Mercredi 13 octobre 1875

De Une correspondance familiale


Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


original de la lettre 1875-10-13 pages 1-4.jpg original de la lettre 1875-10-13 pages 2-3.jpg


Paris le 13 Octobre 1875.

Mon petit papa bien-aimé,

Es-tu fatigué ? As-tu des ennuis ? Ce qui me le fait supposer c’est que tous les matins je guette Mlle Deville je descends quand elle arrive et rien…. pas un pauvre petit mot de notre petit papa sais-tu que voilà aujourd’hui huit jours que nous sommes ici et que nous n’avons encore reçu qu’une petite lettre de toi ? J’espère cependant que toutes mes suppositions sont fausses et que ce qui fait que tu ne nous as pas écrit c’est que tes affaires t’en ont empêché. Il me semble vois-tu père chéri qu’il y a un siècle que nous t’avons quitté et que le moment de ton arrivée doive être très proche. Cependant je t’assure que je ne m’ennuie pas mes nouveaux cours au contraire m’amusent beaucoup et c’est avec un vrai plaisir que je m’y rends. Jusqu’à présent le travail qu’on nous a demandé n’était pas exorbitant et peut parfaitement être fait sans fatigue. J’ai du reste remarqué une chose assez drôle c’est que mon cours d’examen est plus long que celui de 1re, a peut-être besoin de plus d’attention, mais il est loin de me fatiguer autant, je crois que cela tient à ce que le Mercredi j’étais dans une émotion perpétuelle attendant ma place, ayant peur de manquer, ce qui me fatiguait beaucoup beaucoup plus que de faire attention d’une façon ordinaire.

Mon cours de Lundi s’est très bien passé ; nous avons eu d’abord Mlle Lecoq qui nous a fait une longue leçon d’histoire puis MlleCarlier qui nous a d’abord fait lire nos analyses en nous les corrigeant puis nous a interrogées sur la grammaire (ce qu’il y a de triste c’est qu’elle va toujours continuer à nous interroger sur l’ancien) puis nous avons été au tableau où nous avons écrit des phrases avec des [maux] difficiles. Emilie[1] était venue avec nous et a assisté à tout le cours qu’il l’a fort intéressée. Il est décidé qu’elle ne suivra pas le cours d’études ; elle viendra avec moi les jours où ses devoirs le lui permettront, elle restera ici quand elle aura trop à travailler, et enfin lorsque tu seras là elle sortira avec toi. L’idée de suivre le cours d’études ne lui souriait pas du tout. Après notre petite récréation nous avons eu MlleBosvy. Honneur à elle et à mon papa chéri, grâce à eux mes problèmes étaient bons au lieu que tout le monde en avait manqué 3 sur 12 après avoir fait refaire au tableau ce qui était mauvais ; Mlle B. nous en a proposé de nouveaux que nous avons faits au tableau ; ils n’étaient pas difficile mais celles qui les faisaient pour la 1re fois ainsi se sont un peu embrouillées. Enfin notre séance s’est terminée par MlleDes Essarts qui nous a fait lire et expliquer les mots. En sortant nous avons été chez Paulette[2] où nous avons passé un bon moment.

Mon Père chéri, je suis au cours, j’ai été obligée de te quitter ce matin pour m’habiller j’attends MlleKleinhans tout le monde parle autour de moi

je t’embrasse de tout mon cœur
ta fille affectionnée
Marie


Notes

  1. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  2. Paule Arnould.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mercredi 13 octobre 1875. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_13_octobre_1875&oldid=41135 (accédée le 18 avril 2024).

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