Vendredi 18 février 1876 (B)

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)


original de la lettre 1876-02-18B pages 1-4.jpg original de la lettre 1876-02-18B pages 2-3.jpg


Vendredi 18 février 76.

Ma chère Marie tu remercieras bien Tante Aglaé[1] pour sa bonne lettre & si je ne la savais pas si indulgente c’est à elle que j’adresserais ma missive.
Je lui demande donc pardon de mon sans gêne, mais il y a bien longtemps que je n’ai plus bavardé avec ma Grosse, qui n’est plus malade ?? que je demande pour aujourd’hui encore son absolution.

Je vois avec plaisir que Demoiselledes Essarts n’a pas été heureuse dans sa sortie avec toi, puisque Tante lui donne absolument tort & moi donc. & Emilie[2] & tout le monde. C’est que tout ce monde qui t’aime bien & même beaucoup, trouvait qu’elle avait mal choisi son moment.
Cela doit te faire plaisir & te dire, tout doucement que l’on est content de toi & de ton travail. Cette petite & maladroite incartade du grand maître aura en cela de bon pour toi ; qu’il y a une Justice des Choses comme tu vois. Depuis longtemps je suis sûr que tu as absolument oublié cet incident fâcheux.

Je n’ai pas de lettre aujourd’hui & comme tante ne m’a jamais laissé manquer de nouvelles tout le temps que l’une ou l’autre était souffrante ; j’en conclus que tu es tout à fait remise & soupçonne même que tu auras passé ta journée d’aujourd’hui Jeudi, au cours avec Monsieur X..[3] & que tu seras rentrée contente de ton épreuve. Tu sais les Papas ne doutent de rien & je suis de ce nombre.

Sais-tu que c’est encore bien long d’ici au 25 mars, époque à laquelle tu vas passer ton examen Ecrit ? & je me demande si j’attendrai si longtemps avant d’aller vous embrasser. Car vois-tu c’est une chose qui me manque dans mon pays. Je t’assure que lorsque l’on est privé pendant un long mois de ces 4 bonnes joues les journées s’allongent & les soirées se traînent péniblement.
Tandis que débarqué tout frais de la Capitale, il y a encore une petite atmosphère qui vous suit accompagné d’une multitude de tout petits souvenirs qui bourdonnent aux oreilles & scintillent aux yeux ; mais peu à peu le vide se refait & l’on sentirait le besoin de se [retremper].

Rien de particulier d’ici. Les Sœurs de l’école me demandent les 100 F promis pour donner des récompenses au cours de français & des bouts d’étoffes imprimées ou en couleurs pour faire apprendre à tailler à quelques grandes. Je l’avais offert & ce sera donné.
Sœur Bonaventure attend le beau temps pour venir me voir, en attendant elle me demande de la houille.
Tu sais que j’ai fait installe le gaz à l’Orphelinat du Kattenbach il paraît que c’est terminé à la satisfaction de la sœur.
C’est auprès de Mlle Marie de l’Orphelinat de l’hôpital que je voudrais aller : L’on en fait un grand éloge & l’on trouve généralement que les enfants sont mieux élevés.

Il paraît que j’ai fait un cadeau à tante Georges[4] qui a eu un grand succès, ce sont les ruches du Moulin il y avait encore 17 paniers qui ont été cette semaine transportés chez les Heuchel. Le rucher du moulin était à refaire à neuf, j’en ai profité pour me défaire du tout. C’est un commerce qui ne va plus pour la maison.

Merci de me tenir ainsi au courant de ce que font Mme Dumas & Jeannot[5].

Je ne sais si les Dames Bobé[6] que j’ai aidées à prendre la suite d’un orphelinat Internat réussiront, je le désire bien, car je les crois très dignes & la mère & ses 2 filles pourront s’entraider. il est vrai que la mère est souvent malade & généralement tout l’hiver elle ne peut sortir. le père est aussi un brave homme qui se donne bien de la peine & ne suffisait pas pour tout le monde.

Heureusement mes chères petites amies que vous voilà toute deux tout à fait remises & voilà l’hiver à peu près passé. Il pleut depuis 3 jours, aussi la rivière est-elle grosse & l’Eau assez sale pour nous empêcher de travailler.

De Morschwiller j’ai de bonnes nouvelles par Léon[7] qui est rentré coucher à Morschwiller (hier bourse à Mulhouse) & n’est venu que ce matin.

Dans ta prochaine tu voudras bien me parler un peu d’oncle[8] ; est-il content des affaires du Jardin ?

Je pense aller aujourd’hui faire visite à AlphonseZurcher à l’Ochsenfeld, il y a bien longtemps que je n’ai pas eu le plaisir de le voir.

Voilà les ouvriers qui ont déjeuné & je vais me mettre en route pour voir un peu ce qu’ils font & cependant la fabrique ne m’intéresse plus comme elle le faisait lorsque j’étais plus jeune. Embrasse bien Oncle tante & Emilie pour moi, voilà quantité de baisers pour toi de ton père qui t’aime beaucoup, beaucoup, beaucoup

ChsMff

Pensant recevoir une lettre par ce courrier j’ai laissé assez de place pour t’envoyer un remerciement mais je ne suis pas content de ta missive qui me dit que toi, Tante & Oncle n’allez pas encore tout à fait bien. Que j’aimerais être avec vous. Ce que tu me dis de la présentation d’Oncle me fait bien grand plaisir. -

j’écrirai à Mme Zaepffel[9] pour avoir son avis de cadeau de Noce. J’ai reçu aussi une lettre de quête de M Fröhlich[10] pour Saint Sulpice. Vous donnerez à chacune de ces deux dames, à Mlle Fideline[11] & Marie F. 20 F – soit ensemble 40 F – que je te rembourserai.
la quête de MlleFröhlich. n’est que pour le 2 Avril il y a encore le temps d’y répondre, je t’enverrai un petit mot pour elle que tu lui feras parvenir avec l’argent.


Notes

  1. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  2. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  3. Monsieur X, examinateur sollicité pour les examens blancs au cours.
  4. Elisabeth Schirmer, épouse de Georges Heuchel.
  5. Cécile Milne-Edwards, épouse de Ernest Charles Jean Baptiste Dumas, séjourne à Cannes pour la santé de son fils Jean Dumas.
  6. Marguerite Madeleine Wiss, épouse de Louis Bobé, et ses deux filles.
  7. Léon Duméril dont les parents Louis Daniel Constant et Félicité Duméril vivent à Morschwiller.
  8. Alphonse Milne-Edwards.
  9. Probablement Emilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel ; il s’agit du mariage de sa nièce Marie Zaepffel.
  10. Marie Fröhlich.
  11. Fidéline Vasseur.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Vendredi 18 février 1876 (B). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_18_f%C3%A9vrier_1876_(B)&oldid=51795 (accédée le 23 avril 2024).

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