Mardi 8 mai 1877 (B)

De Une correspondance familiale


Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)


original de la lettre 1877-05-08B pages 1-4.jpg original de la lettre 1877-05-08B pages 2-3.jpg


Vieux-Thann 8 Mai 1877.

Ma bien chère Aglaé,

Un peu avant le dîner j’ai reçu par Léon[1] la bonne lettre de ma chère petite Marie[2], je l’en remercier mille fois en lui disant qu’elle m’a fait bien plaisir de m’écrire, mais en lui rappelant en même temps que je veux me contenter de celles écrites si régulièrement à leur bon père[3] soit par elle, soit par Emilie[4], car avant tout je ne veux pas que pour moi on prenne sur le temps de la récréation si nécessaire à la jeunesse. En te disant que c’est Léon qui était porteur de la chère lettre reçue ce matin, je t’apprends que nos jeunes gens[5] sont enfin de retour, ils ont fait un charmant voyage favorisé presque constamment par un temps magnifique. Au retour, l’accueil fait à la Tour du Pin et à Dijon par les frères et sœur de Madame Stackler[6] a bien touché Léon qui est charmé de la nouvelle famille dans laquelle il a eu le bonheur d’entrer. A Présent je suis bien impatiente de revoir Marie que Léon a laissé chez sa mère parce qu’elle était un peu fatiguée, mais demain ils viendront tous les deux et j’espère que ce sera ici qu’on dînera, puis après le départ de M. Henri Stackler, le nouveau ménage viendra tout à fait se fixer à Vieux-Thann et habiter chez Charles les deux pièces contiguës au second étage, en attendant que l’appartement qui leur est destiné soit achevé. Ce pauvre M. Henri Stackler vient d’avoir un abcès dans la bouche, il en a beaucoup souffert, il va mieux, sans être encore remis.

Je t’ai écrit ma bonne Aglaé, il y a une dizaine de jours pour te dire combien nous avions été impressionnés en apprenant que le feu avait été dans la chambre de Madame Dumas[7], n’entendant plus rien dire à ce sujet, j’espère que cela n’aura pas nui à sa santé ni à celle de ce bon petit Jean[8] dont la frayeur dut être bien grande. À l’occasion, fais je te prie, à tes chères sœurs[9], mes tendres amitiés.

Marie[10] me dit que vous avez l’intention d’aller samedi prochain chez Mme Gastambide[11] si tu peux mettre à exécution ce projet, veuille lui dire que j’ai été bien avec elle le jour du mariage de son fils Jules[12] auquel nous adressons nos félicitations et nos vœux. Voudrais-tu demander à notre aimable cousine l’adresse de Mlle Pilet[13] car je tiens à lui envoyer un faire-part. Elle habite à présent la Suisse mais je ne sais quelle ville ni le nom de la dame chez qui elle demeure.

Pauvre Madame Roger[14] ! que d’épreuves elle a eues dans cette vie ! ce sont les sentiments chrétiens dont elle est pénétrée qui lui donnent ce courage et cette résignation si admirables. Je suis sans nouvelles récentes de ma sœur[15] qui est encore probablement auprès de mon oncle Vasseur[16] dans le Blésois.
La première fois que nous irons à Paris nous comptons aussi aller visiter ce bon oncle et faire également une station à Flers[17].

Adieu chère et bonne Aglaé, il ne se passe pas de jour où je ne pense pas à toi, à ton mérite, à ton dévouement, je t’embrasse comme je t’aime ainsi que nos chéries[18] et ta bonne mère[19].
Félicité Duméril

Il y a huit jours M. Henriet[20] est venu nous annoncer officiellement le mariage de Jeanne[21] avec M. Baudry.


Notes

  1. Léon Duméril, son fils.
  2. Marie Mertzdorff.
  3. Charles Mertzdorff.
  4. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  5. Léon Duméril et son épouse Marie Stackler, revenus de voyage de noces.
  6. Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler et les familles Hertzog et Borel.
  7. Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
  8. Jean Dumas.
  9. Les belles-sœurs d’Aglaé : Cécile Milne-Edwards-Dumas et Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
  10. Marie Mertzdorff.
  11. Emilie Delaroche, épouse d’Adrien Joseph Gastambide.
  12. Jules Gastambide a épousé Elizabeth Dhombres.
  13. Mlle Pilet, ancienne gouvernante dans la famille Latham.
  14. Pauline Roger, veuve de Louis Roger, vient de perdre un enfant.
  15. Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril.
  16. Probablement Théophile (Charles) Vasseur.
  17. Flers où réside la famille Soleil.
  18. Marie et Emilie Mertzdorff.
  19. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  20. Louis Alexandre Henriet.
  21. Jeanne Henriet doit épouser Paul Baudry.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mardi 8 mai 1877 (B). Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_8_mai_1877_(B)&oldid=41053 (accédée le 21 novembre 2024).

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