Dimanche 27 juillet 1879

De Une correspondance familiale

Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1879-07-27 pages 1-4.jpg original de la lettre 1879-07-27 pages 2-3.jpg


Paris 27 Juillet 1879

Mon Père chéri,

Si nos lettres t’on fait plaisir, la tienne est venue bien nous réjouir ce matin ; c’est si bon quand on est loin d’avoir des nouvelles de ceux qu’on aime ! Il est 9h1/2 et cela t’étonne sans doute que je choisisse cette heure consacrée du déjeuner pour venir causer avec toi ; mais c’est Dimanche, oncle[1] a fait sa petite promenade hebdomadaire avec M. Frémy[2] et plutôt que de le laisser déjeuner seul nous avons tous remis notre repas à 11h ; nous partirons ensuite pour la gare du Nord où un train plus ou moins rapide nous entraînera vers Montmorency où nous passerons la journée et dînerons avec bon-papa et bonne-maman[3]. Voilà les projets et le temps semble les favoriser car le soleil est splendide, le ciel est bleu malgré quelques nuages blancs moutonneux, et tout annonce une journée belle et même chaude. Comme vous, nous avons retrouvé le beau temps et nous en jouissons bien, on avait besoin de se sécher un peu ; malheureusement l’observatoire annonce encore pluie, orage et tempête pour la fin du mois et nous voyons en tremblant descendre le baromètre.

Tu sais déjà quel a été l’emploi de notre journée de Vendredi ; nous avons revu Marie Flandrin et Henriette[4] ; Marie attend prochainement ses parents[5] qui viennent de passer un mois à Plombières, il paraît que son père est toujours bien souffrant. La pauvre Henriette était un peu ennuyée aussi ; figure-toi que Mathilde de Sacy[6] vient d’être prise de la scarlatine !! elle ne va pas mal mais tu comprends qu’on n’a pas voulu laisser Rachel[7] avec elle et on l’a expédiée chez Mme Baudrillart ; seulement il se pouvait que Rachel qui avait passé tout le temps auprès de sa sœur ait déjà le germe de la maladie, alors on a expulsé Henriette et la petite Marthe[8] et elles sont maintenant chez Mme Foussé[9] ; tu vois quelle complication juste au moment des vacances et puis cette perspective de contagion est fort peu agréable et Henriette est désolée d’être séparée de tout son monde.
Hier nous avons eu le matin Mlle Duponchel[10], comme c’est l’indulgence personnifiée elle n’a pas été trop mécontente de ce que nous avons fait mais je crois cependantà ce qu’elle s’attendait à ce qu’on ait fait plus d’ouvrage. Comme nous remontions de déjeuner tante Eugénie[11] est arrivée et est restée plus de 2h avec nous ; nous avons été bien heureuses de la voir mais je ne te parle pas de sa visite car j’ai l’intention de la raconter en détail à bonne-maman[12] et qu’il est probable que tu verras ma prose. Les Paul[13] n’iront pas en Alsace, ce sera je suis sûre une grande déception pour tout le monde.

Dans l’après-midi nous avons été faire notre petite tournée de visites ; Mmes Dumas et Pavet[14], grand-tante Trézel[15]. Cette dernière part Mardi pour Saint-Claude[16]. Marthe[17] est dans la joie de nous revoir, c’est une bien gentille petite fille et une vraie amie ; elle a meilleure mine que jamais et est toujours gaie et aimable. Le soir nous avons été dans la ménagerie où on a fait la chasse aux petits cygnes ce qui nous a fort diverties. Demain autre projet de plaisir, nous avons l’intention d’aller à Sceaux vois Paulette[18] !! inutile de t’en dire davantage et de te faire ressortir tout le charme que peut avoir une semblable excursion. Nous allons tous parfaitement bien, oncle est un peu fatigué ; il est dans les examens jusqu’au cou et travaille beaucoup. Emilie[19] et moi avons oublié que nous avions des gorges et l’on persiste à me trouver grandie. Et toi père chéri j’espère que tout aussi chez toi est rentré dans l’ordre et que tu as repris ta bonne santé ordinaire. Avec ce beau temps-là tu vas bientôt pouvoir commencer tes bains de Wattwiller.

Adieu mon papa que j’aime je t’embrasse de toutes mes forces au point de t’étouffer.
ta fille qui t’aime de tout son cœur.
Marie


Notes

  1. Alphonse Milne-Edwards.
  2. Edmond Frémy.
  3. Jules Desnoyers et son épouse Jeanne Target.
  4. Henriette Baudrillart.
  5. Henri Baudrillart et son épouse Félicité Silvestre de Sacy.
  6. Mathilde Silvestre de Sacy.
  7. Rachel Silvestre de Sacy, sœur de Mathilde.
  8. Marthe Baudrillart.
  9. Céline Silvestre de Sacy, épouse de Frédéric Foussé.
  10. Marie Louise Duponchel, professeur de dessin.
  11. Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril.
  12. Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
  13. Paul Nicolas et son épouse Stéphanie Duval.
  14. Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas, et sa sœur Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
  15. Auguste Maxence Lemire, veuve de Camille Alphonse Trézel ?
  16. Saint-Claude (Jura) où habitent Antoine Camille Trézel, son épouse Louise Ida Martineau et leurs enfants.
  17. Marthe Pavet de Courteille.
  18. Paule Arnould.
  19. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 27 juillet 1879. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_27_juillet_1879&oldid=54298 (accédée le 15 novembre 2024).

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