Dimanche 15 juin 1879
Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) à sa petite-fille Marie Mertzdorff (Paris)
Vieux-Thann 15 Juin 1879.
C’est demain chère et bonne petite Marie que tu auras tes vingt ans révolus, c’est un bel âge pour la jeune fille qui comme toi a su profiter des leçons reçues et des soins apportés à une parfaite direction. Combien nos cœurs sont pénétrés de reconnaissance envers ta tante et ton oncle[1] qui ont su si bien développer vos heureuses qualités à toutes deux[2].
Je n’ai pas besoin de te dire quelle douce et heureuse pensée pour nous de savoir que nous vous verrons le mois prochain, mais comme je le disais dans ma lettre à ta bonne tante devenue votre jeune mère, à côté de ce bonheur que nous éprouvons se trouve le chagrin de ne pas la posséder avec vous[3].
Ici ma bonne petite Marie, les santés ne vont pas mal, cependant notre chère belle-fille[4] a toujours besoin de soins, quant à notre petite Hélène[5] elle fait chaque jour quelques progrès. Hier chez Madame Miquey[6] qui avait eu l’amabilité de nous avoir tous à dîner, elle a fait les délices de la société ; un petit bouquet composé de mousse qu’elle portait à la main, a été présenté par elle à chaque personne qui devait, d’après son désir, le sentir et éternuer. Je suis sûre que toutes deux vous vous amuserez bien de ses gentillesses. Hier chez Madame Miquey nous étions comme chez des parents, ton oncle Léon[7] a un visage épanoui à Mulhouse dans la maison du parrain de sa femme. Au dessert on a demandé à Hélène où est parrain ? elle a montré M. Miquey et on a ajouté comment l’aimes-tu ? et aussitôt elle a frappé sur son petit cœur. Ce bon M. Miquey avait l’air tout content, plus tard il a tenu la petite Hélène par la main pour lui faire faire le tour du salon.
Tu recevras bientôt, bonne petite Marie, un cadeau qui te sera précieux, ma chère sœur[8] a eu l’idée de faire copier pour te les offrir les diverses pensées de notre cousine Élisa[9], qu’on a trouvées après sa mort. Cette femme de tant de cœur, si digne, si vertueuse, si intelligente, a traversé de rudes épreuves dans cette vie et a été constamment soutenue par sa confiance en Dieu et sa solide pitié. Mlle Dumaine[10] dont je viens de recevoir une bonne lettre remplie d’intéressants détails, me dit que Madame Milne-Edwards[11] est bien aimable d’avoir demandé de ses nouvelles à sa nièce Madame Albanel[12]. Cette chère demoiselle, une de mes plus vieilles amies, et si touchée des attentions qu’on a pour elle. Madame Anatole Dunoyer[13] me dit de son côté, son regret de ne pouvoir aller trouver ta chère tante dont elle garde un si doux souvenir. Cette aimable et intéressante femme est mère de six enfants[14], c’est assez dire à quel point son temps est rempli.
Adieu bonne petite Marie, ton grand-papa[15] et moi embrassons bien fort nos chères petites-filles leur tante et leur oncle.
Félicité Duméril
Ton bon père[16] va fort bien. Dimanche matin il s’amusait à regarder trotter la petite Hélène.
J’embrasse la bonne-maman[17] et Marthe Pavet[18].
C’est aujourd’hui que se marie Mlle Mairel[19] pour laquelle nous faisons bien des vœux elle nous a paru à mon mari et à moi, être sérieuse et femme d’intérieur.
J’admire le beau travail qu’a fait pour moi ta bonne tante et ne puis assez l’en remercier.
Notes
- ↑ Alphonse Milne-Edwards et son épouse Aglaé Desnoyers.
- ↑ Marie et sa sœur Emilie Mertzdorff.
- ↑ Les deux sœurs viendront seules à Vieux-Thann.
- ↑ Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.
- ↑ Hélène Duméril.
- ↑ Joséphine Fillat, épouse d’Étienne Miquey.
- ↑ Léon Duméril.
- ↑ Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril.
- ↑ Élisa Ghiselain (plutôt qu’Élisa Duméril).
- ↑ Clémentine Dumaine.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Probablement Marie Henriette Paviot de Sourbier, épouse de David Jérôme Natalis Albanel.
- ↑ Jeanne Rocquet, épouse d’Anatole Dunoyer.
- ↑ Alphonse Joseph, Elisa Albertine, Charles Joseph, Isabelle Joséphine, Paul et Jean Dunoyer.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Charles Mertzdorff.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ Fanny Mairel épouse Paul Edouard Munsch.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Dimanche 15 juin 1879. Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) à sa petite-fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_15_juin_1879&oldid=58469 (accédée le 18 décembre 2024).
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