Mercredi 26 mai 1869 (B)

De Une correspondance familiale

Lettre d’Eugénie Desnoyers (Nogent-le-Rotrou-Launay) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


n°2

Launay Mercredi 6 h soir

Mon cher Charles,

C'est encore moi, et ce petit mot t'arrivera en même temps que l'autre lettre, car malgré notre désir de faire partir notre correspondance par le train d'1 h nous sommes arrivées trop tard, cela ne t'étonnera pas. Nous avions fait une petite partie de descendre Aglaé[1] les fillettes[2] et moi à Nogent et jusqu'à ce que tous ces ogres soient rassasiés il était midi 1/2, aussi ayant manqué le 1er but de notre expédition (faire parvenir plus rapidement à ce cher bon petit père de nos nouvelles plus rapidement) nous sommes-nous rabattues sur les mercières ; nous faisons une épouvantable consommation de fil, et pour couronner notre expédition nous nous sommes avancées courageusement vers le bureau de poste où nous avons réclamé tout ce qui pouvait être arrivé à l'adresse Mertzdorff. Les paris étaient pour des lettres à l'adresse des petites filles, mais on a pris très sagement son parti en voyant que c'était encore la maman qui devait décacheter la lettre du bon père. Je leur ai tout lu et elles ont compris que ces chiffres de haute politique[3] ne les intéressaient pas et que c'est un plaisir à venir.

Que je te remercie de me tenir ainsi au courant de tout, grandes et petites choses. Notre Département[4] ne va pas être bien noté. Enfin ce sont des hommes honorables et de talent qu'il envoie à la chambre ; que peut-on demander de plus ?

Merci pour ce que tu fais pour notre maison, je suis parfaitement calme et suis contente de tout ce que tu décides, ferme toutes les portes, fais boucher avec de la toile d'emballage à l'intérieur le dessous des portes des chambres et salons et laisse les ouvriers dans les corridors, je ne vois pas ce qu'ils pourraient gâter ; mais fais talonner tant que possible M. Bulffer car s'il aime tant M. Mertzdorff qu'il le débarrasse le plus tôt possible des ouvriers en mettant assez de monde à notre travail.

Je comprends que tu aies trouvé de la besogne à la fabrique et partout, mais je suis bien contente que ton petit repos de Launay t'ait fait du bien, et je voudrais bien que tu puisses encore venir un peu prendre de ce bon air.

Sois tranquille j'aurai beaucoup de plaisir à rentrer au Vieux-Thann et Les rhododendrons de Launay ne me feront pas paraître moins belles nos fleurs et tout notre confort. Il faut seulement tâcher de jouir de la chose du moment.

Bonsoir, Ami chéri, écris-nous que tu nous arrives et tu verras si les bras s'ouvrent grands pour te recevoir

ta petite femme

Eugénie M

Maman[5] va bien, Aglaé écrit à son mari qui la gâte comme le mien en lui écrivant tous les jours, les enfants jouent avec Jean[6] devant le billard, François[7] fait un très joli rocher et moi je <  >


Notes

  1. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  2. Marie et Emilie Mertzdorff.
  3. Les résultats des élections législatives.
  4. Le Haut-Rhin, qui envoie à la Chambre des candidats de l’opposition.
  5. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  6. Jean Dumas, compagnon de jeu des petites Mertzdorff.
  7. François, domestique chez les Desnoyers.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mercredi 26 mai 1869 (B). Lettre d’Eugénie Desnoyers (Nogent-le-Rotrou-Launay) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_26_mai_1869_(B)&oldid=35124 (accédée le 21 novembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.