Jeudi 27 mai 1869 (A)

De Une correspondance familiale


Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (Nogent-le-Rotrou-Launay)


original de la lettre 1869-05-27 A pages1-4.jpg original de la lettre 1869-05-27 A pages2-3.jpg


Vieux-thann Jeudi matin

Ma chère Nie. fatigué hier au soir je ne t'ai pas écrit & me suis couché de bonne heure. A 8 h j'ai mon conseil municipal qui ira jusqu'à 11 h–midi. Pour que tu ne sois pas sans nouvelles d'ici je t'écris ce matin 6 ½ h.

Hier matin avant de partir pour Mulhouse mon oncle[1] devait m'y accompagner, il est tombé malade, son mal de dos habituel, mais qui le retient au lit. Je <dis> hier l'oncle a reçu une lettre de Thérèse[2] qui demande la voiture pour rentrer. Vogt y est allé l'après-midi & le soir en rentrant je l'ai trouvée ici. Elle a en effet bien mauvaise mine, n'a pas trop maigri mais est excessivement pâle & paraît très faible ; elle me promet bien de se soigner, mais le fera-t-elle ? Ce matin 6 h je l'ai déjà trouvée sur pied & lui en ai fait des reproches.

Elle aurait parfaitement le temps de se soigner, car en ce moment il n'y a absolument rien à faire dans la maison que d'attendre la fin des travaux. Je suis content qu'elle soit ici ; naturellement comme j'étais chez ma tante[3] quand portant la lettre de Thérèse je l'ai priée, moi partant, de faire dire à Antoinette[4] de ne pas venir ; ce qui a été fait. Te voilà un peu plus tranquille & moi aussi.

J'avais fait le projet de partir d'ici Samedi soir. Mais mon oncle couché je serai probablement retenu ici. Il souffrait beaucoup, ne pouvait pas bouger. Il en a je le crains pour plusieurs jours.

Hier matin j'ai reçu une lettre d'Émilie[5], la pauvre amie n'est toujours pas gaie, elle a toujours le projet d'aller cet été à Paris, probablement sans son mari qui ne l'accompagnerait pas pour raison d'économie ; comprends si tu peux, la présence de Henri[6] chez elle ne l'égaie pas. Elle est maintenant dans une disposition d'esprit à tout voir en <noir> c'est réellement désolant.

Ils ont obtenu de conserver grande partie des rentes (pensions) de Maria[7] pour ses enfants ; Émilie croit qu'en ce moment tout l'argent ne sera pas employé pour leur instruction & qu'il restera un excédent. C'est déjà de quoi diminuer leurs charges. Si réellement ma sœur doit aller à Paris (toute seule !) je vais l'engager de m'accompagner ; je crains qu'elle ne soit pas prête ; mais la pauvre amie a besoin d'être un peu remontée.

Elle irait à l'hôtel, nous aurait au moins non loin d'elle.

L'on a décidé hier que l'on ferait réunir de nouveau les actionnaires de Wattwiller pour l'emprunt, si nous ne réussissons pas, l'affaire sera vendue. J'ai obligé la société & vais être tout cela est mal interprété par une partie du public.

Du reste voilà Dollfus[8] qui a passé 40 années de sa vie à faire le bien & beaucoup de bien : les élections ont bien montré ce <qu’il> faut attendre du public & surtout des ouvriers. C'est décourageant & si l'on n'avait pas sa petite conscience qui vous y pousse, tout vous en éloignerait.

J'ai dîné chez les Paul qui sont de retour. Les Georges Stoecklin vont bien. Pas d'autres nouvelles de Mulhouse, toute la bourse était aux élections. Léon[9] m'a donné de bonnes nouvelles des siens.

Les affaires ne reprennent pas ! Je n'ai pas trouvé Bulffer, mais il viendra aujourd'hui & je lui dirai mon mécontentement.

A Mulhouse l'on m'assurait que les décorateurs ont quitté pour venir ici, en rentrant je n'ai trouvé personne, ce matin pas davantage. Ce n'est pas gai ! Je suis toujours si pressé que tu me pardonnes. Embrasse bien toutes nos affections

tout à toi

Charles Mertzdorff


Notes

  1. Georges Heuchel.
  2. Thérèse Gross, cuisinière chez les Mertzdorff, en convalescence à Guebwiller.
  3. Élisabeth Schirmer épouse de Georges Heuchel.
  4. Antoinette, pressentie pour travailler chez les Mertzdorff.
  5. Émilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel.
  6. Possiblement Henry Zaepffel, fils de Henri.
  7. Maria non identifiée.
  8. Jean Dollfus, maire de Mulhouse, battu aux élections.
  9. Léon Duméril, fils de Félicité et Louis Daniel Constant.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Jeudi 27 mai 1869 (A). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (Nogent-le-Rotrou-Launay) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_27_mai_1869_(A)&oldid=60845 (accédée le 21 novembre 2024).

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