Jeudi 25 février 1875
Lettre d’Émilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Jeudi 25 février 1875
Mon papa chéri, tu es vraiment trop gentil de m’écrire de si bonnes et si longues lettres quand moi je te gribouille quelques mots illisibles et incompréhensibles. Je ne sais d’où me vient cet agréable privilège de recevoir toutes ces lettres, mais je voudrais bien aussi que tu écrives à Marie[1] pour la féliciter des deux zéros fautes qu’elle a eues de suite, hier elle a bien manqué en avoir encore un elle n’a eu qu’une faute, un malheureux petit tiret de trop, c’est désolant mais enfin cela ne prouve pas moins qu’elle est très forte en orthographe quoique’elle en dise, n’est-ce pas petit père ? Seulement cette pauvre Marie n’a été que seconde parce que la redoutable Marthe Tourasse a été première avec 0 faute elle n’a non plus été que 3e en zoologie et Marthe a été première de sorte qu’elle l’a encore dépassée d’un cachet elle est maintenant de 3 en avance sur Marie.
Quant à moi cela n’est plus si brillant qu’au commencement de l’année, je ne sais pas si c’est moi qui baisse ou si ce sont les autres qui se remuent plus qu’à l’ordinaire, toujours est-il que je n’ai encore été que 4e en arithmétique ce qui est bien honteux, il est vrai que je n’avais pas eu le temps de finir. J’ai été 1ère en dictée avec 4 fautes, 1ère en histoire de vive voix, en grammaire et en géographie. Cette fois-ci nous avons fait un concours de carte écrite sur les comtés d’Angleterre pour les prix et une dictée de participes également pour les prix, qui, je pense, seront distribués à Pâques.
La réunion de Mlle Poggi[2] aura lieu le Dimanche 21 Mars le Dimanche des Rameaux, il y aura plusieurs artistes (entre autres Mme Roger[3]) et les papas pourront y venir, il y en aura beaucoup. Tu as déjà été invité bien des fois mais je ne sais pas si tu seras ici.
Marie prend en ce moment sa leçon de piano, pour moi c’est déjà fait mais tout à l’heure j’irai jouer avec Marie Sans Souci[4] que nous jouerons probablement à la réunion.
Mardi notre journée s’est passée comme à l’ordinaire, nous avons été jouer avec Jeanne Brongniart chez Marthe[5]. A la fin de la journée nous avons vu Mme Frölich[6] avec ses deux filles qui sont venues ici je elles bien allaient bien toutes les trois.
Tu connais la journée de Mercredi puisque je t’ai déjà dit toutes nos places, nous sommes revenues en grande bande : Paulette[7], Marie Flandrin, Henriette[8], Jeanne Didier, Marthe et nous deux[9]. Chez Paulette il y a eu séparation générale, elle est montée avec Jeanne Didier et Mme Arnould[10], Henriette est partie avec sa maman[11] et nous avons emmené Marie Flandrin. Tante[12] nous a laissé monter avec elle pendant qu’elle a fait visite à Mme Hébert qui demeure à l’étage au-dessous. Nous sommes rentrées pour le dîner et après Marie est montée faire son piano et moi j’ai fait mes devoirs puisque, comme je te l’ai dit, le dîner de famille n’a lieu que le Jeudi.
Aujourd’hui nous aurons après notre leçon de français, Marie Flandrin, et Paulette et peut-être Marthe.
André[13] ne va pas encore bien il a la fièvre depuis le Dimanche gras et il n’a pas manqué de l’avoir un seul jour, comme il va être faible après cela ! Le pauvre petit chat a en ce moment un gros clou sur l’œil de sorte qu’il ne peut plus l’ouvrir.
Voilà déjà bien longtemps que tu es parti mon papa chéri et je voudrais bien te revoir, enfin j’espère que ce ne sera plus bien long.
Tantine va beaucoup mieux maintenant, Mardi elle est allée au bal en robe décolletée, tu la connais dans ce costume.
Adieu mon bon petit papa je te’embrasse bien bien fort sur chacune de tes joues et sur ton front et puis je monte sur tes genoux et je fais une petite câlinette, je voudrais bien la faire en réalité, mais puisque ça ne se peut pas, je la fais bien en pensée, et toi aussi mon bon petit père.
Je te charge de communiquer tous mes baisers et mes <caresses> à bon-papa et à bonne-maman[14].
Ta petite fille qui t’aime de tout son cœur
Émilie Mertzdorff
Le jeune homme d’oncle alsacien pour oncle[15] est venu ce matin, je ne sais pas encore ce qui est décidé. Tu diras à bonne-maman que je la remercie bien de la lettre.
bien pardon de ne pas lui avoir encore répondu, je le ferai bientôt.
As-tu des nouvelles de tante Zaepffel[16]. Tu nous as dit
< > <leçon. Nous n’avons reçu de> < > Cécile[17]. Tante <lui> a écrit il y a quelques jours pour dire de < > là-bas < > se presser qu’elle jouisse de son voyage <et de la> présence de <sa> mère.
Nos pigeons <sont> déjà achetés, < > a fait cette < > Dimanche < > au jardin < >, il y a aussi en bas deux gros sacs de grains pour eux mais <il ne> manque plus que les pigeons qui arriveront un de ces jours.
Notes
- ↑ Marie Mertzdorff, sœur d’Emilie.
- ↑ Mlle Poggi, professeur de piano.
- ↑ Pauline Roger, veuve d’Edouard Roger.
- ↑ Sans Souci, morceau non identifié, plusieurs œuvres portant ce titre.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ Éléonore Vasseur, veuve d’André Frölich et mère d’Adèle et Marie Frölich.
- ↑ Paule Arnould.
- ↑ Henriette Baudrillart.
- ↑ Marie et Émilie Mertzdorff.
- ↑ Paule Baltard, épouse d’Edmond Arnould.
- ↑ Félicité Silvestre de Sacy, épouse d’Henri Baudrillart.
- ↑ Tante, tantine : Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ André Pavet de Courteille.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Émilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel.
- ↑ Cécile, bonne des demoiselles Mertzdorff.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Jeudi 25 février 1875. Lettre d’Emilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_25_f%C3%A9vrier_1875&oldid=59342 (accédée le 15 novembre 2024).
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