile à la maison Samedi matin quand sa mère[4] est partie pour Mesnières et elle restera jusqu’à Mercredi.
Il a fait hier une chaleur accablante ; quand nous sommes arrivés, bonne-maman[5] dormait et ne s’est réveillée qu’un bon moment après. Pour lui éviter toute fatigue et toute émotion, tante[6] est restée tout le temps avec elle dans sa chambre pendant que nous étions dans le jardin. Elle a dîné avec nous, en somme elle n’était pas mal et je ne crois pas que nous l’ayons fatiguée.
Nous sommes rentrés comme toujours par le train de 8h.
Aujourd’hui Lundi de la Pentecôte, j’ai commencé par visiter le courrier espérant bien y trouver une lettre de mon papa[7] me disant qu’il a fait bon voyage, mais rien du tout… qu’une déception. Ensuite, à midi, tante m’a conduite à ma leçon de chant que je ne pouvais prendre Mercredi à cause de l’examen. Comme Mme Roger[8] n’avait pas d’autres leçons nous sommes restées assez longtemps à causer. Elle nous a annoncé (ce que tante savait déjà par Mme Arnould[9] sous le sceau du secret) le mariage de M. Biver[10] avec Marie Rousset dont tu as dû souvent nous entendre parler. C’est une des meilleures élèves de Mme Roger. Ç’a été une bien grande décision mais Mme Arnould est très satisfaite du parti qu’a pris son gendre. Je crois en effet que Marie est pleine de cœur et de dévouement et qu’elle remplira cette tâche mieux que personne.
En quittant Mme Roger nous sommes entrées chez Marie[11] où nous avons trouvé tout le monde très bien, puis nous nous sommes rendues chez M. Flandrin[12].
[la pauvre] femme de Neff[13] est morte avant-hier, on l’a enterrée ce matin. Il est aussi arrivé pour toi un billet de faire-part de la mort d’un M. Duval[14], frère de M. P. Nicolas[15] de 72 ans et qui habitait Gentilly.
Bon–papa et bonne-maman[16] nous doivent venir dîner ce soir avec nous.
Adieu mon bon père, je t’embrasse bien tendrement et j’espère avoir de tes nouvelles demain.
Émilie
Notes
- ↑ Papier à monogramme : A E entrelacés.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Charles Mertzdorff.
- ↑ Pauline Roger, veuve de Louis Roger.
- ↑ Paule Baltard, épouse d’Edmond Arnould.
- ↑ Alfred Biver, veuf de Lucy Arnould.
- ↑ Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville, sœur d’Émilie.
- ↑ Paul Flandrin.
- ↑ Mathilde Guibel, épouse de Xavier Neeff.
- ↑ Jean Alceste Victor Duval, frère de Stéphanie Duval.
- ↑ Paul Nicolas, époux de Stéphanie Duval.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Lundi 6 juin 1881. Lettre d’Émilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_6_juin_1881&oldid=40592 (accédée le 18 décembre 2024).
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