1869 – Les élections législatives
Les lettres que Charles Mertzdorff et son épouse Eugénie Desnoyers échangent à l’été 1869 abordent longuement le thème des élections, vues de Paris (lettre du 24 mai et suivantes) et vues d’Alsace, où Charles Mertzdorff suit les événement de près en tant que maire de Vieux-Thann (lettre du 21 mai et suivantes). Ces élections législatives marquent l’une des dernières étapes de la libéralisation de l’Empire, amorcée en 1860, avant sa chute.
Le décret du 24 novembre 1860 est le premier pas vers un retour aux pratiques du régime parlementaire : il est accordé aux Chambres le droit de voter chaque année une adresse en réponse au discours du trône ; le compte-rendu complet des débats sera publié ; des ministres sans portefeuille viendront défendre devant la Chambre les projets de loi du gouvernement. L’opposition se ranime, qu’il s’agisse des catholiques (les « indépendants »), alliés aux élections de 1863 aux monarchistes (coalition de l’« Union libérale »), ou bien des républicains qui rallient les autres opposants.
Oscillant entre ancienne politique autoritaire et politique libérale, Napoléon III fait voter le droit de coalition et de grève pour les ouvriers (1864) mais refuse de concéder les libertés que l’opposition réclame, par la voix de Thiers en particulier. A mesure que le régime autoritaire se discrédite, le régime parlementaire et libéral recrute des partisans jusque dans les milieux bonapartistes. Ainsi se forme, entre 1864 et 1866, le « Tiers Parti », impérialiste et libéral, dirigé par Emile Ollivier, ancien républicain. Il obtient en 1868 quelques concessions : les lois sur la presse et sur les réunions publiques. Mais le régime, qui n’est pas parlementaire et limite les libertés, suscite une opposition républicaine violente : celle de Rochefort dans La Lanterne, de Gambetta dans Le Réveil.
Les élections législatives de 1869 se déroulent au suffrage universel masculin le 23 mai et le 6 juin 1869, dans un climat de tension et de violences. Les opposants ne forment pas de coalition comme en 1863. Catholiques, monarchistes, républicains modérés et « irréconciliables », bien que divisés, mettent pour la première fois les partisans du régime autoritaire en minorité : les bonapartistes autoritaires ont 98 sièges ; le Tiers Parti (bonapartistes libéraux) 120 ; les royalistes 41 ; les républicains 30 élus. Les Français expriment leur désir de liberté et les ouvriers rallient pour la première fois en majorité les candidats républicains.
Charles Mertzdorff, maire de Vieux-Thann, et son épouse Eugénie Desnoyers, alors à Launay, s’entretiennent de la campagne en Alsace et des résultats locaux et nationaux, laissant deviner leurs propres positions. Charles Mertzdorff est sollicité aussi bien par le candidat officiel (Aimé Gros) que par l’opposition catholique (Emile Keller), qui a les faveurs d’Eugénie. Le beau-frère de Charles Mertzdorff, Edgar Zaepffel, l’informe par dépêche des résultats.
Pour citer cette page
« 1869 – Les élections législatives », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), URI: https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=1869_%E2%80%93_Les_%C3%A9lections_l%C3%A9gislatives&oldid=31233 (accédée le 21 décembre 2024).
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