Lundi 24 mai 1869

De Une correspondance familiale


Lettre d’Eugénie Desnoyers (Nogent-le-Rotrou-Launay) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


Launay Lundi 9 h

Mon cher Charles,

Comme je te l'ai expliqué la clef de l'armoire au linge est dans le tiroir du bas de l'armoire à glace qui n'a ni serrure, ni bouton et qui se tire en mettant la main dessous. Mon carton à cachemire est dans ce même tiroir, qui semble ne devoir pas exister.

Maintenant je ne dois et ne puis qu'approuver tout ce que tu décides, mais réellement j'aurais de beaucoup préféré qu'on ne fit rien, que d'entrer dans tous nos appartements, de faire vider nos armoires à linge && en mon absence, et si j'osais je partirais de suite te retrouver ; et je te prie si tu peux nous revenir cette semaine, de mettre tous les ouvriers à la porte et ils reviendront quand il y aura dans la maison des gens pouvant un peu les empêcher de fureter partout et capables de mettre de l'ordre.

Tu fais tout cela pour m'être agréable je t'en remercie, mais tu sais lorsque nous circulons tous dans la maison nous trouvons les portes et armoires forcées ; Dieu sait ce que ça va être en ce moment, où il n'y a que Victoire[1] sur laquelle je ne puis même pas compter quand je suis là. M. Bulffer fait de toi ce qu'il veut, quand je voudrai te faire faire quelque chose je l'enverrai chercher !

Tu es bien aimable de m'écrire d'aussi longues et bonnes lettres, c'est mon bonheur de les lire et mes petites filles[2] ne sont pas moins impatientes que moi de les voir arriver, Adieu, mon cher ami, je t'embrasse de cœur toute à toi

Eugénie M.

Malgré l'ennui des ouvriers j'aime encore mieux être là que de les savoir dans la maison en mon absence. Dans quel état doit être la maison ! La clef de l'armoire de joujoux est dans le tiroir aux <ch>

Je te remercie aussi pour les journaux et pour l'extrait de la proclamation Dumas[3].

Il fait encore magnifique, les enfants m'attendent pour partir en promenade ; on joue devant le billard, en attendant, avec le sable. Papa[4] s'habille pour descendre à Nogent chez le notaire, M. de Torcay[5], Dugué & Il va savoir quels sont les renseignements sur les Ménager[6], s'il faut faire affaire avec eux. Jousselin[7] est revenu hier, mais il a encore recommencé à vouloir dire du mal sur les uns et les autres, c'est une disposition désagréable ; j'en aimerais mieux un autre.

Adieu, mon Ami, Que de choses tu as à faire, encore une journée à la mairie[8] bonne chance à M. Keller, il a toutes mes sympathies, et une dépêche m'annonçant ton retour.

Encore de bons baisers de nos petites filles qui ne cessent de parler de ce bon père et quand le reverrons-nous

Amitié de tout mon entourage.


Notes

  1. Victoire, domestique chez les Mertzdorff.
  2. Marie et Emilie Mertzdorff.
  3. Ernest Charles Jean Baptiste Dumas, candidat officiel dans le Gard. Voir ce document, joint à la lettre du 22 mai.
  4. Jules Desnoyers.
  5. Auguste Courtin de Torsay, ou son fils Charles Auguste.
  6. Michel Victor Ménager postule pour reprendre une ferme à Launay.
  7. Possiblement Pierre Jean Baptiste Jousselin, domestique, né en 1818 à Coutretot, commune où Michel Victor Ménager est recensé en 1866. Jousselin est marié depuis 1845 à Marie Jeanne Dordoigne.
  8. Pour les élections législatives.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Lundi 24 mai 1869. Lettre d’Eugénie Desnoyers (Nogent-le-Rotrou-Launay) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_24_mai_1869&oldid=40426 (accédée le 22 décembre 2024).

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