Vendredi 6 février 1874
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
6 Février 74.[1]
Mon père chéri
Quelle bonne et longue lettre ! Que tu es gentil de nous écrire auss comme cela, tu ne te doutes pas avec quel plaisir tes chères missives sont accueillies.
Mlle Bosvy est là je viens de prendre ma leçon ce qui ne m’a pas [nui car] cette semaine nous avons horriblement à faire.
Mercredi dernier s’est très bien passé. Tu sais que je t’avais dit que Mlle Gager m’avait [croyait] que j’avais une bonne dictée elle l’était en effet cependant 3 étourderies telles qu’accent oublié & m’ont faite dernière [] 1ères Marthe Tourasse Pauline Dupoirieux et Marie Des Cloizeaux ont 0 faute. En arithmétique j’ai été 2e. Nous avons ensuite eu le concours d’histoire de vive voix presque tout le monde manquait, on m’interroge des dernières ; je commence à répondre puis je m’interromps ; je ne savais plus et Mme Charrier[2] ne m’envoie que 2 jetons j’étais 2e.
Elle questionnait déjà ma compagne lorsqu’elle m’expédie un 3e jeton me disant que définitivement elle trouvait que je le méritais. Juge de ma joie. Dans la 2e partie nous avons fait un concours de une dictée de ponctuation et un concours de Clef de la Science[3] bien que ne la sachant qu’imparfaitement je crois n’avoir pas trop mal répondu aux 4 questions et je n’ai mis qu’une grosse bêtise. On me demandait ce qui entrait dans la composition de l’air et j’ai mis 4/5 d’azote et 1/5 d’oxygène puis j’ajoute entre parenthèse ainsi qu’un peu de vapeur d’eau et de carbone ! vois-tu ce charbon dans l’air.
Il faut que je t’annonce mon père chéri que demain tes filles[4] dînent en ville. Oui nous allons chez Mme Bureau[5] où nous nous trouverons avec la famille Brongniart et nous aurons le bonheur de voir les anges dont oncle[6] t’a je crois raconté tous les hauts faits. Cela me réjouit assez car ce ne sera pas gênant.
Il fait un temps splendide ; je t’écris à la fenêtre ouverte, et ne suis incommodée que par le soleil c’est un vrai temps de printemps aussi sitôt Mlle partie nous allons partir pour Bercy voir Mme Liesta[7].
Hier Jeudi nous avons eu Paulette[8] et Marie Des Cloizeaux qui venait pour la 1ère fois, je crois qu’elle s’est pas mal amusée et nous aussi.
Je te demande bien pardon mon père chéri, de cette dégoûtante lettre qui n’est pas mieux d’écriture et de style je suis balancée entre ma lettre et la divisibilité des nombres que l’on explique à Émilie.
Je ne sais si nous t’avons dit que notre réunion chez Mlle Poggi[9] était remise à huit jours car son grand-père est malade et comme il a 91 ans tout est à craindre. J’ai commencé un morceau très joli que je me dépêche d’apprendre pour pouvoir te le jouer à ton retour.
Cécile[10] va mieux son rhume va tout à fait bien elle a très bonne mine mais elle souffre toujours de ses douleurs et gémit pas mal.
Adieu, mon père chéri, je t’embrasse de tout mon cœur
Emilie se joint à moi pour t’envoyer un nombre infini de baisers
Tante et oncle[11] t’envoient toutes leurs amitiés.
Ta fille qui t’aime énormément.
Marie Mertzdorff
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Caroline Boblet, veuve d’Edouard Charrier.
- ↑ La Clef de la science, ou les Phénomènes de tous les jours expliqués, par E.C. Brewer et F. Moigno.
- ↑ Marie et sa sœur Émilie Mertzdorff.
- ↑ Marie Decroix, épouse d’Edouard Bureau.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Marie Baudon-Desforges, épouse de Louis Liesta.
- ↑ Paulette, Paule Arnould.
- ↑ Mlle Poggi, professeur de piano.
- ↑ Cécile, bonne des demoiselles Mertzdorff.
- ↑ Aglaé Desnoyers et son époux Alphonse Milne-Edwards.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 6 février 1874. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_6_f%C3%A9vrier_1874&oldid=58986 (accédée le 15 novembre 2024).
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