Mercredi 13 juin 1860
Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa mère Félicité Duméril (Paris)
13 Juin 1860
Ma chère Maman
J'ai eu bien grand plaisir à recevoir vos trois bonnes lettres auxquelles j'aurais voulu répondre de suite hier mais les caisses étant arrivées le matin j'ai eu beaucoup à faire pour tout ranger et en outre j'avais à dîner M. Mairel qui devait aller à Wattwiller avec Charles[1]. Tout est arrivé en très bon état et nous vous remercions mille fois de toutes les peines que vous avez encore prises pour ces emballages, je vous remercie aussi beaucoup pour les petits vases qui me plaisent bien. Mimi[2] va bien, elle a pourtant été tourmentée ces jours-ci par avec une fièvre urticaire qui la faisait souffrir. Nous avons fait venir M. Conraux qui nous a dit que ce n'était absolument rien, en effet elle ne souffre que de démangeaisons ; elle continue à sortir et à faire toutes choses comme d'habitude elle prend seulement des petits bains de son ; c'est presque passé aujourd'hui et elle a bien dormi mais elle avait passé plusieurs mauvaises nuits et Charles a encore été obligé de quitter ma chambre. Nous avions d'abord attribué ces nombreuses ampoules qui paraissaient et disparaissaient à des morsures de bêtes comme je l'ai écrit à Eugénie[3]. Elle est bien gaie et bien gentille et fait toujours des progrès. Quand elle voit l'étui à lunettes de sa bonne-maman[4], elle dit de suite bon-papa. J'ai encore à vous charger de plusieurs choses. Je te prierai de m'acheter encore une 12aine de mouchoirs en fil, jolis et de les faire imprimer en lettres enlacées un peu grandes C.M. Ma tante[5] aimerait bien avoir 2 douzaines de mouchoirs à 11 sous comme les nôtres. Ville de France rue Richelieu. Mme Henriet[6] désirerait 2 m 1/2 toile grise à 2 F comme le modèle chez Cheuvreux[7] et une pièce soutache bleue 2 F 50 chez Charavel rue Richelieu et rue Rivoli. Je demande à papa[8] de vouloir bien acheter le manuel de piété à l'usage du sacré cœur, chez Jacques Lecoffre[9] 29 rue du vieux Colombier, c'est pour Eugénie à qui j'ai pris le sien. Je voudrais avoir le livre des ménages par M. Belèze[10] chez Hachette 3 F ; la santé des enfants par Mme de Ségur[11] 50 c Hachette, l'éducation du foyer par Mme Molinos-Lafitte [12] 15 boulevard des des Italiens 1 F.
Je suis bien fâchée de donner toute cette peine à Papa et l'en remercie à l'avance. Catherine et Marie[13] voudraient bien avoir 2 bénitiers à 65 c.
Voilà ma maison qui se remet en ordre mais il y a eu bien à faire. demain j'ai les repasseuses car tous mes rideaux sont lavés, petits et grands. J'espère que Léon[14] jouit bien de son séjour à Paris et je suis toute heureuse de le sentir près de vous. Ne lui avez-vous pas trouvé bonne mine ? Ma tante[15] est-elle aimable avec vous comme pendant mon séjour ? et Adèle comment va-t-elle, pauvre enfant, était-elle triste quand je suis partie, embrassez-la bien pour moi, je te prie, je veux écrire ces jours-ci à Isabelle[16]. Adieu ma chère maman, je t'embrasse bien tendrement ainsi que papa et Léon et suis ta fille bien attachée
C.M
Je voudrais que Léon me rapportât 2 paquets gressins et un saucisson
Je viens de recevoir le biberon et la lampe pour lesquels je vous remercie beaucoup. en y réfléchissant, j'aimerais avoir encore 2 m. de toile grise à 2 F pour tabliers je m'en trouve très bien. J'aimerais avoir aussi de la société Hygiénique[17] 1 flacon vinaigre de toilette, 1 flacon eau pour les dents et un pot pommade ;
Charles est à Mulhouse depuis ce matin
Notes
- ↑ Charles Mertzdorff, mari de Caroline Duméril.
- ↑ Marie Mertzdorff, fille de Caroline.
- ↑ Eugénie Desnoyers, amie de Caroline.
- ↑ Marie Anne Heuchel, veuve de Pierre Mertzdorff.
- ↑ Émilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel.
- ↑ Célestine Billig, épouse de Louis Alexandre Henriet.
- ↑ La maison Cheuvreux-Aubertot fait commerce de tissus ; ils exposent cachemires et soieries à l’exposition universelle de 1867.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Jacques Lecoffre (mort en 1866), libraire-éditeur de livres religieux, dont le Manuel de piété à l’usage des élèves du Sacré-Cœur, en usage dès 1835, composé par le Père Le Baillif, chanoine de la cathédrale du Mans et aumônier du Sacré-Cœur ; cet ouvrage connaît de très nombreuses éditions.
- ↑ Guillaume Belèze, Le livre des ménages : nouveau manuel d'économie domestique, contenant les notions et les renseignements les plus utiles aux ménagères..., L. Hachette, 1860, 390 p. ; cet ouvrage est plusieurs fois réédité par la suite.
- ↑ Sophie de Ségur (1799-1874), La Santé des enfants, L. Hachette, 1857 (In-16, 90 p.) ou bien la 2e édition, 1860 (In-8°, 60 p.).
- ↑ Mme A[ntonia] Molinos-Lafitte, L'Éducation du foyer, conseils aux mères qui élèvent leurs filles, Paris, Librairie nouvelle, 1859, 4e édition, In-16, 185 p. (1e édition en 1850).
- ↑ Catherine et Marie Martin, employées chez les Mertzdorff.
- ↑ Léon Duméril, frère de Caroline.
- ↑ Eugénie Duméril, sœur de Félicité, mère d’Adèle.
- ↑ Isabelle Latham.
- ↑ Parfumerie de la rue de Rivoli.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Mercredi 13 juin 1860. Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa mère Félicité Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_13_juin_1860&oldid=60134 (accédée le 2 décembre 2024).
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