Vendredi 6 août 1875
Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à sa petite-fille Marie Mertzdorff (Port-en-Bessin)
Morschwiller 6 Août 1875[1]
Je ne puis te dire, ma chère petite Marie, combien j’ai été contente en recevant ce matin ta bonne lettre qui nous a fait à tous un grand plaisir. Il me tardait d’avoir des nouvelles de nos chers voyageurs, de savoir comment s’étaient fait le voyage et l’installation à Port[2]. Enfin nous voilà maintenant renseignés sur tout ce qui nous intéresse tant, puisse ce séjour à Port être favorisé par le temps, j’étais tourmentée en le voyant si mauvais, nous avons eu beaucoup de pluie et de vent tous ces jours-ci. Je sais par Félix Soleil qui a eu le plaisir de voir ta bonne-maman Desnoyers[3], que sa santé est bonne, j’en suis heureuse et te charge de bien l’embrasser pour moi ainsi que cette chère tante Aglaé[4] que nous aimons tant. Depuis que je t’ai écrit, ma chère enfant, nous avons fait une perte dans notre famille, ma tante Declercq[5] sœur cadette de ma mère[6] nous a été enlevée dans le courant de Juillet. Elle avait 78 ans, mais malgré ce grand âge, ses facultés étaient restées parfaites, c’était une femme d’intérieur, intelligente, laborieuse, et portant une vive amitié à tous les membres de sa famille, son pauvre mari est fort à plaindre, il a heureusement auprès de lui une fille[7] qui ne s’est pas mariée et qui est un modèle de dévouement filial.
Te rappelles-tu les photographies d’Adèle et de Sophie Devot que je t’ai montrées dans le temps, ces jeunes cousines étaient les petites-filles de ma tante Declercq. Nous savons par une lettre de madame Gastambide[8] à ma sœur[9], que notre cousine Céline Delaroche[10] si éprouvée se montre bien courageuse dans sa douleur, cherchant à redonner des forces à chacun des membres de sa famille.
Tu auras su par tes amies Berger[11] l’agréable voisinage qu’elles avaient par l’arrivée à Vieux-Thann de Madame Stoecklin[12] et de sa fille Marie qui est charmante. Madame Stoecklin afin de donner un peu de récréation à ses enfants[13], s’était décidée à faire une petite excursion en Suisse, mais le temps est devenu si mauvais qu’elle s’est hâtée, au bout de trois jours, de rentrer à Vieux-Thann avec son monde. Ici nous allons bien pour la santé, et je désire vivement apprendre que ton cher oncle[14] vous a rejoint ; après une année de tant de travail assidu, un peu de repos et l’air de la mer lui seront bien nécessaires.
Tu ne reconnaîtrais plus Marie Tachard tant elle a grandi et s’est développée, quant à la petite Adèle[15], c’est toujours la même enfant, mignonne, simple, et affectueuse. André[16] a été mis en Suisse dans une maison d’éducation où le nombre des élèves est restreint afin que les soins à donner soient plus complets, il n’avait pas ici assez d’émulation, son travail s’en ressentait. J’embrasse bien mon petit Jean[17] auquel j’espère trouver bonne mine. Quel bonheur pour nous, mes chères petites[18], de vous voir arriver ici en compagnie de vos bons parents ! Adieu ou plutôt au revoir mille tendres amitiés pour chacun
Félicité Duméril
J’ai été très heureuse de voir mon bon neveu Paul[19] qui est venu passer quelques jours en Alsace. J’ai bien pensé à l’accident survenu à ce pauvre M. Ernest Dumas[20] il ne s’agit plus maintenant que d’avoir de la patience pour arriver à une guérison complète.
J’ai commencé mon Jubilé et le finirai ce mois-ci.
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Port-en-Bessin (Calvados).
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Césarine Cumont, épouse de Guillaume Declercq.
- ↑ Alexandrine Cumont, épouse d’Auguste Duméril (l’aîné).
- ↑ Dorothée Declercq.
- ↑ Emilie Delaroche, épouse d’Adrien Joseph Gastambide.
- ↑ Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril.
- ↑ Céline Oberkampf et son époux Henri Delaroche ont perdu leur fille Julie Delaroche, épouse de Charles Kablé.
- ↑ Hélène et Marie Berger.
- ↑ Elisa Heuchel, épouse de Jean Stoecklin.
- ↑ Marie et Anne Stoecklin.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Adèle Tachard (11 ans), sœur de Marie (14 ans).
- ↑ André Pierre Tachard, 12 ans.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Marie et sa sœur Emilie Mertzdorff.
- ↑ Paul Duméril.
- ↑ Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 6 août 1875. Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à sa petite-fille Marie Mertzdorff (Port-en-Bessin) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_6_ao%C3%BBt_1875&oldid=56923 (accédée le 21 novembre 2024).
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