Vendredi 18 février 1876 (A)

De Une correspondance familiale

Lettre d’Aglaé Desnoyers (épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris) à Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1876-02-18A pages 1-4.jpg original de la lettre 1876-02-18A pages 2-3.jpg


Répondu le 19

Vendredi 18
4h 1/2

Je suis sûre, mon cher Charles, que vous ne serez pas fâché de voir arriver une lettre de Paris sachant Marie[1] grippée. Je puis vous assurer qu’elle n’est pas bien malade, mais que par prudence nous la soignons comme si elle l’était. Comme ce matin elle toussait plus qu’hier et qu’elle ne se sentait pas merveilleusement bien une fois levée, nous l’avons fait rentrer dans son lit et nous avons demandé M. Dewulf[2] qui sort à l’instant. Il l’a bien écoutée et m’a dit qu’il n’y avait absolument rien à la poitrine ; qu’elle n’avait rien à la gorge ; que c’était une petite indisposition sans aucune gravité ; qu’elle pouvait rester dans son lit afin d’être plus vite sur pied et que demain il viendrait la revoir. En ce moment elle a un cataplasme sur le ventre et mange un œuf sur le plat et un quartier de pomme ; elle avait mangé ce matin une soupe au lait puis du thé avec du pain grillé.

J’espère, mon cher Charles que vous ne voyez dans tout ceci aucun sujet de préoccupation. Soyez bien tranquille nous vous écrivons toujours tout bien exactement. Il y en ce moment beaucoup de grippes ; c’est une maladie à la mode. Emilie[3] va bien, elle est encore légèrement enrhumée mais sort et travaille, elle mange parfaitement et dort de même.

La pauvre famille Brongniart est dans le chagrin ; M. Brongniart[4] est mort cette nuit en quelques instants. Il était malade depuis quelque temps et on remarquait qu’il perdait ses forces mais on était loin de s’attendre à un coup aussi terrible ; il avait pu encore dîner hier avec sa famille. C’est un grand malheur qui nous fait bien de la peine.

Ainsi que Marie vous l’écrivait hier elle a manqué l’examen ; nous avons pensé qu’il serait imprudent de lui donner plusieurs heures de fatigues et elle s’est remise dans son lit au lieu d’aller rue du Bac[5]. Soyez sûr que nous ne lui ferons pas faire d’imprudence même pour le travail.

Nous avons de bonnes nouvelles de Cannes ; Cécile[6] écrit que petit Jean chasse les papillons dans le jardin où il s’amuse bien ; il a envoyé une petite lettre très gentille à Emilie. Notre père[7] n’a pas été fatigué de ce long voyage et compte y retourner en Mars. Alphonse[8] a aussi l’intention d’aller y passer les vacances de Pâques.

Adieu, mon cher Charles, Marie et Emilie me chargent de vous embrasser bien fort et de vous dire qu’elles vous aiment beaucoup.
Emilie vous remercie beaucoup de votre si aimable lettre et des violettes et des dessins qui vraiment sont charmants.

Croyez à notre bien profonde amitié
AME


Notes

  1. Marie Mertzdorff.
  2. Le docteur Louis Joseph Auguste Dewulf.
  3. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  4. Adolphe Brongniart.
  5. Le cours des dames Boblet-Charrier-des Essarts où un examen blanc était organisé.
  6. Cécile Milne-Edwards, épouse de Ernest Charles Jean Baptiste Dumas, séjourne à Cannes pour la santé de son fils Jean Dumas.
  7. Henri Milne-Edwards, qui a fait le voyage Paris-Cannes avec sa fille.
  8. Alphonse Milne-Edwards, époux d’Aglaé, frère de Cécile.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Vendredi 18 février 1876 (A). Lettre d’Aglaé Desnoyers (épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris) à Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_18_f%C3%A9vrier_1876_(A)&oldid=35818 (accédée le 15 novembre 2024).

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