Mardi 25 juin 1878

De Une correspondance familiale


Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)


original de la lettre 1878-06-25 pages 1-4.jpg original de la lettre 1878-06-25 pages 2-3.jpg


Mardi 25 juin 78

Ma chère Marie

C’est encore à toi que je m’adresse pour t’expliquer pourquoi vous avez été si longtemps sans nouvelles.
Au reçu de ta lettre j’ai compris que ma lettre de Vendredi[1] était perdue. J’ai bien cherché & l’ai trouvée dans le secrétaire du petit salon à côté d’une enveloppe avec adresse de M. & Mme Willmann[2] auxquels je voulais adresser une carte de visite contre leur lettre de faire-part de la naissance d’une 2e fille. Tout cela est resté oublié. Je viens de réparer ma faute en donnant ma longue missive à Melcher[3] ; car c’eût été dommage de perdre un si long & si intéressant travail qu’une lettre de 8 pages.

Autre oubli à réparer. Ma sœur Mme Zaepffel[4] doit être à Paris pour peu de jours à ce que je crois. Si vous arrivez à la voir tu voudras bien penser à lui remettre 100 F de la part de tante Georges[5], je suppose qu’elle connaît l’usage qu’elle doit en faire, car je ne suis nullement initié à la chose.
de Nancy votre tante m’écrit que sa belle-sœur de Paris[6] a fini par lui trouver un logement dans hôtel du Danube rue Richepanse, donnant boulevard de la Madeleine. elle doit être à Paris depuis Dimanche dernier ; mais comme ils ne restent que peu de jours, elle serait difficilement à trouver dans son hôtel.

A 5 h aujourd’hui Mardi, Mme Auguste[7] nous a quittés en bien bonne santé, j’étais au Moulin pour lui faire mes adieux & j’y ai trouvé tout le monde en parfaite santé. Marguerite[8] jouant à la dînette avec sable & petits cailloux elle sait très bien se suffire à elle-même.

Si hier nous avions de la pluie aujourd’hui il fait un soleil brillant & des plus chauds, l’on grille le long de la montagne sur le chemin du Moulin entre 1 à 3 h.
L’oncle Georges[9] va bien mieux aussi il ne souffre plus, mais ne peut encore se tenir sur pied, il se lève, mais ne peut faire un pas, c’est sur une chaise qu’il faut le traîner d’une pièce à l’autre. Ce serait le cas d’avoir un fauteuil à roulettes comme j’en ai vu à l’exposition.

M. Jaeglé[10] a écrit à sa femme, mais je ne connais pas le contenu de sa lettre, elle nous dit seulement qu’il est à Versailles auprès de son frère[11].

Dimanche tout le monde a dîné chez moi, grande salle à manger. Thérèse[12] a fait un dîner passable mais non correct dans les règles de l’art. après le potage filet à la jardinière, bon, puis du veau à la sauce brune, puis le rôti & après truites & petits pois. Il y a quelque chose qui choque que ces 3 viandes qui arrivent coup sur coup. Mais cela n’a pas empêché d’être gai le café au billard où l’on a passé tout l’après-midi.

Lundi, hier, dîner chez Mme Stackler[13] où était Mmes Berger[14] & [Marthe]. Comme j’étais seul par l’absence de Jaeglé j’ai quitté la société de bonne heure. M. & Mme Miquey[15] que j’oubliais.

M. & Mme de Torsay[16] que je ne vois pas parce qu’ils passent tout leur temps au moulin, doivent quitter Jeudi ou Vendredi prochain, s’arrêtant à Dijon de sorte que fin de la semaine cette vie d’agitation se calmera
[Henri] Stackler est aussi à son départ.
Lundi prochain Marie Duméril[17] nous quitte pour Albisbrunn[18], & elle en a grand besoin. du reste les Docteurs sont nullement inquiets à ce que me dit Léon & l’on espère les meilleurs résultats des Eaux froides.

M. Lehmann[19] à Wattwiller n’a personne dans son hôtel, il m’a écrit demandant à me voir. c’est désolant que je sois le seul à croire à Wattwiller, mais jusqu’à présent je n’ai pas pu y aller, pendant l’absence de Jaeglé impossible étant [chef] du bureau & caissier, après j’ai donc mon Jury[20] - du 8 au 18. & après bien peu de jours me séparent de vous. Cette année je ne ferai donc pas ma petite saison préventive contre les maux à venir. Il est vrai que je me porte bien, très bien même & que je puis me passer de cette distraction hygiénique.

D’après Mme Berger le bobo de Marie B.[21] n’est pas grave, elle espérait que pour aujourd’hui elle saura reprendre sa course à travers Paris & l’exposition. Mme Berger a peu vu cette dernière, elle avait trop d’autres courses à faire pendant son court séjour à Paris. Me voici à la fin de mon petit papier. Encore un bon petit bonjour mille baisers à tous avec toutes mes caresses pour mes petites[22]
CHsMff


Notes

  1. Lettre du samedi 22 juin.
  2. César Willmann et son épouse Clara Kohler, parents de Renée et Alice Willmann.
  3. Melcher : Melchior Neeff, employé par Charles Mertzdorff.
  4. Emilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel (« votre tante » de Nancy).
  5. Élisabeth Schirmer épouse de Georges Heuchel.
  6. Probablement Marie Anne Victoire Bastard épouse d’Alphonse Étienne Zaepffel.
  7. Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril.
  8. Marguerite Courtin de Torsay.
  9. Georges Heuchel.
  10. Frédéric Eugène Jaeglé, époux de Marie Caroline Roth.
  11. Ernest Jaeglé ?
  12. Thérèse Neeff, employée par Charles Mertzdorff.
  13. Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
  14. Joséphine André, épouse de Louis Berger.
  15. Étienne Miquey et son épouse Joséphine Fillat.
  16. Charles Courtin de Torsay et son épouse Clotilde Duméril.
  17. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.
  18. Albisbrunn, station thermale près de Zurich.
  19. Charles Xavier Lehmann.
  20. Jury au tribunal de Colmar (Voir la lettre du 9 juillet).
  21. Marie Berger, sa fille.
  22. Marie Mertzdorff et sa sœur Emilie.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mardi 25 juin 1878. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_25_juin_1878&oldid=42416 (accédée le 21 novembre 2024).

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