Jeudi 23 avril 1807

De Une correspondance familiale

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)

lettre du 23 avril 1807, recopiée livre3 page1.jpg lettre du 23 avril 1807, recopiée livre3 page2.jpg lettre du 23 avril 1807, recopiée livre3 page3.jpg


n°181

23 Avril 1807

Ma très chère Mère

Je m’empresse de vous annoncer que j’ai reçu hier soir des nouvelles d’Auguste[1] datées de Berlin le 9 de ce mois. Il se porte très bien quoique la route l’ait beaucoup fatigué et ennuyé. Il me parle des villes par lesquelles il est passé de Mayence, de Francfort, il a encore 108 lieues à faire pour se rendre à Thorn[2] où est le quartier général. Il dit m’avoir écrit de Mayence mais je n’ai pas reçu la lettre dont il me parle. Il doit écrire à papa[3]. Depuis que j’ai fait part à Montfleury[4] de l’accouchement de ma femme[5], je n’ai pas reçu de ses nouvelles. J’ai reçu pour lui de l’argent que je l’ai prié de faire tirer sur moi. Si je ne craignais que M. Dargnié me l’ait déjà fait, je remettrais cette somme à M. Poulain qui ne tardera pas probablement à retourner à Amiens.

Duméril[6] est toujours ici il a emprunté 1 500 F sur sa ferme. Il continue son procès en appelant en cassation. Je ne l’ai pas vu encore ni ne me soucie de la voir. La personne qui l’a accueilli et qui lui a fourni par ses démarches, je dirais presque importunes, les moyens de paraître a excessivement à s’en plaindre d’après ce qu’elle m’a dit il y a une huitaine. Il n’a aucun projet. D’après la manière dont il fait ses dépenses il n’ira pas six mois avec ce qu’il a emprunté. Le malheur n’a aucunement changé ses goûts ni sa raison.

Ma femme continue d’aller à merveille ainsi que la petite. Nous nous flattons que vous mettrez à exécution votre projet dans le courant de Mai. Nous aurons une petite chambre assez jolie à vous offrir ; mais elle est sans cheminée. Mme Héricourt nous en laissera sûrement jouir. Elle la garde comme un pied-à-terre, mais elle n’y vient pas du tout. Alphonsine se fait un grand plaisir de vous posséder. Veuillez nous mander quand vous croyez venir.

Comme papa doit être parrain de ma fille, avec Mme Delaroche[7], nous désirerions qu’il voulut bien nous envoyer sa procuration d’ici à une quinzaine de jours.

J’ai eu un peu de chagrin la semaine dernière. Il y avait une place vacante à l’école. Mon ami Dupuytren était sur les rangs. Il avait le plus grand espoir de réussir ; dix à onze membres de l’Ecole lui avaient donné leur parole d’honneur la plus sacrée de le nommer. Cependant par le résultat du scrutin il n’a réuni que quatre suffrages et son rival M. Richerand treize. J’étais lié avec tous deux, de manière que je me suis vu forcé de garder une neutralité complète, excepté ma voix que je devais par reconnaissance donner à Dupuytren.

Je commencerai le quatre du mois prochain mon cours aujardin des Plantes. En voilà encore pour un an. Le départ de l’empereur m’a fait bien bien tort l’année dernière. Neuf jours de retard nous m’auraient peut-être placé là. Maintenant Dieu sait quand cela aura lieu. Je ne traiterai cette année que l’histoire des poissons. Le placard doit être affiché aujourd’hui ou demain.

Alphonsine écrira à Reine[8] pour M. Poulain et moi à Désarbret[9] nous les embrassons tous deux et nous faisons de même pour vous et papa.

Dites à Duval[10] que je ne sais encore rien de nouveau pour l’affaire de son cousin M. Bosquet.

Votre fils C. Duméril

P.S. Je vois le ministre[11] depuis quelques jours, pour une légère incommodité. J’y vais encore aller tout à l’heure. Il a été le premier à me reparler de l’affaire de papa. Je lui ai dit qu’il se proposait de lui écrire pour le remercier de ses nouvelles démarches et pour le prier de lui continuer ses bons offices si le besoin est. Le général[12] m’a dit qu’il le faudrait pour 8 jours.


Notes

  1. Auguste (l’aîné), frère d’André Marie Constant Duméril.
  2. Toruń.
  3. François Jean Charles Duméril.
  4. Florimond dit Montfleury (l’aîné), frère d’AMC Duméril.
  5. Alphonsine Delaroche ; Caroline (l’aînée) est née le 26 mars.
  6. Jean Charles Antoine dit Duméril, frère d’AMC Duméril, deux fois veuf, est en procès avec la famille de sa seconde épouse, Agathe Duleau (voir lettre du 15 novembre 1806).
  7. Marie Castanet, épouse de Daniel Delaroche, mère d’Alphonsine.
  8. Reine Duméril, sœur d’André Marie Constant.
  9. Joseph Marie Fidèle dit Désarbret, frère d’AMC Duméril.
  10. Augustin Duval.
  11. Possiblement le ministre de l’Intérieur Jean Baptiste Nompère, comte deChampagny.
  12. Jean François Aimé Dejean.

Notice bibliographique

D’après une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 3ème volume, p. 1-4

Pour citer cette page

« Jeudi 23 avril 1807. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à sa mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_23_avril_1807&oldid=39976 (accédée le 22 décembre 2024).

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