Mardi 16 mars 1880 (B)
Lettre de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) à sa petite-fille Marie Mertzdorff (Paris), probablement jointe à la lettre précédente
Vieux-Thann 16 Mars 1880
Ma bonne petite Marie
Ta bonne-maman[1] venait de terminer la lettre ci-jointe[2] quand je lui ai rapporté de la fabrique la tienne qui nous a fait bien plaisir & dont nous te remercions.
Notre départ pour Paris n’est pas encore positivement fixé, mais ce sera dans les premiers jours d’Avril ; probablement le 3 ou le 5, samedi ou lundi ; dès que nous aurons pris notre décision, nous écrirons au Borysthène[3] pour retenir une chambre & nous vous en informerons naturellement. Nous nous réjouissons de voir la fiancée[4] & de faire connaissance avec notre futur petit-fils & avec sa famille à laquelle nous allons nous trouver alliés par le fait de notre chère petite Marie.
Nous ne savons pas encore exactement le jour fixé pour ton mariage : sera-ce le 15 ou le 16 Avril. Ton oncle de Moulins[5] a demandé la date en écrivant à Georges[6], car il désire y assister : Paul & Marie[7] vont passer les vacances de Pâques à Versailles & doivent aller faire une visite à Tonnerre où ils doivent se retrouver je crois avec ton oncle[8] ; Georges ira aussi je crois, mais sans sa femme, car lui compte faire d’autres excursions qui seraient fatigantes pour elle, mais elle regrette de ne pas assister à la fête de famille. Les vacances de Paul se prolongeront-elles assez pour qu’il soit encore libre au milieu d’Avril ? c’est ce que nous ne savons pas & les lettres de Moulins sont trop rares pour que nous soyons au courant de leurs projets.
As-tu écrit à ta tante Eugénie[9], elle aussi contre son habitude ne nous a écrit que deux toutes petites lettres depuis qu’ils sont à Saint-Brieuc, elle y a été jusqu’ici trop occupée pour reprendre ses habitudes de correspondance.
Dans la seconde elle parle avec grand intérêt de toi & de l’évènement heureux qui se prépare mais elle ajoute qu’elle ne croit pas pouvoir y assister ; leur installation l’a tellement occupée qu’elle n’avait pas encore été jeter un coup d’œil sur la mer qu’on voit en allant à 5 minutes de la Banque. Peut-être une lettre de toi la déciderait-elle à faire le voyage, qui malheureusement est long.
En même temps que ta lettre j’en ai trouvée une très intéressante de ton oncle Henri Delaroche qui me donne bien des détails sur les mariages de la famille. Je vais t’en transmettre une partie quoique vous ayez sans doute été mis au courant en partie par la visite de Mmes Gastambide[10] & Chauvet[11].
« Le mariage de Kablé[12] dont tu t’enquerrais s’est trouvé un peu retardé, d’une part parce que les dames Breebart[13] qui avaient eu d’abord l’intention de venir à Paris dès Janvier ont trouvé plus prudent de ne pas passer ainsi au cœur de l’hiver du climat de Nice à celui du Nord de la France & ne sont arrivées qu’à la fin de Février & d’autre part parce que la maison où Kablé doit s’installer à mi-Côte ne sera prête à les recevoir qu’à la fin d’Avril.
Pendant le séjour que nous avons fait à Paris nous avons vu ces dames & avons constaté avec grand plaisir que Mlle Breebaart répondait parfaitement à ce que Charles nous avait dit d’elle : c’est une jolie personne fort agréable, à la fois simple & distinguée &&
vous avez sans doute appris le mariage de Lionel Latham[14], car il m’a dit qu’il avait l’intention de vous l’annoncer (il l’a fait & paraissait le plus heureux des hommes). Il épouse Mlle Madeleine Mallet fille de M. Arthur Mallet cousin germain de ma femme[15], lequel a épousé une Demoiselle Rougemont[16]. Cette nouvelle nièce est une fort jolie & agréable personne de 22 ans. Lionel est fort heureux & rencontre dans cette union tout ce qu’il pouvait désirer. Mlle Mallet qui a 4 frères & sœurs[17] a une fort jolie dot & il lui reviendra de la fortune par la suite mais sans que cela approche, je crois de celle de Lionel qui est très belle. Ma femme s’est beaucoup occupée de ce mariage & (ce serait trop long à copier).
