Vendredi 8 octobre 1875

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)

original de la lettre 1875-10-08 pages 1-4.jpg original de la lettre 1875-10-08 pages 2-3.jpg


Vieux-Thann le 8 8bre 75[1]

Ma chère Marie

Hier j’ai reçu la bonne lettre de tantine[2] qui me dit que vous avez fait bon voyage & sans trop de fatigue, cela fait grand plaisir à lire & j’avoue que j’aimerais bien savoir voyager ainsi.

Je viens d’écrire à MmeZaepffel[3] pour annoncer ma visite pour Lundi soir à mon retour de la Douane de Munster. Si je ne devais pas la trouver je rentrerais directement mais je n’ai pas voulu passer par Colmar sans aller l’embrasser si faire se peut. En même temps je les invite à venir passer quelques jours à Vieux-Thann avant leur départ pour Nancy qui doit être prochain. Si ils quittent comme ils le pensaient vers le 15. Mais comme il fait un temps superbe il est fort possible que l’on prolonge.

Les vendanges continuent toujours chez nous, mais comme il fallait bien travailler à la fabrique nous avons fortement réduit le nombre des ouvriers qui de 60 ne sont plus que 30. Je ne sais si l’on finira, dans tous les cas l’on fait beaucoup mais généralement mauvais.

La perte de notre charmant pont sur la rivière nous a beaucoup gênés, il faut que toutes nos voitures [grimpent] la montagne & passent par Kaltenbach & nous sommes à deux pas du pressoir !

Depuis votre départ je n’ai vu personne que Léon[4] qui me dit que ses parents[5] vont bien, bonne-maman m’a dit qu’elle viendra Dimanche, je l’attends donc pour la journée & vous pouvez être assurés que l’on parlera beaucoup de tout ce monde chéri qui nous a quitté.

La paix n’est pas encore dans mon ménage ma vieille Nanette[6] n’est pas contente, à ce qui me semble, de me quitter, elle me dit que son fils est en France[7] depuis quelques jours mais elle ne sait encore pour quelle époque il viendra en Alsace. Comme elle boude, il est bien plus difficile de savoir ce qu’elle pense ; cependant la chose est très ennuyeuse pour tout le monde à la maison. Quant à Thérèse[8] elle va son petit bonhomme de chemin, mais elle ne m’a pas encore tout à fait promis qu’elle restera seule. Je puis donc un moment me trouver très embarrassé, mais je crois que Thérèse au fond est enchantée & ne fait la récalcitrante que pour se faire prier davantage. Je laisser aller les choses, persuadé qu’elles s’arrangeront toutes seules. & je t’assure que je suis nullement inquiet.
cela marche assez bien pour que je n’aie à prendre aucun souci pour le moment.

Il paraît que M. le curé[9] de Vieux-Thann va mieux, il fait chercher de l’Eau chaude tous les jours.

De moi je n’ai rien à t’apprendre, je vais bien & depuis votre départ je me distrais en circulant bien davantage à la fabrique & je vais prendre l’habitude de faire 2 tours complets tous les jours ce qui me prendra quelques heures.

Tu vois que depuis votre départ les évènements survenus ne sont pas considérables il est du reste déjà tard & je n’ai pas encore quitté mon bureau, il est vrai que j’ai passé 2 heures dans la salle de dessins.

Embrasse bien bien fort Tante & Oncle[10] & Emilie[11], amitiés à MmeDumas[12] qui m’a fait bien grand plaisir à venir passer quelques semaines avec vous. Un bec à Jeannot[13] & mille baisers pour toi.

Charles Mff


Notes

  1. Papier à en-tête professionnel.
  2. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  3. Emilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel et sœur de Charles.
  4. Léon Duméril.
  5. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril (« bonne-maman »).
  6. Annette, cuisinière chez Charles Mertzdorff.
  7. Ce fils était parti en Algérie, à Delys.
  8. Thérèse Neeff, bonne chez Charles Mertzdorff.
  9. Louis Oesterlé.
  10. Aglaé Desnoyers et son époux Alphonse Milne-Edwards.
  11. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  12. Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
  13. Jean Dumas.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Vendredi 8 octobre 1875. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_8_octobre_1875&oldid=36105 (accédée le 18 décembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.