Vendredi 16 et samedi 17 mai 1879
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 16 Mai 1879.
Mon cher Papa,
Nous ne pouvons donc jamais nous défaire de cette ennuyeuse pluie ! depuis ce matin elle tombe à flots et vient détremper de nouveau la boue que le soleil d’hier n’avait pas eu le temps de sécher complètement ; c’est désolant et cela doit être bien mauvais pour la terre ; aujourd’hui cette coquine de pluie nous a empêchées d’aller comme nous en avions l’intention à Saint-Germain l’Auxerrois et à Saint Séverin avec Mlle Magdelaine mais cependant…..…
Samedi 11h Je ne sais plus ce que j’allais te dire hier, mon Père chéri, en écrivant mon cependant j’ai tourné la tête et aperçu la pendule qui me disait que j’aurais dû déjà être à m’habiller, je t’ai donc quitté brusquement et je n’ai pu de toute la journée revenir auprès de toi. Nous[1] sommes parties en omnibus chez les dames Berger[2] où nous devions être à 2h et nous y sommes restées jusqu’à 4h, de là nous avons été en voiture au cours de chant déposer Emilie ; puis tante et moi nous avons continué jusque chez Mlle Des Essarts[3] et enfin chez Paulette[4] ; tu vois que c’était une journée bien employée, le soir oncle[5] nous a achevé Colomba[6] à notre grande joie.
Jeudi nous avions aussi fait bien des choses ; j’ai eu à 10h M. Beauregard[7] puis entre la leçon et le cours nous avons été chez le dentiste[8] faire constater que ma gencive se guérissait très bien. C’était une longue course aussi sommes-nous arrivées en retard rue de Buffon au cours de dessin. A 4h1/2 nous sommes venues reprendre Emilie et nous avons été ensemble passer un bon moment chez Jeanne Br.[9] qui est maintenant en pleine convalescence, elle se lève presque toute la journée, mange à peu près tout ce qu’elle veut et reprend ses forces bien plus vite qu’on n’aurait pu s’y attendre.
Mme Laroze[10] vient de venir à l’instant te rapportant ton reçu et ton argent et alors comme tu me l’avais dit je lui ai remis le paquet qui était dans ton tiroir. Elle nous a donné de bonnes nouvelles de ses filles[11].
Je pense mon cher Père, que c’est aujourd’hui la dernière fois que je t’écris car tu sais que nous t’attendons maintenant d’un jour à l’autre, sera-ce pour Lundi ou pour Mardi matin ? Tu nous trouveras toutes prêtes à te suivre du reste je ne sais vraiment pas si cette année on aura quelque envie de mettre des robes légères jusqu’à présent nous n’avons pas pu quitter nos vêtements chauds. Espérons que tu nous amèneras le beau temps.
La salle à manger doit être très gentille dans sa robe neuve et elle en avait bien besoin ; pour la toile cirée maintenant qu’il n’y a plus de bébés je n’en vois plus bien l’utilité et il me semble que la pièce serait beaucoup mieux avec son parquet et un tapis sous la table qu’on pourrait (s’il se relève) fixer comme ici avec des clous de cuivre permettant de l’enlever facilement pour le battre. Adieu, ou mieux au revoir mon Père chéri, je t’embrasse de toutes mes forces comme je t’aime.
ta fille,
M.
Notes
- ↑ Marie et sa sœur Emilie Mertzdorff, accompagnées de leur « tante » Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Joséphine André, épouse de Louis Berger, et ses filles Marie, Hélène (et Julie ?) Berger.
- ↑ Mlle des Essarts Boblet.
- ↑ Paule Arnould.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Colomba, nouvelle de Prosper Mérimée (1840).
- ↑ Ange Louis Guillaume Lesourd-Beauregard.
- ↑ Simon Goldenstein.
- ↑ Jeanne Brongniart.
- ↑ Pauline Nicolas, veuve de Jean François Laroze.
- ↑ Jeanne Laroze, épouse de Frédéric Merlhe et Marie Thérèse Laroze, épouse d’Anatole Richer.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 16 et samedi 17 mai 1879. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_16_et_samedi_17_mai_1879&oldid=42543 (accédée le 18 décembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.