Lundi 24 juin 1878

De Une correspondance familiale

Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1878-06-24 pages 1-4.jpg original de la lettre 1878-06-24 pages 2-3.jpg


Paris 24 Juin 1878
Jour de la Saint-Jean d’été

Où faut-il te chercher aujourd’hui, mon Papa chéri ? Où es-tu, que deviens-tu ? Sont-ce les plaisirs de la noce[1] qui te tiennent si longtemps loin de tes filles[2] ou bien au contraire la fatigue que tu y as prise est-elle si grande que tu oublies de venir nous dire un peu comment les choses se sont passées Jeudi ? Tous les jours on guette le courrier mais rien, toujours rien. Il est vrai que les sales petites lettres que nous t’écrivons ne doivent guère t’encourager à nous écrire ; j’étais vraiment honteuse de ce que je t’ai envoyé Samedi et je crois que je pourrai encore rougir aujourd’hui car ma main marche à la vapeur ; il est déjà midi et nous devons être à 1h juste rue de Luxembourg chez le dentiste[3] nous ne sommes pas habillées bien entendu. Avec cela il fait si si chaud qu’on n’a nulle envie de sortir et de se dépêcher ; depuis hier on étouffe, il fait chaud comme en plein été et comme on n’y était pas habitué cela paraît bien désagréable. Malgré cette température tropicale nous avons été tous hier à l’exposition mais nous n’y sommes pas restés bien longtemps nous avons été tous bien vite fatigués. Nous avons vu la fin des forêts, les bois employés dans l’ébénisterie puis les fourrures et les joujoux, cette dernière partie nous a fort amusées aussi oncle[4] ne fait-il plus que nous taquiner car il prétend qu’on ne pouvait plus nous arracher du bébé qui dit Ah ! papa, Ah ! maman !

C’est Jeudi prochain la distribution des prix ; Emilie se réjouit beaucoup d’y assister car elle compte recevoir sa médaille d’examen.
Je devais aller aujourd’hui chez M. Flandrin[5] mais je crois t’avoir dit déjà que cette pauvre Marie[6] a la scarlatine et bien que l’atelier ait déménagé et se fasse maintenant rue de Rennes tante[7] hésite à m’y mener pour aujourd’hui je n’irai certainement pas.
M. Edwards[8] est tellement accablé de besogne en ce moment que c’est à peine s’il pose à la maison ; dès 8h du matin il est à l’exposition et comme il est en rapport avec beaucoup de monde il dîne sans cesse en ville. Cependant il se porte merveilleusement et est bien moins fatigué que nous par la chaleur.
Hier matin nous avons donné nos petites robes elles allaient parfaitement bien et ont fait je crois une immense plaisir aux 2 petites filles. Nous leur faisons maintenant des tabliers.
Après avoir eu une grande ardeur de dessin la semaine dernière je n’ai plus rien fait je vais m’y remettre.

Adieu, mon Papa chéri, je t’embrasse de tout mon cœur comme je t’aime.
ta fille Marie

J’embrasse bien fort bon-papa et bonne-maman[9]. Je te prie de faire nos amitiés à tous les membres de la famille[10] qui sont encore à Vieux-Thann.
J’embrasse bien fort ma petite cousine Maria[11] que je voudrais bien connaître surtout après le ravissant portrait que tu nous en as fait. Tante Marie[12] est-elle partie ?


Notes

  1. Georges Duméril a épousé Maria Lomüller le jeudi 20 juin.
  2. Marie Mertzdorff et sa sœur Emilie.
  3. Ernest Pillette.
  4. Alphonse Milne-Edwards.
  5. Paul Flandrin qui reçoit des élèves dans son atelier.
  6. Marie Flandrin.
  7. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  8. Henri Milne-Edwards.
  9. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
  10. La famille Duméril venue pour le mariage.
  11. Maria Lomüller, nouvelle épouse de Georges Duméril.
  12. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril, doit faire une saison à Albisbrunn.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Lundi 24 juin 1878. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_24_juin_1878&oldid=61641 (accédée le 21 novembre 2024).

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