Vendredi 8 mai 1874
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris le 8 Mai 1874.
Mon cher petit Papa,
C’est avec bien de l’ennui que nous avons appris que tu étais souffrant et quoique ta lettre nous ait fait grand plaisir elle nous a fort ennuyées. Soigne-toi bien je t’en supplie mon bon petit père et surtout ne te fatigue pas trop.
Bien que nous ayons été très mécontents d’apprendre que tu étais indisposé nous avons été ravis de voir que tu nous <l’écrivais> de suite car c’est comme cela seulement qu’on peut être tranquille <quand on est> loin les uns des autres et puis n’est-ce pas petit papa si tu te sens <trop> fatigué viens de suite nous trouver < > à mon < > de ne pas le laisser commettre d’imprudence il faut qu’il se soigne < > car petit père ne s’occupe pas assez de lui.
Nous voilà en vacances Mercredi a lieu le dernier cours[1] et nous n’avons pour ce jour-là que quelques vers à apprendre. Vendredi 15 Mai nous avons notre distribution des prix séance qui va être bien émotionnante car nous ne savons pas du tout si nos devoirs des prix sont bons ou mauvais. Marthe Tourasse avait l’air Mercredi assez découragée elle ne savait pas très bien ses leçons et a cherché à me persuader que j’aurais l’accessit, quant à Pauline[2] elle m’offre chaque fois de partager avec elle mais je ne porte pas mon ambition si haut.
Hier nous avons eu nos amies Paulette[3], Marie Flandrin et Jeanne Brongniart qui sont restées de 2 h ½ à 6 h aussi avons-nous bien travaillé et <bien babillé>. Henriette[4] était à la confirmation de son frère[5] et Marie Des Cloizeaux n’avait personne pour la conduire car depuis trois semaines sa mère[6] est auprès de son grand-père[7] dont la santé les inquiète beaucoup. Il est même décidé que sitôt le cours fini Marie partira à Villers et que sa maman ne reviendra pas cela l’ennuie beaucoup de rester si longtemps seule.
Nous avons dîné chez Mme Pavet[8] au grand bonheur de Marthe[9].
Hier il a plu presque toute la journée aujourd’hui il ne fait pas beaucoup plus beau bien qu’en ce moment le soleil m’aveugle.
Aujourd’hui toute la maison est en déménagement et moi comme la mouche du coche je fourre mon nez partout, on a reçu avis des cousines anglaises[10] qui arrivent ce soir ou demain matin aussi on ne rencontre que des meubles changeant de place des livres & se retirant pour faire place aux effets de ces demoiselles. M. Edwards[11] donne sa chambre, tante[12] lui cède la sienne et se replie dans le fond.
Je viens de prendre ma leçon avec Mlle Bosvy. Hier matin Emilie[13] a eu son catéchisme mais elle n’a eu que le cachet rouge ainsi que Jeanne. Dans 10 jours elle aura son examen. Nous avons aussi pris hier notre leçon d’allemand mais cette pauvre Mme Lima était souffrante d’un affreux coup de soleil et je crains même que ce ne soit plus grave qu’elle ne le pense. Je comprends bien l’ennui de tante Zaepffel[14] car je crois que Marie Z.[15] n’a pas grand attrait pour elle mais ce que je ne comprends c’est que Mme de Rheinwald[16] n’aille pas au<Schniderich>[17] où elle aurait sa liberté ainsi que tante.
Je ne saurais pas te dire mon petit papa combien je suis contente d’être en vacances je fais toutes sortes de projets. Pourvu que tu arrives bientôt ! Je l’espère bien en attendant je charge ce petit papier de t’embrasser fort fort de ma part et de te prier de nous tenir bien au courant de ta santé. Adieu mon bon petit père, amitiés et baisers à bon-papa et bonne-maman[18] ainsi qu’à mon oncle Léon[19] ta fille qui t’aime de toutes ses forces.
Marie Mertzdorff
Tante te fait dire mille choses aimables et qu’elle te remercie bien de < > <l’exacte> < > au sujet de ta santé. Nous t’embrassons tous.
Notes
- ↑ Le cours Boblet-Charrier.
- ↑ Pauline Dupoirieux.
- ↑ Paule Arnould.
- ↑ Henriette Baudrillart.
- ↑ Probablement André Baudrillart, plutôt que ses aînés.
- ↑ Alix Paris d’Illins, épouse d’Alfred Des Cloizeaux.
- ↑ Raoul Paris d’Illins.
- ↑ Probablement Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille, plutôt que sa belle-mère.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ Amélie Masterson et sa sœur, cousines anglaises.
- ↑ Henri Milne-Edwards.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Emilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel.
- ↑ Marie Zaepffel.
- ↑ Mlle Zaepffel, épouse de M. de Rheinwald.
- ↑ Schniderich ( ?) propriété de Mme de Rheinwald.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
- ↑ Léon Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 8 mai 1874. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_8_mai_1874&oldid=42553 (accédée le 22 décembre 2024).
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