Vendredi 4 juillet 1856
Lettre de Caroline Duméril (Paris) à sa cousine Adèle Duméril (Trouville)
4 Juillet 1856 Vendredi
Je mets de côté mon droit d’aînesse, ma chère Adèle, et je prends la plume la première car il me semble qu’il y a déjà bien longtemps que tu es partie et j’ai hâte de venir causer un peu avec toi. J’ai appris avec grand plaisir par les lettres que ton père[1] a reçues que votre voyage s’est bien passé et sans fatigue ; il faut avouer que vous aviez un temps qui semblait fait exprès pour voyager, il est fâcheux maintenant que la chaleur ne revienne pas bien vite car je conçois que le plongeon ne soit pas des plus agréables pour le moment, enfin vous avez les promenades pour vous dédommager et je suis bien sûre que vous savez en jouir complètement.
Comme tu dois le penser nous sommes tout à fait réinstallés ici[2] et je me demande si réellement nous ne sommes pas encore à l’année dernière et s’il est bien vrai qu’il se soit passé dix mois depuis votre dernière absence. J’ai pris possession entière de la chambre et je t’avoue que cela me paraît tout naturel. J’ai reçu hier de bonnes lettres de Montmorency[3] où on me demande beaucoup de nouvelles de ta mère, j’ai déjà malheureusement répondu à ces lettres aussi je ne sais trop si je pourrai faire cette semaine leur commission de Louise, il serait possible pourtant que j’écrivisse encore Samedi et alors je redonnerai votre adresse tout au long.
Aujourd’hui nous profitons du beau temps pour aller faire visite à Mme Rainbeaux[4] ; nous entrerons aussi chez Mme Sautter[5] qui est bien souffrante et dont nous sommes bien désireux d’avoir des nouvelles.
Cette pauvre Mme Guillon avec sa frayeur de voyager le jour en être réduite à partir à midi, il faut avouer que c’est triste, puis quel charme que d’avoir pour compagne de route une personne atteinte de rage de dents ; cette pauvre femme elle ne débute guère bien à Trouville. Je fais bien mes compliments à ta mère[6] de ce que tes offres de service ont été refusées, je commence à croire qu’elle est sérieusement décollée.
Adieu ma chère petite Adèle, je t’embrasse bien fort ainsi que ta mère et t’envoie mille tendresses.
Tout à toi
Figure-toi que maman[7] veut absolument que je me charge de t’embrasser de sa part et de faire toutes ses amitiés, quelles commissions désagréables !
Alexandrine[8] a porté la robe de ta mère chez le dégraisseur, il espère pouvoir faire disparaître les taches de vin tout à fait, du moins assez pour qu’elles ne soient plus choquantes.
Notes
- ↑ Auguste Duméril, qui reste à Paris pour son travail.
- ↑ Le Jardin des Plantes (Paris), où Caroline vient rejoindre son oncle Auguste Duméril pendant les vacances.
- ↑ Eugénie et Aglaé Desnoyers, amies de Caroline, séjournent dans la propriété familiale de Montmorency.
- ↑ Cécilia Sévelle, épouse d’Émile Rainbeaux.
- ↑ Lucy Raoul-Duval, qui a épousé Louis Sautter en 1853, accouche d’un fils en août 1856.
- ↑ Eugénie Duméril.
- ↑ Félicité Duméril, sœur d’Eugénie.
- ↑ Domestique.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 4 juillet 1856. Lettre de Caroline Duméril (Paris) à sa cousine Adèle Duméril (Trouville) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_4_juillet_1856&oldid=61690 (accédée le 15 novembre 2024).
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