En épousant une Parisienne & n’ayant pas d’occupations forcées au Havre, Lionel a dû naturellement consentir à passer une certaine partie de l’année à Paris & il va en conséquence y prendre un appartement, tout en conservant son domicile au Havre. Le mariage se fera vers le 20 Avril. C’est toujours le 3 Avril qu’aura lieu celui de Raoul[18] : il revient aujourd’hui même de Paris avec la famille Iselin. Quant à ma femme & Gabrielle[19] elles sont revenues il y a huit jours.
Le séjour des Delaroche à Paris a été assombri par la mort de Madame Paul Oberkampf[20] nièce de Céline décédée à 34 ans morte à Bordeaux laissant 4 enfants[21] & de Mme Henri Hottinguer[22] fille de Mme François Delessert[23] morte à 66 ans d’une attaque foudroyante d’apoplexie séreuse.
Il parle de la maladie des Jules Gastambide vous en avez les détails.
Henri ne viendra à Paris que vers le 20 Avril pour le mariage de Lionel.
Il dit qu’il espère nous y trouver encore, mais nos jeunes époux[24] seront envolés.
Ta lettre à Marie Léon[25] lui a fait le plus grand plaisir & nous a chargés de t’en remercier : la pauvre femme est bien triste de ne pouvoir pas aller à ton mariage & compte bien vous voir à votre retour du voyage de noces.
Hélène[26] continue à bien aller je ne l’ai pas vu ce matin, elle dormait, sans cela je lui aurais demandé ses commissions pour toi.
Nous sommes invités à aller dîner chez Mme Miquey[27] le lundi de Pâques, toute la famille ; il doit y avoir grande cavalcade à Mulhouse au profit des pauvres ; ce n’est pas ce qui nous charme, mais Hélène s’en amusera.
Sois notre interprète auprès de toute la famille y compris Monsieur de Fréville : tu sais ce que ressentent nos cœurs & je m’en rapporte à toi pour le bien exprimer
Ton vieux grand-père
C. Duméril
J’oubliais à propos de mariage de te raconter que nous avons eu une courte visite Dimanche de Madame Stoecklin[28] & de Marie[29] qui nous ont présenté le fiancé de cette dernière, M. Prudhomme jeune chimiste très distingué, très travailleur, ami de Georges. Marie était rayonnante, lui assez gêné ne nous connaissant pas.
L’heure me pousse.
Notes
- ↑ Félicité Duméril.
- ↑ Probablement la lettre précédente.
- ↑ L’hôtel du Borysthène, rue de Vaugirard.
- ↑ Marie Mertzdorff est fiancée avec Marcel de Fréville.
- ↑ Paul Duméril, frère de Georges.
- ↑ Georges Duméril, époux de Maria Lömuller.
- ↑ Paul Duméril et son épouse Marie Mesnard.
- ↑ Léon Duméril ?
- ↑ Eugénie Duméril, veuve d'Auguste Duméril, qui est auprès de sa fille Adèle dont l'époux de Félix Soleil vient d'être nommé à la banque de Saint-Brieuc.
- ↑ Émilie Delaroche, épouse d'Adrien Joseph Gastambide.
- ↑ Adrienne Gastambide, épouse d'Alphonse Chauvet.
- ↑ Charles Kablé épouse en secondes noces Emma Breebaart le 20 avril 1880.
- ↑ Emma Breebart et sa mère Charlotte Hellmann, veuve de Nicolas Breebaart.
- ↑ Lionel Henry Latham.
- ↑ Céline Oberkampf, épouse d’Henri Delaroche.
- ↑ Anna de Rougemont, épouse d’Arthur Mallet.
- ↑ Cécile Mallet, épouse de Frédéric Mallet ; Théodore, Ernest et Lucie Noémie Mallet.
- ↑ Raoul Delaroche épouse Julie Mathilde Émilie Iselin.
- ↑ Gabrielle Delaroche.
- ↑ Emma Clossmann, épouse de Paul Oberkampf.
- ↑ Albert, Hélène, Isabelle et Yolande Marie Nelly Oberkampf.
- ↑ Caroline Delessert, veuve de Jean Henri Hottinguer.
- ↑ Julie Sophie Gautier, veuve de François Marie Delessert.
- ↑ Marie Mertzdorff et Marcel de Fréville.
- ↑ Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.
- ↑ Hélène Duméril.
- ↑ Joséphine Fillat, épouse d’Etienne Miquey.
- ↑ Elisa Heuchel épouse de Jean Stoecklin,
- ↑ Marie Stoecklin épouse Marie Maurice Prudhomme le 27 avril.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mardi 16 mars 1880 (B). Lettre de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) à sa petite-fille Marie Mertzdorff (Paris), probablement jointe à la lettre précédente », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_16_mars_1880_(B)&oldid=61213 (accédée le 15 novembre 2024).
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