Dimanche 5 juin 1881 (B)
Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 5 Juin 81
Mon cher Papa,
C’est avec plus de calme que Vendredi soir que je viens en un moment t’embrasser et causer avec toi ; quelle course au clocher nous avions faite pour arriver avent le départ de ton train ! j’ai été bien heureuse de te voir encore un instant et grâce aux revues que nous te portions on nous a laissés passer sans difficulté. J’espère que tes compagnons de voyage n’auront pas été désagréables et n’auront pas continué à fumer comme ils le faisaient. Après t’avoir quitté nous avons repris notre tramway puis Marcel[1] a eu l’idée de me conduire à l’exposition des tentures artistiques[2] où on devait faire une conférence et j’ai accepté avec joie la proposition. Les 2 salles étaient bien éclairées et nous avons eu le temps de bien voir toutes les peintures quant à l’orateur il nous a ennuyés et nous sommes partis dès le commencement.
Hier je suis restée ici presque toute la journée avec ma petite Jeanne[3] qui était bien contente d’être dans le jardin[4]. Ce matin tan à 8h tante[5] et Émilie[6] sont venues voir bon-papa et bonne-maman[7] et j’ai profité de leur visite ; puis j’ai été à la messe nous avons déjeuné puis nous avons été dans le jardin où bon-papa et bonne-maman sont encore en compagnie de cousine Fidéline[8]. Je t’écris du cabinet de Marcel où nous sommes tous les deux mais moi j’ai fait quelques petites expéditions dans le jardin de sorte que ma journée a été à peu près perdue. Jeannette continue à se bien porter elle dort et mange à merveille et fait la joie de ses parents. Bon-papa continue ses recherches d’appartements il en a trouvé un aujourd’hui du côté de la rue Monge et de Saint-Médard (dans la rue où est le bureau d’oncle Alfred[9]), et il hésite entre cette maison-là et celle de la rue d’Enfer.
Ce soir bon-papa et bonne-maman dînent chez Mme Fröhlich[10], et demain au Jardin et Mardi chez Mme Gastambide[11]. Aujourd’hui oncle[12], tante et Émilie sont à Montmorency.
Je vois qu’il est bien tard, mon cher Papa et j’aime mieux avoir la certitude que ce petit mot un peu court t’arrive demain matin que d’écrire une plus longue lettre que tu n’auras que Mardi ; je t’embrasse donc un peu [à] la hâte mais de tout mon cœur et aussi fort que possible.
ta fille
Marie
Notes
- ↑ Marcel de Fréville.
- ↑ Première exposition des tentures artistiques, Palais de l’École des Beaux-Arts.
- ↑ Jeanne de Fréville (« Jeannette »).
- ↑ Jardin du pavillon de la rue Cassette.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Émilie Mertzdorff.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
- ↑ Fidéline Vasseur (1825-1890).
- ↑ Alfred Desnoyers.
- ↑ Éléonore Vasseur, veuve d’André Fröhlich.
- ↑ Émilie Delaroche, veuve d’Adrien Joseph Gastambide.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Dimanche 5 juin 1881 (B). Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_5_juin_1881_(B)&oldid=39666 (accédée le 22 décembre 2024).
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