Lundi 31 mai et mardi 1er juin 1869

De Une correspondance familiale


Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (Nogent-le-Rotrou-Launay)


original de la lettre 1869-05-31B pages1-4.jpg original de la lettre 1869-05-31B pages2-3.jpg


Nie chérie, je n'ai pas un gros sac de nouvelles à te l'envoyer aujourd'hui. Quoique nous n'ayons pas travaillé à la fabrique, mon temps a toujours été pris. Et je n'ai pas fait grand-chose !

Cet après-midi j'ai passé 2 h à voir fonctionner une machine à broder très compliquée & peu pratique pour nous. Le même viendra demain me soumettre une machine à coudre.

Ce matin les incendiés[1] sont venus voir le maire[2] qui ira probablement à Mulhouse plaider leur cause & prendre leur affaire en main.

Ce ne sont que les toitures qui ont brûlé, le reste par ces pluies, car il pleut toujours s'en va.

Georges[3] a été levé cet après dîner mais il ne peut se tenir sur ses jambes & a passé une bien mauvaise nuit.

Thérèse[4] continue à faire sa petite besogne & lorsque je la demande réponse invariable, cela va Mieux. du reste elle n'a pas trop mauvaise mine quoique très pâle. Si j'étais chargé de te donner les détails sur les faits & gestes des 2 bonnes[5] j'en serais incapable ne les voyant que le moins de temps possible.

L'un des décorateurs, vieux chêne, compte finir dans 2 à 3 jours. Le marbre doit se mettre à la besogne demain & marcher très lestement m'assure-t-on. En attendant les peintres[6] sont dans le jardin, bancs, serre, ponts etc.

Les cimenteurs vont se mettre au petit bassin de la glacière & le maçon remonte en ce moment la chaudière des bains.

Mais il manque encore beaucoup. De la balustrade pas de nouvelles ! Pas plus de bien d'autres petits détails qui sont demandés depuis des mois. Le papier de la chambre d'Aglaé[7] est ici, sera posé demain ou après ; le rouge, pas de nouvelles.

Te voilà parfaitement au Courant de ce qui se passe dans ta maison.

Ce matin j'ai reçu une lettre gracieuse de M. Keller qui est à Paris pour me remercier du concours courageux que j'ai donné. Tu sais que mon courage s'est borné à laisser faire le Curé[8].

les Zaepffel[9] ne me disent rien de la préfecture si ce n'est que M. Ponsard[10] est inquiet. Le sénateur de Heeckeren[11] qui a été si maltraité par ses bons Alsaciens, vient de donner sa démission au conseil général. Cela ne diminue pas ses revenus ! A Mulhouse bien des familles se trouvent divisées !

Mardi matin. de la pluie toujours !

Fatigué hier au soir je n'ai pas continué mon verbiage, cependant ne veux pas laisser partir la lettre sans te dire un bonjour.

Je ne sais encore rien de l'oncle[12] ! Demain j'irai à Mulhouse tant pour moi que pour les incendiés que je vais faire venir ici.

Comme déjà dit, tu peux très bien signer le bail avec Ménager[13] j'approuverai des 2 mains puisque tous les renseignements sont bons, que les personnes plaisent, Ménager paraît un excellent homme. S'il ne s'en tire pas, Vieux-thann l'aidera. mais s'il est piocheur, il s'en tirera très probablement.

Je ne te parle pas de ma propre personne, elle va bien même moralement, n'ayant qu'un désir d'aller vous retrouver ; mais surtout vous ramener ! Embrasse bien fillettes[14] pour moi

tout à toi

Charles


Notes

  1. Un incendie en mai 1869 a détruit 3 maisons de Vieux-Thann ; un pompier a été gravement blessé par la chute d’un mur.
  2. Charles Mertzdorff lui-même, maire de Vieux-Thann.
  3. Georges Heuchel.
  4. Thérèse Gross, cuisinière chez les Mertzdorff.
  5. Thérèse Gross et Victoire.
  6. Les peintres de l’entreprise Bulffer.
  7. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  8. François Xavier Hun.
  9. Edgar Zaepffel et son épouse Emilie Mertzdorff, sœur de Charles.
  10. Hippolyte Ponsard, préfet du Haut-Rhin.
  11. Georges Charles d'Anthès d’Heeckeren (1812-1895).
  12. Georges Heuchel.
  13. Michel Victor Ménager doit prendre la ferme de Launay.
  14. Marie et Emilie Mertzdorff, filles de Charles.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Lundi 31 mai et mardi 1er juin 1869. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (Nogent-le-Rotrou-Launay) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_31_mai_et_mardi_1er_juin_1869&oldid=60108 (accédée le 19 mars 2024).

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