Mercredi 25 octobre 1876
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris le 25 Octobre 1876
Mon Père chéri,
Pardonne-moi de ne pas t’avoir écrit hier ; j’ai pensé à toi toute la journée et je ne sais comment j’ai pu faire pour la laisser passer toute entière sans que la lettre classique parte pour toi ; je vais tâcher de réparer ce matin mon oubli de mon mieux, d’autant plus que j’ai peu ou point de nouvelles à t’apprendre.
Ici tout le monde va bien ; ces messieurs se fatiguent énormément dans leur déménagement de livres qui du reste avance beaucoup ; l’âne blanc et les préparateurs d’oncle[1] ne cessent pas de faire le trajet et de porter des in-folio && qu’ils (moins l’âne blanc) rangent ensuite ; tante[2] fait des paquets de tout ce qui est dans ses armoires afin qu’il n’ait que quand tout sera prêt on n’ait plus qu’à transporter des ballots ; quant à nous[3] nous ne faisons rien ; ou plutôt rien pour le bien général, nous travaillons en haut dans le petit salon puis l’après-midi nous accompagnons tante dans ses courses presque toujours à bien pied, nous marchons énormément depuis notre retour. Cette pauvre tante n’est pas par trop fatiguée malgré la vie qu’elle mène ; hier j’étais en bas avec elle et dans l’espace d’une demi-heure on l’a bien dérangée dix fois, c’était tantôt M. Edwards[4], tantôt un ouvrier, tantôt un magasin && cela n’arrêtait pas ; nous, nous ne nous fatiguons pas et sommes toutes deux dans un état très prospère je t’assure ; je ne tousse plus jamais même plus jamais le matin et le soir comme à Biarritz.
J’ai complètement oublié dans ma dernière lettre de te dire que nous avons été la semaine dernière chez Mme Mettetal[5], lui parler des Bobé. Il y avait plus de quinze ans que tante ne l’avait vue, aussi cette visite a-t-elle été très drôle, tante s’obstinait à dire Mlle à sa fille aînée[6] qui est mariée depuis longtemps et a déjà un bébé ; elle a été très aimable et était parfaitement au courant de l’affaire par la lettre de tante à sa sœur Mme Denonvilliers[7] qu’elle avait là sur sa table (c’est la lettre qui était sur la table) afin de s’en occuper le plus tôt possible, et parce que son mari lui avait dit. Il y a comme tu le sais été une fois ; ils lui ont paru de braves gens, il croit qu’ils ont été trompés en achetant cette pension et leur a promis de s’occuper d’eux, depuis il ne les a plus revus même à l’église, mais il a distribué beaucoup de leurs cartes et c’est d’après ses conseils qu’on a déjà envoyé une petite fille ; Mme M. a dit doit voir prochainement les parents de l’enfant qui sont paraît-il des gens très-bien et savoir s’ils sont contents ; elle a promis à tante de continuer à parler de cette pension afin de les tirer d’embarras en leur donnant un nombre suffisant d’élèves ; tante lui a laissé ta petite note qu’elle a mise avec ses papiers pressés. J’espère que cette visite sera utile à la famille Bobé.
Nous allons dans un instant partir pour l’autre quartier faire visite à Mme Allain[8], au dentiste[9] chez lequel nous devons aller depuis ton départ, et chercher des manteaux d’hiver que nous n’avons pas encore trouvés. Ce soir dîner de famille. Le petit Henri Trézel va mieux M. Roger[10] qui a été consulté a complètement rassuré sa mère[11].
Jean[12] va bien il vient de partir à l’instant. Pardon mon petit Papa pour cette horrible lettre si mal écrite. Emilie elle-même m’adresse de sanglants reproches j’espère que tu seras plus indulgent qu’elle. Je t’embrasse de toutes mes forces,
Ta fille qui t’aime énormément
Marie
Mumele[13] te fait dire qu’elle t’embrasse beaucoup que tu es bien trop gentil de lui avoir écrit une si longue lettre pour sa petite horreur et qu’elle t’écrira bientôt puisque c’est demain le [ ].
[As-tu] des nouvelles de tante Zaepffel[14] ? J’oubliais de te remercier pour les livres de Mlle Bosvy[15], nous allons nous en occuper.
Notes
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Marie Mertzdorff et sa sœur Émilie.
- ↑ Henri Milne-Edwards.
- ↑ Marie Amélie Cordier, épouse du pasteur Auguste Mettetal.
- ↑ Cécile Mettetal, épouse d’Alfred Mettetal et mère de Marguerite Marie Julie Mettetal.
- ↑ Cécile Julie Cordier, veuve de Charles Denonvilliers.
- ↑ Alice Lebreton épouse d’Émile Allain.
- ↑ Ernest Pillette.
- ↑ Le docteur Henri Roger.
- ↑ Louise Ida Martineau, épouse de Camille Trézel.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ « Mumele » : Émilie Mertzdorff.
- ↑ Émilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel.
- ↑ Les livres de Guizot offerts à son enseignante Marguerite Geneviève Bosvy.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mercredi 25 octobre 1876. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_25_octobre_1876&oldid=61710 (accédée le 21 décembre 2024).
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